IL FALLAIT QUE JE TE RENCONTRE

XXVIII

Ils formaient tous les trois un groupe assez cliché, il y avait un homme petit et enrobé, un 'normal' et un autre grand et très maigre. Quand je les vis marcher, je pris peur et évita leurs regards.
Il avaient leurs chemises soit ouvertes soit mal boutonnées, complètement saouls et ils tenaient leurs bouteilles d'alcool à la main alors qu'ils marchaient de travers.
Malheureusement nos regards se croisèrent et ils s'approchèrent dangereusement de moi. Je me décala vers la droite en glissant sur le muret tout en essayant de rester naturelle sauf qu'ils m'avaient dans leur ligne de mire. Deux se sont assis à ma droite et ma gauche alors que l'homme enrobé se plaça juste en face de moi.

-"Salut toi. On ne t'as jamais vu dans le quartier."me dit l'un en prenant une de mes mèches de cheveux en l'enroulant autour de son index.

J'essaya de descendre du muret sans leur répondre mais ils me bloquèrent complètement en mettant leurs jambes sur les miennes et en tenant mes bras dans mon dos.

-"Vu que tu as l'air pressée, on va faire vite."dit l'autre en montant sa main le long de ma cuisse.
-"Lâche moi tout de suite! "le menaçais-je

En réponse, je reçu une claque. Ça y'est, ça avait commencé! J'essayais de crier le plus fort possible pour que quelqu'un vienne. Mais l'un me mit la main devant la bouche. Sa main sentait extrêmement fort l'alcool et le tabac ce qui me donnait des étourdissements.
Je ne pouvais pas bouger, je ne pouvais pas crier, je pouvais seulement sentir leurs mains sur moi et entendre leurs paroles sales.

-"Ça m'a toujours excité les filles en uniforme, pas vous les gars?"

Je me débattais sans arrêt, je criais même si personne ne pouvait m'entendre, je bougeais même si au final je ne bougeais même pas d'un centimètre. Je pleurais.
L'homme à ma droite mit sa tête dans mon cou pour y déposer un baiser qui m'écoeura au plus haut point. Ils avaient des têtes d'imbéciles mais depuis qu'ils avaient leurs mains sur moi, il froncaient leurs sourcils et avaient tous un sourire pervert en me regardant.
Ne pouvant vraiment plus supporter, je mordis la main qu'il y avait devant ma bouche avant de reçevoir une claque de nouveau; je sentais ma joue chauffer sans même pouvoir la toucher.

-"Tu va te calmer et tu vas nous laisser finir."dit un autre homme en m'administrant une nouvelle claque du même côté

J'en pouvais plus, ils me touchaient de partout et je ne pouvais rien faire. Je m'en voulait tellement de ne pas pouvoir me défendre. Je décida de fermer les yeux très fort jusqu'à en voir une lumière blanche pour pleurer sans rien voir. Je les entendais rigoler, parler de mon odeur ou de mes cheveux; je sentais leurs mains pressées contre ma peau alors qu'ils caressaient chaque centimètre de mes jambes; mais au moins je ne voyais pas la tête qu'ils faisaient en m'agressant. Au moins, je ne voyais pas ma propre aggresion.

Soudain j'entendis plusieurs bouteilles se casser faisant un bruit abominable. Par reflexe je me boucha les oreille et je remarqua que plus personne ne bloquait mes mains. Au bout de quelques secondes je deigna enfin ouvrir les yeux et essuya mes larmes pour voir ce qu'il se passait devant moi.

Jun.

Jun était arrivé et avait mit terme à cette horreur. Il les frappait sans s'arrêter pour reprendre son souffle, sans me regarder. C'était bien la seule fois que j'étais 'contente' de le voir se battre.
Mon soulagement fit finalement ressortir ma peur et j'éclata de nouveau en sanglots en me laissant glisser le long du muret avant de m'écrouler sur le sol froid, logeant ma tête dans mes bras, ramenant mes jambes près de mon buste. En relevant la tête de nouveau, je vis les 3 hommes s'excusant auprès de Jun "C'est bon mec, on savait pas qu'elle avait quelqu'un!" avant de partir en rigolant. Ils avaient beaucoup trop bu pour se battre et encore plus pour se rendre compte de ce qu'ils avaient fait. Jun les regardait partir avant de venir vite vers moi. En le voyant aussi inquiet j'avais honte de ne pas avoir su m'en débarrasser seule.