Chapitre 11

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Le lendemain, sur les coups de huit heures trente, la jeune femme sortit de son sommeil sans rêves après avoir reçu un texto de son mari ; la sonnerie l'avait extirpée de sa torpeur. Éléna tendit son bras en direction de la table de chevet en veillant à ne pas réveiller Marya qui dormait à poings fermés. Elle s'empara de son mobile et s'empressa de lire le message.

Je passe la soirée avec une vraie femme. Je ne veux pas te voir à la maison avant demain matin, huit heures. Tu iras acheter des viennoiseries et tu me prépareras un petit-déjeuner digne de ce nom. J'attends de toi à ce qu'il soit bon et, bien sûr, avant de me servir, tu devras être présentable. Dormir dehors deux fois de suite n'aura pas dû arranger ta sale tête. Sois à l'heure, huit heures tapantes. Ne me déçois pas, Éléna. Ne me force pas à te corriger. Mark

Le message violent de son mari lui provoqua un pincement douloureux au cœur. Mark n'éprouvait aucune honte à lui dire qu'il allait passer la soirée et la nuit avec une autre femme, sous leur toit et dans leur lit. Dans le fond, même si cela arrangeait Éléna d'être trompée, quand Mark ne la trompait pas, il la battait, cela la blessait, car c'était une autre forme de violence dont elle était victime.

Cet homme était vraiment une pourriture immonde.

Éléna versa une larme qu'elle essuya rapidement avant de reposer son mobile sur la table de chevet.

— Hum... gémit Marya en s'étirant de tout son long. Salut, Beauté, qu'est-ce qu'il y a ? Ce connard de Mark fait parler de lui ? Il a encore fait des siennes ? Comme ça, dès le matin, devina-t-elle sans aucune difficulté.

La blonde hocha la tête en se pinçant la bouche pour ne pas pleurer.

— Il ne veut pas que je rentre ce soir. Il invite sa maîtresse chez nous. Par contre, il veut que je rentre demain matin, à huit heures, avec des viennoiseries. Monsieur veut que je lui prépare son petit-déjeuner.

Bien qu'elle avait l'habitude de se faire insulter, humilier, rabaisser et mettre à l'écart par son époux, il n'en demeurait pas moins qu'Éléna éprouvait systématiquement une profonde tristesse et un sentiment d'abandon à chaque fois que Mark la rejetait. Elle ne s'était jamais sentie importante aux yeux de quiconque et ce sentiment négatif contribuait à la mauvaise image que la jeune femme avait d'elle-même ; elle souffrait d'un complexe d'infériorité et n'avait aucune confiance en elle.

À chaque tentative ou action qui mettait Éléna en valeur, Mark intervenait toujours pour la rabaisser, avant de lui faire des remarques déplacées sur son physique.

Le pire souvenir qu'elle en gardait et qu'elle n'était pas prête d'oublier, était le soir de leur premier anniversaire de mariage. Éléna avait passé l'après-midi entier à concocter un délicieux dîner. Elle s'était faite encore plus belle pour l'occasion, en revêtant un ensemble rouge et noir composé d'un bustier en dentelle transparente qui laissait voir ses seins, d'un tangua qui mettait en valeur ses fesses et un porte-jarretelles qui tenait des bas noirs affriolants. Elle avait passé une robe noire dont la fermeture Éclair se trouvait devant et non derrière, pour pimenter un peu la soirée. Elle avait même chaussé une paire de talons aiguilles noirs. Après avoir servi le plat principal, elle avait joliment dressé le dessert, une crêpe fourrée à la crème Chantilly, décorée de fraises et de sucre glace. Selon elle, il n'y avait pas de plat plus romantique pour terminer un repas en amoureux en beauté, que celui de déguster des fraises et de la crème Chantilly.

Tout en débarrassant la table, Éléna avait pris soin de baisser la fermeture Éclair de sa robe jusqu'à dévoiler sa poitrine recouverte de dentelles, puis elle s'était penchée sur Mark. Ce dernier avait tourné la tête nonchalamment pour plonger directement dans le décolleté de sa femme. Il lui avait alors demandé ce qu'elle était en train de faire. Éléna avait répondu qu'elle tentait de le séduire et ce dernier, ordure de son état, lui avait rétorqué si elle croyait que sa tentative de séduction fonctionnait. Déçue par l'attitude de son mari, la jeune femme avait répondu que non, puis Mark avait surenchéri en lui indiquant que son corps potelé et ses seins asymétriques ne l'excitaient pas du tout, voire le dégoûtait. Il avait rajouté qu'elle aurait pu faire un effort sur la qualité du repas et sur sa tenue, car elle ressemblait à une traînée.

Mafiosnyy OrelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant