Chapitre 48

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Yéléna

« Que comptes-tu faire ?

— Je ne sais pas.

— Le contraire m'aurait étonné... Tu n'as jamais été capable d'agir !

— Parce que tu m'en as empêchée ! »

Silence.

« Je n'ai pas confiance en toi, reprit mon père.

— Tu aurais dû pourtant...

Peu importe ! Tes choix nous ont toujours conduits au malheur !

— Je n'y suis pour rien !

Bien sûr que si ! Tu reproduis le même schéma que par le passé alors que tu sais pertinemment que cela va mal finir !

— Qu'est-ce que tu en sais au juste ?

Mais regarde-la ! Elle est libre ! Beaucoup trop libre ! Tu la laisses s'enfuir tranquillement vers ses semblables pour qu'elle puisse mijoter la vengeance de son grand-père auprès des siens !

— Et alors ? Que peut-elle faire qui puisse m'effrayer ? Rien.

C'était aussi ce que je croyais en compagnie de Runeard. Mais on ne peut pas faire confiance à ces gens-là. Depuis qu'elle est ici, rien ne va plus. Nous avons déjà perdu trois esprits. Qu'attends-tu pour réagir ? Qu'elle nous prive également de notre honneur ? Ne t'en fais pas, c'est en bonne voie avec ce qui est en train de se produire entre Honeymaren et elle. »

Je me tus. Trois esprits. Déjà.

***

« Ça va, bien dormi ? »

Je me réveillai en sursaut, écarquillant les yeux. Silja était entrée dans ma tente et repliait soigneusement des vêtements que j'avais laissé malencontreusement traîner dans un coin.

« Eh bien c'était... étrange, répondis-je en me massant les tempes.

— Etrange ? Moi j'aurais plutôt dit « croustillant » avec ce que j'ai pu entendre.

— Comment ça ?

— Tu parlais dans ton sommeil chérie. »

Je poussai un grognement, non pas d'agacement mais de lassitude.

« Un autre esprit a disparu n'est-ce pas ? demandai-je en ne quittant pas mes pieds des yeux.

— Oui.

— Lequel ?

— Celui du feu. »

Je soupirai.

« Il y a déjà plusieurs heures de cela Yéléna, reprit la vieille femme. Mais comme tu n'es pas sortie de cette maudite tente, tu n'as pas pu t'en rendre compte.

— Je ne supporte plus le soleil et sa chaleur écrasante.

— Il fait pourtant tout aussi chaud là-dedans.

— Peut-être. Mais au moins je n'ai plus besoin de subir ses rayons brûlants et éblouissants », rétorquai-je.

Il y eut un court moment de pause. Silja vint s'asseoir sur le bord de mon lit.

« Tu devrais mettre le nez dehors. Tu commences à délirer », me reprocha-t-elle.

Je levai les yeux au ciel.

« Si je viens, tu me laisseras enfin tranquille ? » soupirai-je.

Mon amie sourit et acquiesça.

***

La Reine des Neiges 3Where stories live. Discover now