- 3 juin 2023, Sofia-
« Je ne me sens pas à l'aise dans la monoplace...
- C'est dans ta tête, Charles. Continue. » Affirme Xavi.
Les yeux fixant l'écran, je suis en train de bouillir de l'intérieur. Je ne sais pas ce qui me retiens de ne pas foutre une patate dans la tronche de Xavi, qui ne semble pas se préoccuper de la situation. Charles ne va pas bien. Il n'est pas ok, et j'ai la vague impression que Xavi s'en fout royalement. Mon mec est en train de dégringoler dans le classement et tout le monde s'en moque. Je suis en train de devenir folle...
Le chronomètre se stoppe et Charles passe la ligne d'arrivée avec 2 secondes de retard sur le premier. Je regarde la place qui lui est attribuée et balance mon casque dans le motor-home, faisant sursauter les dirigeants. 19ème. Demain, il partira 19ème... J'ai mal au cœur. Il ne mérite pas tout ça. Xavi, à mes côtés, soupire d'agacement, déçu du résultat. Mais quel culot...
« Putain ! » Hurle-t-il.
Je me lève de ma place et fais les cent pas dans le box, afin de garder mon calme. Mais je n'y arrive pas. Je vais exploser d'une seconde à l'autre, je le sais. Déjà hier, lors des essais libres, Charles n'était pas confiant, ni à l'aise. Mais ils n'ont rien dit, rien fait ! Ils se foutent royalement de sa gueule, et ça m'agace fortement.
« Vous me faites chier, putain ! Il vous a répété maintes et maintes fois que ça n'allait pas dans la monoplace ! Et vous n'avez rien fait, rien !
- Sofia, s'il te plait, calme-toi.
- Me calmer ? Fred, avec tout le respect que je te dois, tu es le principal fautif dans cette histoire. C'est toi qui engages des branleurs ! Oui, Xavi, c'est de toi dont je parle ! Charles l'a dit de nombreuses fois, vous avez fait les sourds, putain ! Voilà le résultat !
- Je t'interdis de parler comme ça, Sofia !
- Vous n'aimez pas entendre la vérité, c'est ça ? Ce n'est pas parce que Charles se laisse marcher dessus que je vais faire la même chose. Il est trop gentil avec vous, mais moi, je ne vais pas l'être ! Vous êtes en train de gâcher sa carrière. Toi et Xavi. Surtout Xavi. Peut-être que grâce à toi mon frère a eu une place en F1, mais Charles, s'il continue d'être dans cette écurie de merde, il va pourrir. Dès qu'une occasion se présente pour lui, vous la détruisez. »
Combien de fois Charles a douté de lui depuis ce début de saison... Je ne compte même plus. Tout ça à cause de leur stratégie de merde. Je n'ose même pas imaginer comment va se passer la course de demain... Déjà que Charles part 19ème mais alors est-ce qu'il va vraiment finir la course ? Je n'en sais rien. Avec Ferrari, je m'attends à tout pour être honnête.
« Redonne-moi ton badge.
- Pardon ?
- Redonne-moi. Ton. Badge. »
Je rigole nerveusement et retire mon badge de mon cou pour le donner violemment à Fred, qui me regarde avec une pointe de noirceur dans ses yeux. Je sors du box et m'éloigne de l'écurie. Je viens de me faire virer. Est-ce que je regrette de leur avoir dit tout ça ? Non.
« Sofia !! »
Je tourne ma tête et vois Kika arriver vers moi, le sourire aux lèvres.
« Tu vas où ?
- Je rentre à l'hôtel. Je viens de me faire virer...
- Attends, quoi ? Tu déconnes ? »
Je secoue négativement la tête. J'explique brièvement à Kika ce qui s'est passé et elle m'affirme que j'ai bien fait d'avoir tapé du poing sur la table. Il fallait bien que quelqu'un le fasse. Qu'est-ce que je vais faire maintenant ? Je ne suis plus dans l'écurie alors je n'ai aucun moyen de suivre Charles durant toutes ses courses...
« Sofia... »
Je me stoppe net en entendant sa voix brisée. Je me retourne et le vois, les larmes aux yeux. Kika pose ma main sur son épaule et me dit qu'elle nous laisse tous les deux. Charles s'approche de moi et se plonge dans mes bras. Je caresse sa tête et son dos alors que je sens des larmes frôler la peau de mon cou. Il ne doit pas s'en vouloir. Ce n'est pas sa faute.
