- Non ! Pas ton père ! Allah, mon Seigneur, ton Seigneur et celui de ton père !

La fille s'étonna, elle ne comprit pas comment l'on pouvait adorer une autre divinité que son père. Le pharaon en fût informé. Il s'étonna lui aussi d'avoir dans son palais quelqu'un qui adorait autre que lui. Il ordonna de se soumettre à lui. Elle refusa.

Pharaon l'emprisonna et la tortura. Mais elle ne céda pas. Il ordonna un jour de faire bouillir de l'huile dans une grande marmite, qu'il fit mettre devant elle. Elle se dit alors qu'elle n'avait qu'une seule âme et qu'il était peut-être temps pour elle de rencontrer son Seigneur !

Pharaon était si cruel qu'il voulait pousser la perversité à son summum. Il eut l'idée de faire venir ses cinq enfants. Ils étaient tout ce qu'elle possédait dans cette vie, ils étaient les pauvres orphelins pour qui elle travaillait tant !

Les enfants se suivaient les uns les autres. Ils ne savaient rien de ce qui les attendait. Ils regardaient tout autour d'eux sans trop comprendre ce qui se passait. Quand ils virent leur mère, ils coururent se serrer contre elle.

Elle les rassembla dans ses bras et commença à les embrasser. Elle prit ensuite le plut petit, son bébé et lui donna le sein.

Pharaon ordonna de plonger l'ainé dans l'huile. Les soldats le prirent, il se débattait, criait et suppliait Pharaon, en vain. Il fût jeté dans l'huile sous le regard de sa mère et de ses frères.

Son corps disparut dans ce bouillon puis ses os réapparurent à la surface.

Le Pharaon se tourna alors vers sa mère et l'interrogea :

- C'est qui ton Dieu maintenant ?

Elle lui répondit avec toute l'assurance d'une croyante :

- Allah ! Allah !

Furieux, il ordonna de faire de même avec son deuxième enfant. Les soldats l'enlevèrent des bras de sa mère et le poussèrent dans l'huile. Ses os se mélangèrent à ceux de son frère.

Devant le refus de la mère de changer de religion, Pharaon ordonna de tuer le troisième, puis le quatrième enfant. Celui-ci était encore très petit et il avait affreusement peur. Il se collait contre sa mère qui s'efforçait de le garder encore un peu. Elle voulait encore le sentir une dernière fois.

Son regard se fixa sur lui pendant qu'il le poussait dans ce bain d'Enfer, ils n'avaient aucune pitié. Son petit corps disparut lui aussi. Elle ne pouvait le quitter du regard, les larmes coulaient sur ses joues, il venait de la quitter pour l'autre monde.

Pendant un moment, elle s'était laissée emporter par ses souvenirs. Elle n'avait plus dans son esprit que son image, les moments passés ensemble, les nuits passées à son chevet, ses jouets, ses premiers mots, ses habits ...

Puis les soldats vinrent vers elle. Son esprit revint soudainement à la cruelle réalité. Ils s'en prirent au cinquième et dernier enfant.

Il n'était encore qu'un bébé, ils l'arrachèrent du sein qu'il tétait. Il cira et se mit à pleurer. La mère ne put s'empêcher de pleurer et de le retenir encore un peu.

C'est alors qu'Allah le fit parler, il dit :

- Ô mère ! Endure cette épreuve ! C'est toi qui a raison.

On le jeta avec ses frères dans l'huile bouillante. Son corps s'était vite dissolu, il avait encore le lait de sa mère dans la bouche, ses cheveux dans les mains et ses larmes sur les habits.

Ses fils venaient de partir les uns après les autres vers leur Seigneur. Les restes de leurs petits os flottaient encore dans l'huile.

L'odeur de leur chair se faisait sentir, ses chers enfants n'étaient plus. Elle avait le coeur meurtri. Des années de bonheur s'envolèrent d'un coup, elle aurait pu garder ses enfants auprès d'elle.

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