Prologue

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— Tu vas la fermer ta putain de gueule ! Je ne veux plus t'entendre ! J'en ai marre de t'entendre geindre pour rien ! J'en ai plein le cul de t'entendre chouiner pour un rien ! Ferme-la !

L'homme au regard noir abattit violemment sa main droite à l'arrière du crâne de sa jeune épouse qui gisait à terre, déjà bien amochée par ses démonstrations de tendre affection qu'il lui témoignait régulièrement. L'enragé qualifiait les coups qu'il portait à sa femme en ces termes. Selon lui, le degré d'une bonne caresse s'évaluait au son que produisait le claquement de ses doigts et de sa paume sur la peau de sa compagne et s'il y laissait l'empreinte de ses doigts, alors cette dernière pouvait s'estimer heureuse d'être aimée par son époux.

— Pitié, Mark, tu me fais mal ! Arrête ! Je t'en supplie !

— Regarde, Éléna ! Regarde ce que tu m'obliges à te faire ! tempêta le tortionnaire en postillonnant. 

Il était tellement en colère, que les veines de son cou et de son front étaient si gonflées qu'on dirait qu'elles s'apprêtaient à exploser.

Si seulement...

— C'est de ta faute ! C'est de ta faute si je dois te frapper, Éléna ! C'est toujours de ta faute ! Tu n'as que ce que tu mérites, Éléna, tu m'entends ! Tu n'as que ce que tu mérites et ce soir, tu mérites que je te corrige !

À peine eut-il prononcé ces mots, que Mark enchaîna aussitôt en administrant un nouveau coup, suivi d'un autre et encore un. Un douzième venait de s'abattre sur le corps meurtri de sa femme. Cette dernière se redressa et s'adossa contre le mur situé en haut de l'escalier du hall avant de se recroqueviller sur elle-même. Éléna avait cessé de compter les gestes de tendre affection de son mari après qu'il lui ait infligé le treizième coup.

Mark battait Éléna pour la troisième fois de la semaine.

Quelle étincelle avait déclenché ce torrent de haine et cette tempête de coups violents ? Une idiotie, une broutille comme à chaque fois. Aujourd'hui, un gratin de légumes légèrement trop grillé sur le dessus en était la cause. Une heure plus tôt, après qu'Éléna ait sorti le plat du four pour le déposer sur la table de la cuisine, Mark avait estimé que la couche de fromage était légèrement trop épaisse, ce qui risquait de gâcher le goût des aliments, sans compter les deux minutes de cuisson en trop. Cependant, la véritable raison de son excès de violence trouvait ses origines dans le fait que cette ordure était de la pire espèce qui puisse exister et qui, une fois de plus, avait bu le verre de trop.

À défaut de dîner, Mark avait souhaité battre sa femme, son défouloir parfait, afin de se vider la tête. Sa journée avait été éreintante. Et puis, son épouse ne rendait pas les coups, ne bronchait pas et se laissait faire. Pourquoi s'en priverait-il ? Mark aimerait pouvoir cogner sur certains de ses clients qui lui tapaient sur le système, mais pour des raisons évidentes, il ne le pouvait pas. L'homme préférait une proie plus faible et plus fragile pour laisser libre cours à son imagination sordide afin d'être sûr de ne pas recevoir les coups qu'il donnait. Il se disait fort, mais il était faible et lâche, comme tous les hommes qui levaient la main sur leur compagne.

La pauvre Éléna se trouvait recroquevillée au pied du mur après avoir subi une énième séance de torture de la part de son tortionnaire de mari. Néanmoins, cette saloperie veillait à ne jamais toucher son visage. Il prenait soin d'administrer ses châtiments corporels sur les parties invisibles de son épouse, tel que son ventre, ses cuisses et son dos, éventuellement sur l'arrière de sa tête quand il ne parvenait pas à se contrôler, dans le but que les marques de son amour, comme il aimait les appeler par ironie, ne se voient pas.

Mafiosnyy OrelWhere stories live. Discover now