« Je ne sais pas quoi faire, Sofia... »
Malheureusement, il n'y a rien à faire. Mise à part changer le staff de Ferrari. Virer Xavi à ma place... Et se battre. Charles doit se battre jusqu'au bout. Il ne doit rien lâcher.
« Bas-toi, Charles. Montre ce que tu vaux, s'il te plait.
- Je ne vaux rien... »
Je me retire de lui et frappe l'arrière de son crâne. Je ne veux pas qu'il pense ça, putain. Il vaut beaucoup mieux que certains pilotes.
« Arrête d'être dur avec toi-même ! Tu es bon, Charles. Tu as du talent, plus que tu ne le crois ! Ce n'est pas ta faute, ok ? »
Les larmes aux yeux, il plante son regard dans le mien alors que mes mains sont posées sur ses joues. Il hoche la tête et colle ses lèvres contre les miennes. Comment lui dire que je viens de me faire virer ? Déjà qu'il est désemparé, mais si je lui annonce que je viens de perdre mon boulot, son état va empirer.
« On y va ? Je dois faire quelques interviews...
- Euh... Tu peux y aller sans moi. Je vais rejoindre l'hôtel.
- J'ai besoin que tu viennes. S'il te plait... »
Sa voix est brisée, et je ne peux clairement pas le laisser tout seul. Alors je hoche la tête et pars avec lui dans le motor-home de chez Ferrari. Quand nous revenons, Charles et moi, Fred me regarde, des éclairs dans ses yeux.
« Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je te rappelle que je suis la copine de ton pilote.
- Qu'est-ce qui se passe ? » Dit Charles en fronçant les sourcils.
Fred croise les bras contre sa poitrine alors que Xavi ne veut pas prendre partie de cette dispute. Quel lâche. En même temps, est-ce que ça m'étonne ? Pas du tout.
« Il se passe que Fred m'a viré.
- Quoi ?? Tu m'expliques ?
- Elle a insulté Xavi, et moi par la même occasion. »
Charles me regarde, choqué par ce qu'il vient d'apprendre. Qu'est-ce qu'il voulait que je fasse ? Je n'allais pas rester les bras croisés, alors que mon mec fonçait littéralement dans le mur...
« C'est quoi le délire ?
- J'ai pété un plomb, c'est tout. Xavi n'en avait rien à foutre que tu ne te sentes pas à l'aise. Alors je lui ai dit ses quatre vérités. Et... J'ai peut-être accusé Fred de t'avoir mis dans la merde. Mais comprends-moi, Charles ! Tu étais littéralement en train de t'enfoncer. Xavi n'en branlait pas une ! Tu voulais que je réagisse comment ?
- Tu ne peux pas réagir au quart de tour, Sofia...
- C'est toi qui dis ça ? Tu es mal placé hein...
- Oui, bon... Fred, s'il te plait, j'ai besoin de Sofia avec moi. Elle va s'excuser et...
- M'excuser ? Ah non. »
Et puis encore ? Il ne veut pas que je me mette à genoux pour supplier Fred de me reprendre, non plus. J'hallucine. Il est hors de question que je m'excuse. La vérité blesse, je n'y peux rien. Mais s'il n'est pas capable d'encaisser les critiques, ce n'est pas mon problème.
« Sofia, s'il te plait.
- Quoi ? Je ne vais pas m'excuser pour avoir dit ce que je pensais, merde ! Je ne suis pas aussi gentille que toi, Charles, et tu le sais. Si Fred et Xavi ne sont pas capables de supporter les critiques blessantes, je m'en moque. Je ne vais pas me laisser faire. »
J'ai un sacré caractère, vous l'avez bien vu, et clairement, je ne veux pas m'excuser auprès de Fred et Xavi. Charles ne me fera pas changer d'avis, de toute manière. Même s'il me suppliait, je n'obéirais pas. Xavi a fait de la merde aujourd'hui, et je lui ai bien fait comprendre. Maintenant, c'est à lui de se remettre en question. Pas à moi.
« Charles, est-ce que tu peux nous accorder quelques minutes ? » Demande une journaliste de Canal +.
