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En sursaut, Phœbé se réveille et prend une profonde respiration. Son corps est couvert de sueur, son cœur semble prêt à s'échapper de sa poitrine et ses yeux s'affolent en scrutant chaque recoin de sa chambre. Que vient-il de se passer ? Faire des cauchemars n'est pas dans ses habitudes, même rêver. Ses nuits sont généralement sans rêve. Et ces yeux rouges ? Ceux du... ?

- Bordel de merde ! jure-t-elle la mâchoire crispée. Foutu prisonnier de merde !

Sa main attrape son oreiller et le balance sur le mur seulement, la chance n'est apparemment pas de son côté en ce début de matinée puisqu'il atterrit sur l'horloge offerte par sa mère et affichant quatre heures du matin. Pestant contre sa malchance, elle s'empresse de raccrocher l'horloge en priant pour ne pas avoir réveillé ses parents.

Certaine de ne pas se rendormir, Phœbé enfile un jogging, un débardeur et ses baskets. Au rez-de-chaussée, elle écrit un rapide mot sur un post-it et sort de la maison. Le ciel est encore sombre, et, même si elle essaie de passer outre sa peur, l'angoisse que ce loup apparaisse de la pénombre est bel et bien présente dans ses veines. C'est donc sur ses gardes que Phœbé fait le tour du quartier jusqu'à ce que le soleil commence à se manifester. Elle retourne chez elle et la bonne odeur de nourriture vient flatter ses narines. D'un pas jovial, elle rejoint ses parents dans la cuisine et lave ses mains avant de s'attabler.

- Je t'ai déjà dit de ne pas laver tes mains ici, rouspète sa mère en déposant une assiette de pancakes et un verre de jus d'orange devant elle.

Sa fille ne lui répond même pas, trop occupée à s'empiffrer.

- Sinon pourquoi es-tu allée courir de si bonne heure ? poursuit son père, la tête dans le journal du matin

- Mon sommeil s'est coupé et je ne réussis jamais à me rendormir dans ces cas-là.

Jay hoche la tête sans poser de questions sur la raison de ce réveil. Elle apprécie beaucoup cette façon d'agir de son père. Il ne pose jamais de questions si aucune perche ne lui est tendue ou si tout simplement, il s'aperçoit que l'envie d'en parler n'est pas d'actualité. Terminant son petit-déjeuner en quatrième de vitesse, Phœbé monte prendre sa douche et s'habille ensuite d'un jean déchiré légèrement retroussé, d'un crop top près du corps rayé blanc et gris avec sa paire de tennis blanche.

Comme la veille, c'est lui qui la dépose sur le parking et heureusement, il n'y a aucune trace de bus. Elle salue son père et s'engage dans l'allée de l'université. Les regards sur elle sont nouveaux. Ils ne présentent aucun mépris, aucun dégoût et aucune arrogance, non, c'est tout le contraire. Ils paraissent admirateurs, craintifs et envieux.

- OK..., marmonne-t-elle en resserrant sa poigne sur la lance de son sac à dos.

En rentrant dans le hall de l'établissement, elle croise la bande de la rouquine qui la fixe avec la même haine que depuis toujours, si elle n'a pas pris de l'ampleur. La sonnerie retentit sur le campus et tous les étudiants se rendent à leur salle de cours. Ce matin, Phœbé a cours de comptabilité générale avec Madame Stevens, une humaine des plus hypocrites qui semble plus apprécier la race lupine que la sienne.

L'étudiante prend sa place habituelle au fond de l'amphithéâtre et considère, avec lassitude, son enseignante faire son entrée. Sauf qu'elle n'est pas seule. Deux jeunes hommes à l'allure pour le moins affreusement banale l'accompagnent. Ils leur font face et bizarrement leurs regards, à tous les deux, se posent sur Phœbé. Ces regards ne durent pas plus de quelques secondes, mais les autres élèves, les ayant remarqués, suivent cette trajectoire et écarquillent des yeux en voyant que c'est elle que ces nouvelles venues dévisagent avec insistance. Mal à l'aise, elle se racle la gorge et tente tant bien que mal de se cacher derrière son indomptable crinière.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant