- 2 mai 2023, Sofia-
Les larmes embuent mes yeux alors que mon regard se pose sur Charles, étendu sur le sol, s'efforçant de récupérer ses écouteurs perdus dans l'entrelacs des fissures. Les passants curieux le dévisagent, ajoutant une touche d'absurdité à la scène, ce qui ne fait qu'amplifier mon rire.
« Aide-moi au lieu de rire comme une otarie ! »
Je lui donne un petit coup sur l'arrière de la tête, tandis que son écouteur droit se libère de l'attrape-tout improvisé, une pince à épiler géante prêtée par le personnel de l'aéroport de Zurich. Un éclat de rire m'échappe alors que Charles, dans un geste de désespoir, se frappe le front avec sa propre main.
« Ce n'est pas drôle.
- Si, ça l'est.
- Et tu oses me filmer en plus.
- C'est un bon souvenir. » Je dis en rigolant.
Il me fait un signe obscène, puis il s'attelle de nouveau à retirer ses écouteurs. Avec un effort soutenu, il parvient à extraire le premier, tandis que je continue de le filmer, capturant chaque moment de cette scène comique. Même s'il pourrait facilement abandonner et en acheter de nouveaux, étant donné ses moyens financiers, il s'obstine, déterminé à récupérer ses écouteurs à tout prix.
« Hallelujah ! » Dit-il en extirpant le deuxième écouteur. « Maintenant, la boite... »
Je conserve ses écouteurs dans ma paume et les essuie rapidement, tandis que Charles s'efforce de récupérer sa boîte d'AirPods tant bien que mal. Il saisit la pince à épiler et la glisse dans le trou, finalement réussissant à atteindre la boîte.
« Oh oui, oh oui... »
Cependant, la joie de Charles fut de courte durée lorsque la boîte retomba. Un éclat de rire s'échappe de ma bouche, et Charles se joint à moi dans cette hilarité. Jamais auparavant je n'avais autant ri, pris dans cet instant de légèreté.
« Putain...
- Je ne la vois même plus...
- Attends, attends, elle est là ! »
Il tente une énième fois, alors que je suis prise d'un fou rire incontrôlable. Charles finira par me tuer un jour ou l'autre. Hier, j'étais au plus mal, et aujourd'hui, je me retrouve allongée sur le sol d'un aéroport, à côté de lui, en train de le filmer tandis qu'il s'acharne à récupérer ses écouteurs avec une pince à épiler géante.
Pendant qu'il recommence ses tentatives, nous observons un avion atterrir sur la piste. Charles me lance un regard complice, et nous éclatons de rire lorsqu'il me demande :
« C'est notre avion ? »
Je hoche la tête, mes doigts essuyant les larmes sur mes joues, tentant de retrouver une certaine contenance. Notre avion doit décoller dans 30 minutes. Espérons que d'ici là, Charles parviendra à récupérer sa boîte d'AirPods, sinon nous risquons d'être dans de beaux draps.
Initialement, nous devions nous rendre à Miami mercredi, mais Fred a organisé une réunion impromptue pour discuter du post de John... Je suppose qu'il cherche à éclaircir la situation, ce qui est tout à fait compréhensible. Il a besoin de réponses, et Charles et moi sommes les seuls à pouvoir les lui fournir...
Malgré mes angoisses, je tiens à ce travail. Certes, l'univers des circuits, des paddocks et des stands me met mal à l'aise, surtout après l'accident de Jules. Cependant, j'apprécie sincèrement ce que je fais. Les analyses post-course, les conférences de presse, tout cela me passionne. L'ambiance qui règne est des plus agréables, je dois l'admettre. Mes collègues sont d'une grande gentillesse, et que dire de Charles et Carlos ? Ils trouvent toujours les mots justes lorsque ça ne va pas. Et pour être franche, je ne me vois pas travailler pour une autre écurie que Ferrari.
Je n'ai rien mentionné à Charles, mais il se trouve que McLaren recherche un attaché de presse. Hier, Fred m'a confirmé qu'on en discuterait aujourd'hui... Je devrais en parler à Charles, mais je n'y arrive pas. J'ai peur de sa réaction. Je sais qu'il s'épanouit en travaillant avec moi, et s'il apprend que McLaren souhaite m'embaucher, je crains qu'il ne l'accepte pas...
Charles et moi entrons dans l'hôtel réservé par Ferrari pour les prochains jours. Le décalage horaire commence à se faire sentir. Il est 23 heures en France, mais ici il est seulement 17 heures. Je vais devoir m'y habituer, mais la fatigue commence déjà à s'installer... Nous informons la réceptionniste que des chambres nous ont été réservées, et elle prend nos noms, même si cela semble superflu. D'ailleurs, je remarque que la blonde ne cesse de lancer des regards provocateurs à Charles. Quelle idiote.