Le monégasque hoche la tête et se dirige vers le micro, sous nos regards, à Fred et moi. Je m'approche de Charles pour écouter ce qu'il affirme. Peut-être que je ne suis plus attachée de presse chez Ferrari, mais Charles reste mon petit-ami. Que ça plaise à Fred ou non.
La journaliste lui pose quelques questions, et Charles essaie d'y répondre le plus sincèrement possible, tout en gardant son calme. Putain, j'ai tellement envie de casser Ferrari au micro, mais je dois me retenir.
« Il va falloir qu'on regarde les datas, parce que clairement, il y avait quelque chose qui n'allait pas, enfin, il y avait un truc surtout avec l'arrière droit, il y avait quelque chose de vraiment bizarre. Dans les virages à gauche j'avais du grip et d'un coup je perdais tout le grip... Donc euh... On va regarder et on verra ce qui se passe. J'avais un feeling très bizarre... »
Évidemment que ça n'allait pas. Charles n'arrêtait pas de le répéter à Xavi qu'il n'était pas à l'aise, et lui il n'en avait strictement rien à foutre. Putain, Charles je t'en prie, arrête de leur trouver des excuses. Si tu pars 19ème demain, c'est uniquement la faute de Xavi, merde !
J'ai envie de me prononcer, mais je reste en retrait, écoutant Charles répondre à quelques questions. J'ai mal de le dire, mais il ne mérite pas d'être en rouge. Il mérite beaucoup mieux. Je sais que c'était son rêve d'entrer chez Ferrari, mais ils le traitent littéralement comme un moins que rien.
Le rêve de Jules, c'était d'entrer dans cette écurie. Et il n'a pas eu le temps de le réaliser. Alors Charles l'a fait pour lui. Cependant, tout ne se passe pas comme prévu... Je ne peux pas lui dire de partir. S'il se plait à Ferrari, je ne vais clairement pas lui mettre le couteau sous la gorge pour lui dire de s'en aller.
Les journalistes remercient Charles, puis lui et moi partons en direction de sa driver-room. Il me prend la main et m'attire dans ses bras, humant mon odeur par la même occasion. Je vois bien qu'il n'est pas au top de sa forme, ce qui est compréhensible.
« Viens avec moi dans la chambre...
- Charles...
- S'il te plait. Je veux juste... Rester dans tes bras. S'il te plait. »
Je hoche la tête puis main dans la main, nous grimpons dans sa chambre. Le sourire aux lèvres, je regarde Charles retirer sa combinaison pour se mettre en caleçon.
« Bah mate, je ne dirais rien.
- C'est ce que je fais. »
Il secoue négativement la tête et se pose sur son lit. Je le rejoins et me colle à lui, posant ma tête sur son torse. Il caresse mes cheveux alors que je caresse sa peau, le faisant frissonner.
« J'ai tout gâ...
- Oh n'ose même pas terminer ta phrase, Leclerc ! Tu n'as rien gâché du tout. C'est juste tes dirigeants qui sont à chier. Surtout Xavi.
- Sofia, tu ne peux pas te permettre de manquer de respect à tes supérieurs, putain. Mais en même temps, ça m'excite grave de te voir autant énervée. »
Je lui frappe le torse alors qu'il éclate de rire. Je sais que je n'aurai pas dû autant m'emporter mais c'était plus fort que moi. Quelqu'un devait les remettre à leur place et malheureusement pour eux, c'est tomber sur moi.
« Je ne veux que tu sois virée bébé... J'ai besoin de toi à mes côtés... »
Il enroule ses bras autour de ma taille et resserre son étreinte sur moi. Il pose ses lèvres sur mon crâne alors que mon bras enroule son cou.
« Je sais que tu as trop de fierté mais s'il te plait, excuse-toi. J'ai besoin que tu restes, Sofia... »
Il dit ça avec une pointe de tristesse. Sa voix est cassé et quand mes yeux se posent enfin sur son visage, je remarque que quelques larmes perlent sur ses joues. Larmes que j'empresse d'effacer. Je ne veux pas que Charles se mette dans cet état à cause de moi.
« Tout va s'arranger. Je te le promets... »
Coucou à tous et à toutes !
Voici le nouveau chapitre qui j'espère vous a plu ! Qu'en avez-vous pensé ? Que voulez-vous voir dans les prochains ?
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À très vite pour un prochain chapitre !