Chapitre 55

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Bien cachée dans le fourré dans lequel Éléna s'était jetée quelques minutes plus tôt, la jeune femme entendit le premier son de cloche qui signifiait le départ des chasseurs et le début de la chasse. Terrorisée, elle se recroquevilla davantage sur elle-même et se mit à pleurer en silence. Elle ne devait surtout pas faire de bruit ! Même si elle avait peur, même si elle sentait des insectes courir le long de ses jambes nues, même si elle mourrait de froid, elle ne devait surtout pas se faire repérer. Il ne fallait pas que les hommes sussent qu'elle se trouvât là, tapie dans l'ombre, dans ce coin des bois, sans quoi, elle mourra rapidement dans d'abominables douleurs et atroces sévices physiques.

Soudain, Éléna sursauta bien malgré elle et elle manqua de lâcher un cri lorsqu'elle entendit des chiens aboyer. Oh non ! Les chasseurs étaient accompagnés de chiens ! Mais quelle horreur ! La jeune femme se rendit compte qu'elle n'avait absolument aucune chance de survivre à cette nuit. Autant, elle pouvait compter sur la chance pour échapper aux hommes, mais personne ne parvenait à échapper aux chiens ! Ils avaient un flair à toute épreuve et ils ne tarderaient pas à conduire les bêtes sauvages qu'étaient les hommes jusqu'à elle.

Elle ravala difficilement un sanglot bloqué au fond de sa gorge, puis elle ressentit un violent coup dans son abdomen ; elle venait d'être secouée par la peur. Les nausées et une envie de vomir refirent parler d'elles la seconde qui suivit. Bon sang ! Ce n'était ni le lieu, ni le moment de rendre !

Les pas de course des hommes bottés et leurs chiens se rapprochèrent d'Éléna qui ne pouvait pas rester cachée dans le buisson. Les chiens la sentiront et l'attaqueront avant de la déchiqueter en petits morceaux... Il se peut même qu'ils la dévorassent ensuite...

La blonde sortit le plus précautionneusement du monde de dessous le buisson épineux et le plus silencieusement possible, puis elle se remit à trottiner en regardant constamment par-dessus son épaule sans vraiment savoir où aller. Elle se dirigea tout droit, avec l'espoir de trouver un refuge, une cachette ou un arbre qu'elle pourra escalader sans contrainte ; jusqu'à preuve du contraire, les chiens ne montaient pas aux arbres et les hommes ne pourraient pas la flairer perchée à plusieurs mètres au-dessus du sol.

Elle courut, s'écorcha les chevilles ainsi que les jambes nues et la morsure du froid lui flagellait le visage, sans compter qu'elle avait pleuré. Ses larmes restèrent figées sur son visage meurtri. Malheureusement, les prédateurs et leurs canidés se rapprochaient d'elle et la jeune femme ne trouva pas un tronc assez large et un arbre assez haut pour s'y cacher. Elle continua de courir au hasard, puis elle s'immobilisa quelques secondes lorsqu'elle entendit les hurlements déchirants de l'une des femmes qui suppliait ses bourreaux pour qu'ils la laissassent en vie. Des bruits de chair déchiquetée et des rires gras résonnaient dans le silence de la nuit.

Éléna prit sur elle pour ne pas éclater en sanglots pourtant, elle ne demandait qu'à pleurer, qu'à éclater en larmes. Elle se remit à courir en priant en son for intérieur et de toutes ses forces pour qu'elle s'en sortît. Ce n'était pas le fait de mourir qui l'effrayait, mais le fait d'être torturée, d'avoir mal jusqu'au plus profond de sa chair avant de pousser son dernier soupir. Elle ne voulait pas souffrir le martyre et elle avait peur, car cela lui était inconnu. Les coups, les claques et les actes de violences de Mark n'étaient pas aussi douloureux que de se faire dévorer vivante par une meute de chiens enragés et sans doute affamés sous les regards de leurs maîtres qui prenaient plaisir à chasser de pauvres innocentes ; elle en était sûre.

Éléna remarqua, dans la pénombre, un amas de branches et un buisson assez épais. Elle s'y engouffra. Les épines acérées lui lacérèrent le visage, la peau du cou, des bras, la poitrine, les cuisses, les jambes, chaque partie nue de son corps y passait. Elle serra les dents et s'engouffra davantage dans le buisson de houx. Elle craignait que l'odeur de son sang n'attirât les chiens, mais elle priait aussi pour que ses bêtes, qu'elles fussent canidés ou hommes, trouvassent d'abord les filles avant elle. Même si cela était cruel de le penser, Éléna priait pour que les chiens trouvassent les autres filles et se repurent d'elles et qu'elles n'eussent plus faim pour la dévorer.

Mafiosnyy OrelDonde viven las historias. Descúbrelo ahora