Un cœur à la mer

二十一 : La Salle des ventes d'Esclaves

Chisei courait.

Elle avait choisi de ne pas faire appel à l'Amiral Kizaru. D'une part parce qu'elle se souvenait des remarques de Garp quant au sens de la justice divers des Amiraux, d'une autre parce qu'elle ne lui faisait pas confiance. Elle se savait assez forte désormais pour affronter ceux qui géraient la vente aux enchères.

Elle accéléra.

Sans problèmes, la jeune femme était parvenue à obtenir l'adresse d'une salle. L'intimidation avait suffit pour que les voyous du grove avouent. Une salle dans laquelle des personnes innocentes allaient être achetées. Cela lui retournait l'estomac.

Vite. Il fallait faire vite.

Elle se stoppa devant une bâtisse immense, avec un toit en dôme, des alcôves et des colonnes. Pour un lieu accueillant des actes illégaux, il était très visible. Une pancarte au-dessus de l'entrée indiquait "HUMAINS".

Chisei sentait la bile monter en elle, répandant un goût amer sur sa langue. Ils n'avaient donc aucune honte, à afficher ainsi le malheur que procurait leur épouvantable entreprise ?

Quels qu'ils soient, ceux qui dirigeaient cette activité infâme allaient tâter de ses dagues, elle se le jurait.

Elle pénétra dans le grand bâtiment, fixant d'un regard noir tous ceux qui tentaient de l'arrêter. Comme frappés par la foudre, les hommes de main du "patron" reculaient, apeurés par cette beauté menaçante.

La jeune fille, contenant sa colère, poussa les grandes portes donnant sur une salle de théâtre. Des spectateurs plus ou moins étonnants avaient les yeux tournés vers la scène, sur laquelle se tenait un homme, haranguant les personnalités présentes. Sous les projecteurs, ses cheveux gris devenaient blancs, ses lunettes en étoile camouflant mal un regard avide.

Quel homme perfide... pensa Chisei, indignée.

Ne sachant trop comment procéder pour libérer tous ceux qui étaient menacés de perdre leur liberté, elle promena ses yeux dorés sur les sièges, reconnaissant çà et là quelques possesseurs de Fruit du Démon. Deux personnages, Eustass Kidd et Trafalgar Law, respectivement capitaines des équipages du Kidd et du Heart, faisaient partie des gens dont le visage avait été appris par la demoiselle.

Je dois surveiller ces deux-là. En plus d'être des pirates, ce sont les mangeurs de fruits puissants, notamment l'un des deux qui possède le Fruit Ultime. songea-t-elle.

Tandis qu'elle cherchait d'autres poteurs de pouvoirs, un bocal avait été tiré sur la scène, contenant une...

- Et la voici, celle que vous attendez tous ! hurla le commentateur. La magnifique, la sublime, la rarissime... sirène ! Sa mise à prix démarre à 70 000 000 de berries !

Les acquéreurs avaient une mine envieuse, perverse, tandis que le visage terrorisé de la pauvre créature marine, confinée dans ce ridicule bocal, sapait toutes les résolutions de prudence de Chisei.

- Arrêtez immédiatement ! exigea-t-elle, montant précipitamment aux côtés de la sirène prisonnière.

Les personnes présentes, qui patientaient ici dans l'espoir d'acheter la femme-poisson, se mirent à huer la jeune femme, geignant et demandant des explications, souhaitant que la vente reprenne. Seuls les pirates la fixaient d'un air intéressé, comme sortis de l'ennui.

- Qui es-tu toi ?! Montre-moi ta tête ! cria l'homme dans son micro.

- Ne t'en fais pas, je vais t'aider. murmura la ninja à la jolie sirène. Je m'appelle Chisei, et toi ?

- C... Camie. bredouilla celle-ci, perdue par ce revirement de situation.

- Eh bien Camie, quand je t'appellerai, n'hésites pas à sortir de ce stupide aquarium et à t'agripper sur mes épaules. C'est d'accord ?

- O-Oui ! assura-t-elle, ses cheveux vert flottant autour d'elle.

- Ne m'ignore pas en plus ! beugla le commentateur, furieux.

Lentement, la belle ninja se retourna, faisant face à cet ignoble individu avec grandeur, lui jetant un regard glacial. 

- Qui... qui es-t...

Sans savoir comment, il se retrouva suspendu, ses pieds ne touchant plus le sol, la poigne de Chisei le retenant par le cou.

- Mais qu'est-ce qu'elle fait ?! Aidez-moi ! Bougez-vous, capturez-la ! cria-t-il, terrifié par l'allure cauchemardesque de la demoiselle.

Mais personne ne vint. Les hommes de main avaient disparu dès qu'elle était entrée dans la pièce et tous les clients s'étaient enfuis, mis à part les deux capitaines pirates, amusés de la situation.

- Finalement, on se marre bien ici ! s'esclaffa l'homme aux cheveux rouges, Eustass Kidd.

Le commentateur pâlit. Il tourna le visage vers Trafalgar Law, espérant un quelconque soutien, mais celui-ci affichait un rictus moqueur, détruisant les maigres espoirs de cette ordure.

- Qui est responsable de cette salle de ventes ? demanda Chisei, raffermissant sa prise autour du cou de sa victime.

- Elle... elle appartient à Don Quichotte Doflamingo ! couina-t-il.

- Je sais. Son emblème maudit est partout sur les murs. gronda-t-elle. Je veux savoir qui est l'enflure qui tient et organise ces ventes illégales, celle qui reçoit ses ordres de Doflamingo en personne.

- C'est... c'est moi. déglutit-il difficilement.

- Alors tu vas payer. 

- Non, att...

Soudain, les portes closes se fracassèrent contre les murs, répandant un nuage de poussière dans la salle sombre.

- Camie ! On est venus te chercher ! cria une voix.

Lorsque Chisei vit à nouveau correctement, elle distingua un garçon, un chapeau de paille devenu célèbre sur la tête.

- Monkey D. Luffy... le petit-fils de Garp. souffla-t-elle, oubliant quelque peu son prisonnier.