XXXIV- 3

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Aujourd'hui ça fait maintenant deux mois que je suis rentrée en France et rien n'a changé depuis mon arrivée ici. Le froid s'était complètement installé, le ciel était maintenant constamment gris, le vent était glacial et la nature devenue morte avait retiré toutes les feuilles de chaque arbre. Je n'avais pas revu beaucoup de monde non plus car ils sont tous occupés contrairement à moi. Même si je passe beaucoup de temps à faire ces foutues heures de conduite, mes journées sont loin d'être pleines et je passe beaucoup de temps chez moi, seule, à pensant à mon avenir. Et pour l'instant, tout ce que je sais de mon avenir c'est qu'il est flou et le restera tant que je serai ici.
J'ai toujours les mêmes pensées négatives en me réveillant le matin et toujours les même quand je m'en vais me coucher. Je ne suis pas à ma place ici et ça me consume de rester ici. Tout me manque de cette petite partie de ma vie que j'ai passée en Corée et même si j'avais Gayoung au téléphone tout les jours, ça n'égalait pas le fait d'y être vraiment. C'est comme si j'avais été au summum de la belle vie et que j'étais rescendue d'un coup, 20 étages plus bas.

Je ne sens plus rien. Je ne pense pas que cela soit physiquement possible pour moi d'être heureuse sans lui. Ça peut paraître stupide et j'ai toujours détesté les personnes qui font tourner leur bonheur autour d'une seule personne mais tu dois comprendre qu'il a été la seule personne qui m'a fait sentir ce qu'était le bonheur en réalité, pas seulement la joie, mais le bonheur.
Avant j'attendais chaque jour avec impatience parce j'allais sûrement le voir, j'allais sûrement recevoir un gentil message de sa part. J'attendais surtout le week-end, car on allait sûrement sortir ensemble, n'importe où.
Mais maintenant je ne sais pas de quoi je peux être excitée, je ne sais plus ce que je peux faire de moi. Tout ce que je sais, c'est comment sentir la souffrance, comment pleurer et que je me fais pitié.
Je ne sais pas comment me sentir heureuse, et personne ne peut comprendre, littéralement personne, ne peut comprendre à quel point je souffre, à quel point je ne peux plus le supporter.
J'ai sans cesse l'impression que mon coeur est arraché de mon corps et le pire c'est que je sais que ça ne redeviendra jamais comme avant.
C'est si dur de vivre comme ça, d'être sans émotions, vide tout la journée, tous les jours et agir comme si je connaissais une cure à cette maladie alors que la seule cure que je connaissaise, c'était lui.

Il calmait mes maux avec ses mots mais maintenant je n'avais plus personne pour m'aider à le faire. Tout les jours je pensais à lui et j'aurais pu tout donner pour le revoir même qu'une seule seconde. Je ne dormais même plus quand il pleuvait car les gouttes qui venaient s'écraser contre le velux de ma chambre me faisaient penser à lui. Je me disais qu'on regardait sûrement au même endroit en même temps, que malgré tous les facteurs qui nous séparaient, on regardait le même ciel.

Baby, there's no tomorrow, everyday is yesterday.

J'avais envie de pleurer tout les jours au moment où Gayoung décrochait le téléphone et qu'elle était sur le point d'aller dormir alors que je venais de commencer ma journée. Et tout les jours elle me disait qu'elle détestait ce craquement dans ma voix qui lui donnait l'impression que je m'apprêtais à éclater en sanglots.
Tout ça me rappellait combien j'étais loin d'elle et à quel point nos vies n'étaient plus réglées sur le même fuseau horaire comme elles avaient pu l'être il y a encore quelques temps.

Elle est toujours celle qui parlait le plus quand nous étions au téléphone car elle avait beaucoup de choses passionnantes à me raconter contrairement à moi qui passait toujours les mêmes journées.
Même si j'enviais celles que Gayoung passait, j'était toujours heureuse de l'entendre me les raconter en détail car elle n'avait pas changé ses habitudes et voyait souvent Jun et Jaejin. Elle comprenait exactement mon "lien actuel" avec lui et bien que c'était un sujet sensible, elle savait qu'en en parlant de lui pendant cinq minutes à chaque appel, elle me renderait un des petits sourires que j'avais perdu depuis deux mois.
Au moins ça me faisait du bien de repenser aux bons moments qu'on avait passé ensemble. Parfois je la laissais me raconter les quelques rares paroles qu'ils avaient partagés à mon sujet. Elle m'avait avoué que Jaejin et elle évitaient ce sujet quand Jun était présent mais que, quand bien même, mon prénom venait à être prononcé, Jun ne montrait plus rien: il restait de marbre, comme si ils parlaient d'une personne lambda qu'ils avaient croisés dans la rue.
Une seule fois elle avait envoyé Jaejin lui demander où il en était sentimentalement parlant par rapport à moi et il avait répondu sans un moment d'hésitation, et avec le plus grand calme, qu'il n'y avait aucune ambiguïté, que tout était clair pour lui et qu'il s'était complètement trompé à mon sujet et sur ses sentiments. Mais même si certaines choses étaient difficiles à entendre, je préferais les entendre que de ne plus avoir de nouvelles de lui.

-"Il n'a toujours pas répondu à tes deux emails?" demanda Gayoung à travers le téléphone
-"Non, et puis de toute façon il ne les a peut-être jamais ouverts."
-"Je suis désolée chérie. Qu'est-ce qu'il peut être borné celui-là quand il s'y met!"
-"D'un côté c'est bien qu'il m'ait oublié, je suis contente. Au moins, il ne souffre pas à cause de moi."
-"Et toi alors? Tu en es où par rapport à lui?"
-"..."
-"Toujours amoureuse de lui à ce que vois." déduit-elle de mon silence
-"Malheureusement."
-"Ça s'oublie pas en deux mois."
-"Lui a réussi."
-"C'est un homme Iris, un homme ça a de la fierté. Et encore plus quand quelqu'un le fait souffrir."
-"Je l'ai merité de toutes façons."
-" Tu sais que je détestes quand tu dis des choses comme ça!! Tu as rien mérité du tout, c'est tes parents qui voulaient que tu rentres. Tu allais faire quoi? Leur dire que tu étais tombée amoureuse d'un garçon à presque 1000 kilomètres de chez toi? Ça aurait changé quoi? Rien, tu serais quand même rentrée, alors dis pas que c'est de ta faute."
-"J'aurai peut-être dû l'annoncer à Jun la dernière fois qu'on s'est vu au lieu de le dire par appel visio, c'était lâche."
-"À son anniversaire? Il aurait eu un mauvais souvenir de ses dix-neuf ans et tu t'en serais voulu encore plus. Au moins il a gardé un bon souvenir de ces derniers moments que vous avez passés ensemble. Et puis au final, il t'en aurais quand même voulu parce que le résultat reste le même: tu es plus avec nous."
-"Je te jure Gayoung que ça me manque trop tout ça. Toi, tes parents, Jaejin, tout le monde... vraiment, je suis pas bien sans vous."
-"On se reverra bientôt, laisse moi juste économiser pour le billet d'avion."riait-Gayoung
-"Toi oui, mais tu ne peux pas ramener tout le reste avec toi dans l'avion."

-"Alors c'est à toi de revenir !"

IL FALLAIT QUE JE TE RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant