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- Vous ne bougez pas de cette voiture, somme Phœbé, en se retournant pour la énième fois vers la voiture.

- Ouais, ouais. Maintenant, presse-toi, je n'ai pas que ça à faire.

- C'est étrange, vous dites toujours ça, mais vous ne faites jamais rien à part rester cloîtré dans votre bureau ou alors me surveiller.

- Et que crois-tu que je fasse dans mon bureau ? réplique le jeune homme.

- Regarder les vidéos surveillances qui y sont installées pour garder le contrôle sur votre meute ? hypothèse-t-elle. En tant que maniaque du contrôle, cela vous ressemble bien.

Au travers du pare-brise, elle discerne un faible sourire se dessiner sur ses lèvres. Il sourit beaucoup pour un malade. Quoique ce genre de sourire soit digne des plus grands cinglés. Elle devra faire attention et ne pas laisser ses airs de gentil petit Alpha la berner. Il faut noter que Chad, l'Alpha suprême, est allé en prison. Et un loup aussi puissant n'y va pas sans raison.

Faisant volte-face, elle emprunte la ruelle habituelle, monte les escaliers et souffle le mot de passe qu'Izïa lui a appris avant de sauter dans le toboggan. Quand elle atteint le sol, tous les yeux convergent vers elle.

- Phœbé ! s'écrie une voix familière avant qu'on ne lui saute dessus. Tu es en vie ! Tu t'es enfuie ? Tu... Tu...

- Izïa, calme-toi. Personne ne s'est enfui, je suis juste venue récupérer mon téléphone, déclare-t-elle

- Ah, dit-elle l'air déçu. Il est dans ma tente. Viens, ordonne-t-elle en lui attrapant la main.

Dans son acheminement, le regard de la jeune femme s'attarde sur une personne qu'elle reconnaît comme étant Lauri. Son visage est boursouflé, son bras se trouve dans un plâtre, un bandage recouvre son nez et des traces rouges sont perceptibles autour de son cou. Brutalement, elle se défait de la poigne qu'exerce Izïa sur sa main et se dirige à grandes enjambées vers le jeune homme. Il tente de faire demi-tour lorsqu'il l'aperçoit, mais c'était trop tard.

- Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? l'interroge Phœbé en attrapant son menton afin de regarder son visage sous tous les angles et de constater l'intégralité des dégâts.

- Tu aurais pu me dire que tu es l'âme sœur d'une de ces bêtes, lui reproche-t-il sèchement.

- Et pourquoi ça ?

- Je ne t'aurais jamais approché, crache-t-il en se dégageant. Tu es l'une des leurs et tu n'as pas ta place dans ce refuge.

Impassible, la jeune femme le considère. Souvent, elle oublie pourquoi elle n'établit pas plus de liens amicaux et là, elle s'en rappelle parfaitement. L'amitié n'existe pas. L'amitié n'est qu'une chose de plus exigée par la société pour y être intégrée. La plupart faussent. La plupart remplies d'hypocrisies. La plupart se finissant par un rejet dû à la jalousie, au dégoût ou tout simplement à une incompréhension totale de l'autre.

Tisser des liens. Tenter d'avoir de la compassion. Essayer de s'inquiéter pour autrui. Ce n'est pas pour elle et il le lui fait très bien comprendre. Elle le remercie d'ailleurs pour cela. Lui remettre les idées en place. Elle en a cruellement besoin.

- OK, finit-elle par dire avec indifférence avant de lui tourner le dos et de rejoindre Izïa qui la conduit à son téléphone.

Elle pourrait reprocher à la jeune femme d'avoir prétendu que Chad ne ferait rien alors que c'est le parfait contraire qui s'est produit, mais en fin de compte, elle s'en fiche. Faire des efforts ? Plus jamais, elle n'a pas le temps pour ces conneries. En regagnant la ruelle, elle découvre Chad affalé sur le capot, les mains sous la nuque et les yeux collés sur le ciel bleu. Il y en a qui sont très à l'aise.

- C'est bon ? questionne-t-il en se redressant.

Elle acquiesce et tandis qu'elle approche de la voiture, il l'inspecte de haut en bas, un sourire en coin venant soulever la commissure de ses lèvres.

- J'aime bien quand tu portes mes vêtements, admet-il en l'analysant de manière appuyée, trop appuyée.

- C'est la dernière fois surtout, marmonne-t-elle. Et gérez vos yeux, gronde-t-elle ; je ne suis pas Bambi.

- Tu es plus intéressante qu'une malheureuse biche, Mía.

- Dois-je comprendre que je suis le prochain dîner de votre loup ? raille-t-elle en prenant place sur le siège passager.

Chad fait de même et met le contact avant de tourner son visage vers elle.

- Peut-être pas un simple dîner. Peut-être plus qu'un simple repas.

Son regard sang émerge une fraction de seconde, assisté d'un sourire carnassier. Phœbé soupire et roule des yeux. Qu'il est bête...

𝐴𝑟𝑡𝑒́𝑚𝑖𝑠 : 𝐿𝑒 𝐶𝒉𝑎𝑛𝑡 𝑑𝑒𝑠 𝐿𝑜𝑢𝑝𝑠 [𝑇𝑂𝑀𝐸 𝟣]Where stories live. Discover now