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- Tu sembles tendu, mi corazòn, remarque la mère de Chad dès qu'il rentre dans la cuisine en compagnie de Phœbé.

- Ne m'appelle comme ça, grommelle ce dernier, en fourrant ses mains dans les poches de son slim blanc.

Une des femmes, celle à qui il parle depuis le début, arque un sourcil et le considère silencieusement de ses prunelles brunes tandis que ses lèvres, peintes d'un sublime rouge, se retroussent.

- Mira a esa pequeña descarada, Marta. Está orgulloso porque su compañero está allí, pero hace años, vino a buscar consuelo aquí. Debería echarlo. [Regarde-moi ce petit insolent, Marta. Il fait le fier parce que sa compagne est là, mais des années auparavant, il venait chercher du réconfort ici. Je devrais le mettre à la porte.]

- Seguramente que entre estos últimos años y hoy, su pene ha crecido. Pero se olvida de que lo viste cuando tenía el tamaño de mi dedo meñique. [Sûrement qu'entre ces années passées et aujourd'hui, son pénis a grandi. Mais il oublie que tu l'as vu quand il a la taille de mon petit doigt.]

La mère de Chad ainsi que Marta, qui agite moqueusement son petit doigt, rigolent à gorge déployée sous son regard blasé. Rapidement, elles se calment et la mère de Chad se concentre sur Phœbé. Elle contourne le comptoir de la cuisine et vient lui faire la bise.

- Bonjour, Phœbé, la salue-t-elle de son fort accent espagnol. Je me présente : Natalia, la mère de cet imbécile.

L'Afro-Américaine se contente d'un timide sourire de peur qu'en affirmant le fait que Chad soit un véritable idiot ne lui plaise pas.

- Et là, poursuit-elle en montrant la femme toujours aux fourneaux ; c'est Marta, ma mère.

Cette annonce fait Phœbé froncer les sourcils. Marta, ressemble à peine à une femme de la quarantaine par sa conservation physique et pourtant, sa fille n'a pas l'air de dépasser les trente-cinq ans. Qu'elles soient sœurs serait plus plausible. De plus, si Chad a trois millénaires, elles doivent dater de l'époque des dinosaures.

- Tu sembles surprise, rigole Natalia.

- Je m'attendais à tout sauf à mère et fille, avoue-t-elle avec gêne. Peut-être sœurs, mais pas ça.

Les deux Sud-Américaines s'esclaffent puis Natalia détaille la jeune femme de haut en bas.

- Tu es très jolie, la complimente soudainement celle-ci. Laisse-moi te voir...

Sans aucune retenue, la femme pose ses mains sur ses fesses et la fait tourner sur elle-même, enfonçant Phœbé dans la gêne. Trop de tactilité tue la tactilité. Surtout qu'elles se connaissent à peine.

- Maman, râle Chad en tirant sa compagne contre lui par la taille. On ne tripote pas les gens de cette façon.

- Surtout elle, tu veux dire, braille-t-elle.

- Tu as tout compris, grogne son fils.

Un rictus espiègle se dessine sur son visage alors qu'elle dévisage le couple et la jeune femme en profite pour la détailler rapidement. C'est une femme de petite taille. Elle possède de longs cheveux bruns ondulés et de grands yeux parés de longs et épais cils. Contrairement à ceux de Chad, ils sont d'un brun foncé et ses traits ne s'apparentent qu'imperceptiblement aux siens. Quelle ingratitude de mettre un enfant au monde pour qu'il ne ressemble pas à sa mère.

- Bien, allez vous installer dehors avec les autres, somme Natalia. Le petit-déjeuner sera servi dans quelques minutes.

- Vous avez besoin d'aide, Madame ? demande poliment Phœbé.

- Puisque c'est si gentiment demandé, rit-elle.

La femme congédie Chad, lui promettant de bientôt lui ramener sa « chérie », et entraîne la jeune femme dans la cuisine avant de lui indiquer ce qu'elle doit faire : tartiner des tranches de pains grillés de tomates préalablement mixées. Ça ne semble pas être une tâche trop difficile. Elle se lave les mains.

- Alors que fais-tu dans la vie ? commence-t-elle suivant quelques minutes de silence.

- Je suis étudiante en comptabilité, répond Phœbé. C'est à domicile, mais c'est mieux que rien. Apparemment, c'est dangereux pour moi de sortir de son territoire, raille-t-elle.

- Tel père, tel fils, affirme Natalia. Son père m'a fait le même coup sauf que moi j'étais étudiante en médecine. Je suppose qu'il t'a littéralement enlevé comme un parfait gentleman, dit-elle avec sarcasme.

- On ne peut faire mieux en tant que galant, souffle la jeune femme.

La mère de Chad rigole légèrement et continue son interrogation sur des sujets banales. Elle laisse le silence revenir avant de le briser de nouveau, mais au vu de sa question, elle aurait mieux fait de ne pas y toucher :

- Alors, quand comptez-vous me faire de beaux petits enfants et de parfaits descendants ?

Phœbé se fige à cette interrogation. Des petits enfants ? Des descendants ? Elle a déjà du mal à accepter cette relation. À lui faire une confiance aveugle. À ne pas avoir un minimum de méfiance face à chacune de ses attentions. De ses actions. Elle n'assume pas ses sentiments envers lui qui, sois dit en passant, doivent être le résultat du syndrome de Stockholm. Et de plus, il lui cache des choses. Alors des enfants ?

- Vous savez, il lui en faudra tôt ou tard ? insiste Marta, derrière elle. C'est une responsabilité que vous vous devez d'accomplir et...

- Mesdames, les interrompt Phœbé en se tournant pour leur faire face ; avec tout le respect que je vous dois, cela ne vous concerne pas. Que j'ai des enfants ou pas avec Chad ne relève pas de votre responsabilité et si je devais en avoir ce ne sera pas par obligation. « Il lui en faudra », avez-vous dit ? Mes enfants ne seront pas des objets alors pesez vos mots.

À son grand étonnement, un énorme sourire naquit sur leur fine bouche.

- Bien, une jeune femme qui ne pèse pas ses mots ! Bienvenue dans la famille !

Perdue, elle n'oppose aucune résistance lorsque les deux femmes viennent lui faire la bise. Cette dernière l'ordonne de laisser tomber sa tâche et de prendre le plateau tandis qu'elle prend un énorme panier de viennoiseries et que sa fille saisit un énorme plat qui contenait des espèces de brioches.

- Suis-nous, nous allons te présenter à la famille. Et maintenant, c'est Natalia, plus de Madame entre nous !

Donc, elle vient de réussir un test ? Un test qui consiste à quoi au juste ? Dévoiler son franc-parler ? Sa fiabilité ? Prouver son absence de peur face à une louve qui se trouve être la mère de son « âme-sœur » ? Elle ne trouve pas. Pourtant, elle la creuse, sa petite tête. À la recherche d'un indice. Toutefois, elle doit abandonner lorsqu'elle arrive devant une table comportant au moins une trentaine de personnes. Comme le dit-on : famille nombreuse, famille heureuse.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant