Chapitre 86

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Kai

Je ne réalisais pas encore. Elsa, enceinte ? Je la connaissais depuis sa naissance et avais l'impression que tout était passé si vite... Je ne pouvais m'empêcher de revoir sa mère enceinte d'elle vingt cinq ans auparavant, paraissant déjà se soucier de l'avenir de son bébé.

« M'sieur, nous devrions commencer à tout installer dans l'jardin pour d'main... Il n'devrait pleuvoir ni c'soir ni cette nuit, ça nous laisse l'occasion d'être prêts en avance. »

J'essayais de le dissimuler comme je le pouvais mais au fond, des dizaines de questions m'assaillaient. Elsa était très sérieuse et j'avais toujours été persuadé qu'elle suivrait les lignes directrices soigneusement tracées par ses parents sans jamais s'en éloigner, contrairement à sa sœur. Mais je m'étais trompé. Aucune des deux jeunes femmes ne marchait dans les pas d'Iduna et d'Agnarr.

« M'sieur ? »

Elles s'étaient émancipées des traditions, les brisant les unes après les autres et faisant selon leur volonté. J'avais du mal à les comprendre, préférant me réfugier dans des règles depuis longtemps établies.

« M'sieur vous m'entendez ? »

Je me tournai vers le jeune homme qui me parlait. C'était un des nouveaux domestiques. Je ne connaissais même pas son nom, je ne m'y étais jamais intéressé. Aucun d'entre eux ne m'inspirait confiance désormais, moi qui avais régulièrement l'habitude de me confier auprès de Gerda autrefois.

« Faisons ce que vous avez dit, répondis-je en réalisant enfin ce qu'il m'avait proposé.

— Vous êtes sûr ? Vous n'avez pas l'air... »

Je lui lançai un regard noir.

« Très bien, parfait... » fit-il, comprenant qu'il n'avait pas à me remettre en cause.

Il termina d'essuyer l'assiette qu'il tenait, la rangea dans un placard et sortit de la cuisine, accompagné des autres domestiques qui étaient là. Je les regardais faire, incapable de bouger et de revenir à la réalité.

« Qu'est-ce que tu fabriques ? Ne reste pas planté là, on a besoin de toi. »

C'était la voix de Gerda qui venait de résonner dans ma tête. Elle m'avait dit cette phrase tellement de fois quand je lui semblais perdu dans mes pensées, préoccupé par tous les problèmes quotidiens auxquels nous devions faire face. Et maintenant que j'attendais bêtement dans la cuisine, je l'entendais encore me le reprocher. Je réussis à refouler momentanément mes questionnements sur Elsa et allai rejoindre les autres domestiques.

***

Malgré le soleil de début d'après-midi qui baignait tout le royaume, le jardin, lui, était très bien ombragé. Tous les domestiques du château s'affairaient, comme des fourmis, les uns portant les bancs où s'asseraient les invités dans un coin un peu plus reculé, là où se déroulerait la cérémonie, sous une jolie arche recouverte de lierre et de fleurs rose et blanches spécialement confectionnée pour l'occasion par notre jardinier, les autres portant tables et chaises au centre du jardin où tout le monde s'installerait pour le déjeuner. Je vins alors aider à disposer les tables en forme de U.

« Où doit-on placer la reine et le futur roi ?

— A part bien sûr.

— Comment ça à part ? Il ne faut surtout pas les séparer de leurs convives, c'est très mal poli !

— Mettez leur table au centre et accolez-la aux autres par ses extrémités, ordonnai-je. N'oubliez pas, il ne faut pas disperser la famille royale. Le futur roi Kristoff et la reine Anna doivent être au centre mais sa sœur Elsa doit être à ses côtés, à sa gauche de préférence.

La Reine des Neiges 3Όπου ζουν οι ιστορίες. Ανακάλυψε τώρα