🌕||{13}||🌕

35.2K 3.2K 303
                                    

Réticente, Phœbé demeure immobile de très longues minutes avant de prendre son courage à deux mains pour avancer sur cette route entourée de bois morts et qui semble sans fin. Le ciel grisâtre est à peine discernable et pas un bruit ne vient briser ce silence pesant. Ne pas paniquer. Ne surtout pas paniquer. Ne surtout pas céder à la panique. La jeune femme expire bruyamment, essayant, en vain, de garder contenance.

La voie qu'elle croit incommensurable se termine nette sur un sentier rocailleux, boueux et qui paraît abandonné. La pluie tombant faiblement depuis son arrivée s'amplifie quelque peu alors que dans des buissons non loin, des iris sang apparaissent. L'orage gronde et un éclair s'abat violemment sur le sol lorsque, d'un pas menaçant, il se rapproche.

- Puis-je savoir ce qu'il t'a pris ? s'enquiert-il en dissimulant lamentablement sa fureur dans une voix calme.

La jeune femme ne répond pas et reste silencieuse, non seulement parce qu'il risque de péter les plombs s'il entend ses motivations, mais aussi, car elle risque de bégayer comme une idiote.

- Tu m'as reconnu. Tu as compris. Et pourtant, tu t'es enfuie... Tu m'as fui...

Cette phrase, ces mots semblent refléter un sentiment que la jeune femme n'arrive pas à déterminer. Tristesse ? Douleur ? Colère ? Elle doute que ce soit les deux premiers.

- Je te repose une dernière fois la question, poursuit-il d'une voix posée représentant aux yeux de Phœbé le calme avant la tempête. Puis-je savoir ce qu'il t'a pris ?! rugit-il subitement.

La jeune femme sursaute au haussement de ton de l'homme, orchestré d'un second éclair plus féroce et d'un déchirement plus puissant dans le ciel. La pluie s'intensifie et chacune de ces gouttes s'écrase durement sur elle. Que répondre ? Que faire ? L'étudiante, ayant toujours le mot pour fermer le clapet, ne se sent pas capable d'affronter l'animosité de celui se trouvant face à elle et attendant une réponse de sa part.

- Réponds-moi ! ordonne-t-il. Où étais-tu ?! Où es-tu ?! Et pourquoi empestes-tu de la sorte ?! Qui a osé te toucher ?!

Il disparaît et l'instant d'après, il se retrouve juste devant elle. Comparé aux autres fois, son visage n'est pas dissimulé et Phœbé en profite pour le détailler de plus près. Ses traits, déformés par la colère, sont accentués par les gouttes perlant sur son visage et les éclairs qui s'y reflètent régulièrement. Tout chez lui peut s'apparenter à un monstre pourtant, il reste terriblement beau. Une parfaite façon de cacher toute cette folie, toute cette agressivité. Sa grande main empoigne son cou, la contraignant à relever sa tête, et sa mâchoire se contracte en ne percevant que de l'impassibilité sur ses traits.

- Crois-tu que je n'aie rien d'autre à faire que de poursuivre une chose qui m'appartient ?!

- Allez donc faire ce que vous avez à faire et foutez-moi la paix, articule Phœbé.

- Te foutre la paix ? répète-t-il, au bord de l'explosion. Je partirai de Los Angeles avec toi, de gré ou de force. Je n'ai pas de temps à perdre.

- Je refuse d'être l'âme-sœur d'un malade, dit-elle avec hargne.

Le rouge de ses prunelles devient plus vif et sa poigne autour de son cou se resserre sans pour autant l'étrangler, sans pour autant lui faire mal. Toutefois, cela suffit à lui procurer un sentiment de méfiance vis-à-vis de lui.

- Un malade ? rit-il doucement. Je ne suis pas fou, Mía, juste légèrement déjantée sur les bords. Et cela, reprend-il ; tu n'imagines même pas à quel point.

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant