IL FALLAIT QUE JE TE RENCONTRE

XXXVI

Mon studio était parfait, tellement parfait que Gayoung voulait venir emménager avec moi pour la vie.
Il y avait une petite salle de bain avec une douche, une cuisine avec un mini salon/ salle à manger à côté et une chambre beaucoup plus grande que j'imaginais. Le meilleur endroit restait bien évidemment la chambre: il y avait une baie vitrée sur toute la largeur qui donnait accès à un petit balcon qui lui-même donnait sur un des parcs de la ville et c'était juste parfait de se réveiller ici chaque matin.

J'avais eu 15 jours pour tout préparer avant la rentrée à l'université. Puisque le studio était déjà meublé, j'avais seulement eu besoin d'acheter un lit, deux trois affaires, j'avais aussi dû faire les courses toutes les semaines et acheter toutes les fournitures nécéssaires pour la rentrée. En plus de ça, nous avions toutes les deux fait le tour des cafés qui étaient aux alentours de l'université pour trouver un job pour l'année.

Gayoung avait dormi deux fois chez moi et avait essayé de m'aider au studio quand elle en avait le temps mais comme elle était aussi très occupée, j'étais plus souvent seule et j'utilisais mon temps libre pour faire le ménage ou organiser tout ce qu'il me restait à faire.

Pourtant, même avec ces milliards de choses qu'il me restait à faire, j'avais vu Jun tout les jours. Puisqu'il avait encore des entraînements avant la rentrée, il passait deux fois par jour devant chez moi. Au fil du temps je connaissait ses horaires d'entraînement et je guettais son arrivée par la fenêtre.

Pas une seule fois il n'avait levé la tête vers ma fenêtre, non, il marchait toujours sans ralentir ni accélérer mais en regardant toujours droit devant lui.

Un jour, j'avais fait exprès de descendre les poubelles pile au moment où il arrivait dans la rue, mais il n'avait pas décroché ses yeux de son téléphone et se contenta de me contourner avant de continuer à marcher calmement.

Une autre fois, et par pur hasard, je le croisa en descendant pour aller faire des courses. Pour éviter qu'il ne passe sans me remarquer, j'osa même appeler son nom; chose que je n'aurais pas dû faire car il me répondit hautainement qu'il était pressé et qu'il n'avait pas de temps à perdre. Et comme les fois précédentes il n'y eu pas un regard, pas un seul.

La veille du début des cours, quand il rentrait de l'entraînement, je m'étais décidée à retenter une approche pour commencer l'année universitaire sur de meilleures bases. Je m'étais montrée plus insistente que les fois d'avant et je lui avais tenu le bras pour le retenir quelques instants, mais c'est la même phrase qu'il me donna comme "excuse" tout en retirant violemment son bras de mon emprise.

Son comportemement me faisait énormément de mal et ça me consumait à petit feu. Tout avait changé complètement, à 360.
Avant il me regardait tellement dans les yeux que ça me mettait mal à l'aise; maintenant ce qui me mettait mal à l'aise c'était qu'il me prenne pour un élément du décor. Avant il me disait qu'il voulait me voir tout les jours, maintenant il m'ignore et ça dure depuis plusieurs semaines. Avant il disait que j'étais sa faiblesse et qu'il ne pouvait plus se passer de moi, maintenant il me répond méchament quand bien même il me réponds.
On dit que le mal passe avec le temps, mais j'ai l'impression que ça empire. Sa froideur brûle mon coeur et glâce mes larmes qui coulent chaque soir. 

Comme je voyais que son comportement envers moi ne s'améliorait pas même plusieurs semaines après le début des cours, je decida d'avoir une vraie conversation avec lui. Malgré la haine qu'il avait envers moi, tout ça me pesait et il fallait vraiment que je mette tout au clair. L'occasion parfaite se présenta en début d'après-midi quand il sortit du vestiaire après son entraînement. Quand je m'approcha d'eux, Jun me vit et leva les sourcils, déjà excédé, avant même que je ne lui parle. Jaejin qui était avec lui me salua et s'eclipsa (bien que Jun essaya de le retenir en disant que ça ne durerai pas longtemps)
-"On se voit ce soir chez toi." dit-il en me checkant avant de partir