Chapitre 51

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Anna

Je sortis en courant de la chambre, pieds nus et à peine vêtue, et me précipitai à travers les longs couloirs du palais. Je dévalai quatre à quatre les marches de l'escalier menant au rez-de-chaussée et me jetai sur la porte massive aux énormes battants qui donnait sur la cour.

« Anna ! Anna, attends ! »

Kristoff m'appelait. Mais il était trop loin encore. La curiosité et l'inquiétude me poussaient à aller voir ce qu'il se passait dehors. J'entrouvris la lourde porte et me glissai discrètement à l'extérieur. Bien que ce fusse la nuit, une chaleur épaisse qui comprimait la poitrine et les poumons de tous ceux qui s'aventuraient au-dehors régnait dans l'atmosphère. Il faisait sombre ; tous les lampadaires étaient éteints et personne ne pouvait y remédier. Je devais me contenter de la lumière blanche de la Lune qui dominait le ciel dépourvu de nuages. Sa lueur blanchâtre se réverbérait sur les fenêtres du château, rendant impossible toute tentative d'épier ce qu'il se passait à l'intérieur. Avec un peu de chance, ce mystérieux individu voleur de cheval n'avait pas pu nous voir, Kristoff et moi, guettant ses moindres faits et gestes. J'avançai silencieusement, craignant de me faire surprendre. Mes pieds nus caressaient la surface lisse des pavés de la cour. Ils dégageaient lentement la chaleur accumulée durant la journée, si bien que je ne pouvais rester au même endroit trop longtemps, de peur de me brûler.

« Qu'est-ce que tu fais ? »

Je sursautai et lâchai un petit cri avant de me retourner vivement.

« Tu m'as fait peur ! Ne me refais plus jamais ça ! » chuchotai-je en voyant Kristoff derrière moi.

Il lança un regard désespéré vers mes pieds et soupira.

« Tu es complètement folle.

— Oui bon je me suis peut-être un peu précipitée. Mais tu me connais, je veux voir ce que cette personne trame et potentiellement l'arrêter.

— En robe de nuit ?

— Eh bien... euh... j'improviserai ! »

Je pris la main du jeune homme et nous traversâmes prudemment la cour ainsi jusqu'à l'écurie. On avait pris soin de refermer sa petite porte en bois. Je poussai lentement cette dernière, laissant entrer les rayons de la Lune à l'intérieur. Un cheval – le mien – redressa la tête, certainement à nouveau perturbé. Cependant, il n'y avait plus personne. Seul un box vide m'assurait que nous n'avions pas rêvé, que cet individu avait bel et bien existé et n'avait pas été inventé de toute pièce par notre imagination.

« C'est quand même bizarre... chuchotai-je en refermant la porte de l'écurie.

— Que cette personne se soit enfuie dans la nuit ? Moi je trouve ça normal. Généralement lorsque l'on commet un crime, quel qu'il soit, on évite de rester sur son lieu en portant autour du cou une pancarte disant « allez-y arrêtez moi », me taquina Kristoff.

— Haha très drôle ! ironisai-je. Non, ce que je veux dire c'est pourquoi voler un cheval et ensuite tout remettre en ordre et prendre la peine de fermer la porte derrière soi alors que l'on sait pertinemment que ce vol ne passera pas inaperçu ? »

Le jeune homme haussa les épaules, incapable de répondre à ma question. Soudain, les bruits de sabots revinrent. Ils semblaient à peine plus lointains que précédemment.

« Les pavés ! Il est toujours sur les pavés ! Il n'a pas quitté le village ! m'enthousiasmai-je. Suis-moi ! »

Je me mis alors à courir, ignorant la douleur que les pierres jonchant une grande partie d'Arendelle infligeaient à mes pieds nus. Je faillis me tordre la cheville à plusieurs reprises, manquant de m'étaler de tout mon long sur le sol à cause de cet élan d'excitation. Kristoff me rattrapait in extremis en agrippant mon bras par l'arrière, tout aussi impatient que moi de découvrir qui se cachait derrière tout cela. Nous traversâmes quelques rues, prêtant à peine attention à ce qui nous entourait. Je me stoppai soudainement dans ma course folle et m'immobilisai au milieu d'une allée. Le jeune homme qui me suivait de près se cogna de plein fouet contre moi, surpris de cet arrêt.

La Reine des Neiges 3Where stories live. Discover now