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Elle marche le long de la plage. Ses pas lents laissant des traces dans le sable. Ses hanches dans ce fin maillot rouge, bougeant au rythme sensuel de ses interminables jambes. Son buste caché dans ce large et court top, dévoilant légèrement son ventre. Ses bras écartés derrière elle, tenant un léger voile à l'imprimé exotique et volant au gré du doux vent. Son grand sourire faisant de l'ombre à ce grand soleil d'été. Et son regard pétillant de bonheur, finissant d'habiller son visage rayonnant.

Sa tête s'oriente sur la gauche et il s'aperçoit plus loin, agrippant entre ses doigts un appareil photo dirigé vers cette sublime femme. Celle-ci fronce les sourcils sans pour autant se départir de ce sourire et ses lèvres se meuvent sans qu'il ne puisse entendre le moindre mot.

En un flash, le décor disparaît et se voit remplacer par une prairie aux herbes sauvages et à l'harmonie florale. Du bleu. Du rouge. Du jaune. Du vert. Des centaines de couleurs pour un lieu relevant de l'imaginaire. Il tourne la tête dans tous les sens, mais ne voit rien jusqu'à ce qu'un rire résonne et qu'elle passe devant lui en courant. Son odeur lui parvient comme si elle est réellement là et lorsqu'il tend la main par réflexe, il ne fait que la traverser. Son regard s'attarde sur elle, l'observant passer sur un pont fleuri et entouré d'arbres puis elle s'arrête et se retourne. La jeune femme pose son regard sur lui seulement, il se rend rapidement compte que ce n'est pas lui quand son double défile à son tour devant lui. Une fois ce dernier à sa hauteur, il la saisit par les hanches et l'embrasse avec fougue.

Un second flash l'aveugle et cette fois-ci, le paysage est moins accueillant. Une sombre forêt étrangement silencieuse. Il la discerne plus loin en train de marcher comme à la poursuite d'une chose qu'il ne voit pas. Il la suit de près et soudainement, elle se stoppe avant de sourire et de s'accroupir. Elle tend la main dans le vide et à l'air de caresser quelque chose qui n'est pas visible à ses yeux. Ses lèvres se mettent à bouger de nouveau et il se concentre pour lire dessus. « Le jour où la mort sera, l'amour et la vérité naîtront ». Le visage fermé de Phœbé se pose sur lui avant qu'un doux sourire ne s'y installe et puis, plus rien.

✶❍✶

Les yeux de Chad s'entrouvrent petit à petit et découvrent son âme-sœur juste devant lui. Son front est collé au sien, son souffle chaud caresse son visage, son bras est posé sur sa côte et sa cuisse est remontée sur la sienne. Il pourrait se languir de cette position, mais cette phrase tourne en boucle dans son esprit. Cela fait plusieurs jours qu'elle fait des rêves et qu'il arrive à en intercepter quelques miettes. Au début, il n'a pas compris leurs origines, mais la donne a vite changé lorsqu'ils ont commencé à s'amplifier et que ce cri à glacer le sang a résonné dans sa tête.

Peut-être doit-il lui dire qu'il lui est, désormais, possible de lire dans ses pensées ? La deuxième phase dans l'acceptation de l'âme-sœur ? Une phase que Chad n'aurait pas cru passer avant des mois et des mois.

- Le jour où la mort sera, l'amour et la vérité naîtront ?

Il soupire et se concentre sur ce petit bout de femme qui, endormie, a l'air beaucoup moins sauvage. Sa main, posée dans le bas de son dos, la caresse doucement et en marmonnant des mots incompréhensibles, Phœbé lui tourne le dos. Ses fesses se pressent malencontreusement contre lui et il durcit sur le coup. Si cela continue ainsi, bientôt, il ne raidira rien qu'en la voyant.

Chad sort du lit, soudainement à l'étroit dans son caleçon, et se rend dans la salle de bain où il se glisse sous l'eau froide afin de faire descendre sa tension. Par pure flemme, il n'enfile qu'un simple pantalon et après avoir pris son ordinateur portable, il rejoint le bord de la piscine derrière la maison où est déjà installé Calum.

- Où est ta charmante compagne ? lui demande ce dernier alors qu'il s'attelle à s'informer des dernières nouvelles.

Il faillit sortir les dents, mais il se rappelle que son frère n'est pas ce genre d'individus malsains et lui répond :

- J'aurais eu une âme-sœur, je crois que je ne l'aurais pas lâché d'une semelle, rit son cadet.

- C'est facile à dire, se moque Chad. Mais lorsque la pression commence à monter, il le faut.

- Non, s'étonne soudainement Calum ; vous ne l'avez pas encore fait. Toi, ça fait un mois que tu es sain ? Sans compter tes quelques siècles de purification derrière les barreaux ?

Le concerné lui lance un regard en biais et son frère fait mine de fermer la fermeture éclair de sa bouche.

- N'empêche que c'est surprenant. Surtout avec ce...

Un second regard noir et il se tait pour de bon en ricanant comme un imbécile. Cela fait une éternité qu'il n'a pas eu l'occasion de parler à son frère alors il décide de laisser tomber son ordinateur et de lui dédier son attention. Une chose qu'il n'a pas eu l'occasion de faire lorsque Calum était plus jeune. Au bout d'un certain moment, la délicieuse odeur de Phœbé lui parvient, l'obligeant à se redresser sur son transat pour voir d'où elle provient et il n'a pas à chercher bien loin.

La jeune femme se dirige vers le mur face aux deux frères et porte une caisse pleine de bombes et de pinceaux. Natalia est à sa suite avec des seaux de peintures ainsi que les cinq petits louveteaux qui se démènent pour en apporter. Ils déposent tout en face du mur beige et après que la Sud-Américaine lui ait donné quelques directives elle s'en va, mais avant de totalement disparaître, elle lève ses deux pouces dans leur direction et sourit de toutes ses dents.

Chad roule des yeux et se reconcentre rapidement sur sa compagne, vêtue d'un jogging noir à l'allure d'un pantalon et d'un de ses sweat-shirts, faisant naître un sourire satisfait sur ses lèvres. La Californienne enfile un masque, un casque et des gants puis se saisit du long rouleau et commence par peindre le mur en blanc et n'attend pas longtemps avant de balancer un seau de peinture par-dessus.

- L'artiste en action, sourit Calum, l'air ravi. Et nous sommes aux premiers rangs ! Quel début de journée fantastique !

En effet, la journée semblait commencer parfaitement jusqu'à ce qu'un horrible parfum aux senteurs familières s'infiltre dans ses narines. Une senteur qui ne dit rien qui vaille. Tant qu'il espère que ce ne soit qu'une illusion. Seulement, ce rire gracieux aux sonorités hypocrites vibre dans l'air signe de sa réelle présence. Et lorsque Chad jette un coup d'œil à son frère qui lui-même le dévisage avec le même étonnement, il en est certain. Kélya est là.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant