Chapitre 42

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Anna

Samedi. Enfin. Cela faisait quatre jours que j'attendais ce moment. Ce soir, je serrerai de nouveau Kristoff dans mes bras et reverrai Elsa que je n'avais pas pu voir depuis une éternité. Ils me manquaient tellement.

Je venais de me lever, et pourtant, je me sentais à bout de forces. L'absence de Kristoff avait été plus difficile à supporter que je ne l'avais tout d'abord pensé. Je ne m'étais pas sentie aussi seule dans le château depuis mon enfance, depuis que j'avais été séparée d'Elsa. La sensation d'errer, sans véritable but, dans les couloirs du palais m'était alors revenue brutalement en mémoire durant le séjour du jeune homme dans la forêt enchantée.

Je levai les yeux vers le miroir de la coiffeuse en face de moi. Je grimaçai en y découvrant mon reflet. Je ne reconnus pas vraiment la jeune femme que le miroir me renvoyait. La partie de moi toujours pétillante, joyeuse, dynamique et optimiste semblait s'être évaporée et laissait place à une Anna à la peau pâle et terne, aux joues légèrement creusées d'épuisement et aux cheveux emmêlés. J'attrapai un peigne posé devant moi en soupirant et tentai de mettre un peu d'ordre dans ma coiffure. A chacun de mes passages, les nombreux nœuds que formaient plusieurs de mes mèches semblaient de plus en plus difficiles à défaire. Après plusieurs minutes d'efforts acharnés, je finis par réussir à former un joli chignon bas tressé – le même que lors de mon couronnement.

Ma coiffure étant terminée, j'essayai de cacher mes cernes et mes joues creuses avec un peu de maquillage. Satisfaite du résultat, je finis par poser délicatement ma couronne dans mes cheveux. Je me regardai de nouveau dans le miroir. C'était mieux mais ce n'était pas moi. Ce n'était pas ce à quoi je voulais ressembler mais c'était ce que l'on attendait d'une reine.

Je me levai et me dirigeai vers la porte de ma chambre. Avant de l'ouvrir, je me retournai une dernière fois. Tout était là. Rien n'avait changé. L'immense lit à baldaquin, la cheminée, le grand tapis, la penderie, les murs rose pâle... Cette même chambre que je partageais autrefois avec Elsa. Celle que j'avais toujours gardée, étant bien trop attachée à mes souvenirs d'enfance. Je souris en me revoyant jouer sur ce même tapis avec ma sœur.

***

« Elsa ! Fais-moi une jolie fée ! »

Mon aînée s'exécuta, sa langue sortant légèrement de sa bouche sous l'effet de la concentration. Une magnifique petite créature ailée faite de glace apparue en quelques secondes entre ses petits doigts enfantins. Je la saisis immédiatement.

« Merci ! » fis-je, surexcitée.

Tenant à bout de bras le jouet qu'avait fabriqué ma sœur, je le fis voltiger au-dessus de ma tête en poussant des « pfiouuu » pour imiter tant bien que mal le bruit du vent. Elsa se mit à glousser.

« Attends, je vais lui construire une petite maison ! dit-elle en se mettant immédiatement à la tâche.

— Bonne idée ! » lançai-je.

Je la regardai faire. Au bout de quelques instants, après l'apparition de la maisonnette de neige sous mes yeux, je croisai les bras et retroussai légèrement mon nez. Quelque chose n'allait pas.

« C'est trop blanc à mon goût, remarquai-je. Un peu de couleurs ça ferait plaisir ! »

Elsa me regarda d'un air interrogateur. Je me mis à farfouiller dans la boîte de jeux derrière moi et en ressortis un petit récipient.

« Tadam ! criai-je fièrement.

— Qu'est-ce que c'est ? demanda ma sœur.

— Des paillettes. Tu vas voir, ça va être magnifique ! »

La Reine des Neiges 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant