XXI

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Je voulais protester et lui expliquer qu'il ne fallait mieux pas nous laisser ensemble, mais Jun prit directement la route et elle, ne voulait rien entendre, partit sans dire un mot.

Notre mission était d'aller voir le gardien de la forêt et d'aller lui chercher les clés des douches collectives.

Jun partit aussitôt vers la forêt sans même s'assurer que je le suive.
Il ne m'avait jamais énervé jusqu'à aujourd'hui, je crois même que depuis mon arrivée dans ce pays, je ne m'étais jamais énervée.

C'était tellement gênant d'être seule avec lui alors que nous ne nous parlions plus depuis plusieurs heures.
J'esperai qu'il s'arrête et qu'il vienne vers moi, ou simplement qu'il tourne la tête pour vérifier que je le suivais toujours. Mais sa rancune surpassait tous les records, et ce fut tout le contraire. C'est comme si plus rien n'existait à part lui et sa petite fierté.

Le silence était extrêmement pesant, mais je ne voulais pas céder, je ne lui parlerai pas de toute la semaine si il le fallait. C'était tellement agaçant et imconpréhensible; j'avais envie de m'excuser alors que je n'avais rien fait du tout. J'étais persuadée qu'il devait se dire la même chose dans sa tête puisqu'il était du genre très borné, têtu et plein de fierté.
À chaque pas qu'il faisait sans me regarder ni me parler, il m'énervait un peu plus. Je commençais à me rendre compte qu'il pouvait avoir deux faces: le Jun gentil et le Jun fièr.

Pendant ces longues minutes, la seule attention qu'il me portait c'est qu'il tenait les branches pour que je puisse passer entre-elles sans me griffer ou me faire mal.

On s'engouffrait dans la forêt depuis au moins une heure sans rien trouver et le ciel commençait à s'assombrir. Je me décida enfin à prendre sur moi et à lui adresser la parole:

-"On devrait peut-être rentrer maintenant, ça fait longtemps qu'on est parti et on a toujours pas trouvé."
-"Tu peux rentrer, moi je continue à chercher."me répondit-il sèchement

Il n'avait donc aucuns remords, pas même un soupçon d'humanité. En l'imitant, je partis en lui tounant le dos:

-"Pauvre con!"
-"Qu'est-ce que tu as dis?"
-"Pauvre con!"répétais-je

Au loin je l'entendis crier: "Ouai c'est ça, vas-t'en avant que ça se passe vraiment mal entre nous."
Cette fois je ne répondis pas et continua de marcher tout droit sans lui répondre, ni répliquer, ni échanger un regard avec lui.

Je ne trouvais aucuns sentiers, pas même des indications sur les arbres habituellement destinées aux amateurs de randonnée. Jun avait sûrement trouvé intelligent de couper dans les buissons -se croyant plus malin que tout le monde- mais il avait simplement réussi à nous éloigner du camp, à nous perdre et à m'énerver.
J'avais son comportement en travers de la gorge. Comment pouvait-il être susceptible après avoir eu ce comportement plus tôt dans la journée? Je revoyais la scène de quelques instants plus tôt et regrettais de ne pas lui avoir crié plus fort dessus.
Mon esprit de contradiction était puissant ce jour là, car, malgré son comportement, j'aurais préféré être toujours avec lui en ce moment même: la nuit était complètement tombée et je commençais à avoir peur toute seule. J'étais du genre à me faire peur toute seule en m'imaginant tous les scenarios possibles et imaginables.

J'essayais tout les chemins qui partaient d'où j'étais pour essayer de retourner au camp; en vain. Je ne reconnaisais rien du tout puisque pendant tout le chemin allé, je suivais Jun la tête baissée entrain de ruminer mon énervement. J'avais l'impression de m'éloigner encore plus ou alors de tourner en rond et de revenir au point de départ.

IL FALLAIT QUE JE TE RENCONTREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant