Mafiosnyy Orel

Chapitre 48

Éléna resta consignée dans sa chambre jusqu'en début de soirée. Tant mieux. De toute façon, elle ne voulait voir personne, encore moins ce gros porc pervers disgracieux. Elle n'avait pas réussi à avaler la moindre bouchée du dîner que Nikita lui avait fait monter et pourtant, il était succulent ; là, se trouvait sa seule qualité : il possédait un excellent cuisinier. Les aigreurs d'estomac et les nausées ne l'avaient pas quittée. Éléna se demanda si son hôte ne l'avait pas empoissonnée. Après tout, elle était destinée à mourir entre ces murs et il n'était pas improbable que Nikita cherchât à l'éliminer à petit feu. En remarquant le plateau plein que Nikolaï ramenait en cuisine, Nikita était monté lui-même à l'étage pour réprimander fortement la jeune femme sans lever la main sur elle, avant de lui ordonner de se préparer pour la soirée.

Elle avait revêtu une magnifique robe fourreau, offerte par son geôlier, en soie blanche dont le bustier drapé soulignait la ligne de ses épaules grâce à des petites manches qui retombaient sur le haut de ses bras. La jupe était fendue sur le côté gauche, offrant ainsi la vue sur sa jambe lorsqu'elle marchait. Le vêtement offrait également, pour ceux qui poseront leurs yeux sur elle, un décolleté dorsal qui s'arrêtait sur ses reins, juste au-dessus de ses fesses. Dans d'autres circonstances, la jeune femme se serait trouvée magnifique, mais pas ce soir. Elle savait pourquoi elle était habillée de la sorte ; Nikita voulait qu'elle plût à un nombre important d'hommes en vue qu'ils sortissent le plus d'argent pour l'avoir. Elle n'était qu'une marchandise.

La jeune femme prit place sur le bord de son lit à baldaquin, releva le bas de sa robe et attrapa sa cheville droite pour enfiler un escarpin argenté ouvert et lacé sur le coup-de-pied, avant de procéder de même avec le pied gauche, puis on frappa à la porte qui s'ouvrit sur Nikita. Encore. Comme s'il ne pouvait pas la laisser tranquille. Non. Cela était également une ruse de ce sale type. Il n'envisageait pas de laisser le moindre répit à sa prisonnière.

L'homme vulgaire et sale se tenait péniblement appuyé sur sa canne, soufflant comme un buffle ; il éprouvait du mal à respirer correctement, compte tenu de son poids et de ses problèmes de santé, dont un souffle au cœur. Nikita portait un élégant costume noir et une chemise blanche. Il n'avait pas mis de cravate, mais un nœud papillon. Malheureusement, il n'avait pas pris de douche avant d'enfiler ses vêtements propres et il puait. L'exercice physique, aussi infime fût-il, le fatiguait beaucoup. Il venait de monter l'escalier et était en nage.

Éléna se demanda si Roman s'exécutait convenablement quand il lavait cet homme...

— Lève-toi, que je t'admire ! ordonna le geôlier en dévorant des yeux sa captive qui s'exécuta nonchalamment. Tu es vraiment magnifique ! Tu es tellement belle que je pourrais t'empailler et t'exhiber dans le hall d'entrée. Tu es tellement magnifique ! Je vais commander un tableau de toi nue et je l'exposerai dans ma chambre !

La jeune femme ne répondit rien et se contenta de se pincer la bouche tout en hochant la tête.

— Tiens, j'ai un autre cadeau pour toi.

Nikita lui tendit une petite boîte en velours bleu qu'elle saisit timidement. Elle l'ouvrit et découvrit une paire de boucles d'oreilles en diamant en forme de goutte d'eau. Elle n'avait jamais porté de véritables diamants, ni de véritable bijou d'ailleurs, hormis son alliance qu'elle avait enlevée une semaine après avoir atterri chez Kazimir. Elle n'avait pas pu se résoudre à la jeter, car on ne jetait pas les bijoux, mais elle l'avait rangée dans le tiroir de sa table de chevet, là où le mafieux avait rangé des lanières en velours qu'il avait utilisé bon nombre de fois sur elle. Une nuit, alors qu'elle dormait profondément, il avait noué ces liens autour de ses poignets pour les maintenir attachés entre eux contre les barreaux du lit et en avait profité pour lui donner un second assaut. En y repensant, la jeune femme sourit, mais le criminel le prit pour lui.