« Je vais chercher vos clés, je reviens. »
Elle adresse un clin d'œil à Charles, geste qui me met légèrement sur les nerfs, puis s'éloigne pour récupérer nos clés. La main de Charles se pose dans le creux de mon dos, provoquant un frisson agréable. Sa bouche se rapproche de mon oreille, et je sens un léger baiser se poser sur ma nuque.
« J'aime quand tu es jalouse.
- Je ne suis pas jalouse.
- Menteuse. »
Je lève les yeux au ciel, agacée, alors que la réceptionniste revient avec nos clés. Elle nous les remet avec un sourire, nous souhaitant un bon séjour. Avant que Charles ne s'éloigne, bien sûr, cette femme lui lance un clin d'œil. Franchement, je n'en reviens pas.
« Quelle connasse. » Je marmonne alors qu'on pénètre dans l'ascenseur.
Charles rit en secouant la tête, manifestement désarmé par mon comportement. Oui, je suis jalouse. Face à la beauté innombrable des femmes sur terre, je me demande parfois pourquoi moi ? Des milliers de femmes rêveraient d'être à ma place, aux côtés de Charles... Alors pourquoi moi, en particulier, a-t-il choisi ?
« La réunion est dans combien de temps ?
- 10 minutes.
- Je déballe mes affaires, tu m'attends devant ma chambre dans 5 minutes, ça te va ? » Me demande Charles.
Je hoche simplement la tête alors que nous quittons l'ascenseur, traversant le couloir menant à nos chambres. La mienne est juste à côté de celle de mon petit-ami. À peine entrée, je perçois l'aura de luxe et d'opulence propre à Ferrari. Cela ne me surprend guère ; l'excellence est leur marque de fabrique.
Je déballe mes affaires avec soin, veillant à ne pas froisser mes vêtements. Je préfère ne pas ressembler à un chiffon. Mais mon esprit est ailleurs, préoccupé par la réunion à venir. Fred évoquera-t-il McLaren ? C'est inévitable. Et Charles ? Comment réagira-t-il ? À mesure que les minutes s'écoulent, mon anxiété grandit. Et si Fred décidait de me transférer chez McLaren ? Cette pensée me terrifie.
Quelques minutes plus tard, je sors de ma chambre et rejoins Charles devant la sienne, comme convenu. Il émerge peu après, arborant un large sourire. Il semble serein, contrairement à moi. Nous avons convenu de dire la vérité. Nous sommes ensemble, bien que les fans ne voient en nous que des amis. Mais Fred acceptera-t-il notre relation ?
Après avoir pris l'ascenseur, Charles et moi nous dirigeons vers la salle de réunion, où les dirigeants de Ferrari nous attendent, ainsi que Carlos, en pleine discussion avec Xavier. À notre entrée, tous les regards convergent vers nous. C'est presque comme si nous étions les élèves devant un conseil de classe.
Nous saluons nos collègues avant de nous installer, prêts à affronter les reproches, les questions, et pour ma part, la possibilité d'être écartée. Peut-être même transférée. La tension est palpable dans l'air, et chaque seconde qui passe semble plus lourde que la précédente.
« Nous sommes en retard, désolés. »
🎶 Another Love - Tom Odell 🎶
Mon cœur bat la chamade lorsque Lando, Oscar, Andrea Stella, le nouveau directeur de McLaren, et Zak Brown, le PDG de l'écurie, font leur entrée dans la pièce. Charles adresse un signe de la main aux deux pilotes, mais je remarque dans son regard une lueur d'inquiétude, comme s'il se demandait pourquoi ils sont présents.
« Maintenant que tout le monde est là, on va pouvoir commencer la réunion... » Affirme Fred.
Mon cœur bat à tout rompre, tambourinant dans ma poitrine comme un orchestre en plein crescendo. Une anxiété sourde monte en moi, menaçant de submerger mes sens à tout instant.
« Sofia a dû t'expliquer les raisons de cette réunion.
- Oui...
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, mais est-ce que vous êtes ensemble ? Je n'ai pas envie que cette réunion dure des heures. Surtout pour des broutilles de la sorte...
- Je comprends... Oui, Sofia et moi, nous sommes ensemble. Mais notre relation n'affectera pas l'écurie, je t'en fais la promesse ! »
Fred esquisse un sourire à l'attention de Charles, son regard empreint d'une certaine bienveillance. Puis, ses yeux se posent sur moi, emplis d'attente et d'interrogation. Je sens toute la pression qui pèse sur mes épaules à cet instant précis. Il attend une réponse, mais les mots restent coincés dans ma gorge. Je refuse de trahir Charles, même si cela signifie me taire dans ce moment crucial. C'est une loyauté que je refuse d'abandonner, quoi qu'il advienne.
« Sofia... » Me dit Fred.
Tous les regards convergent vers moi, pesants, scrutateurs. Surtout celui de Charles, dont l'expression traduit une profonde attente. Je pince mes lèvres avec nervosité, incapable de soutenir ce regard qui en dit long. Si j'opte pour McLaren, je trahirai Charles, et cette pensée me déchire le cœur. Je sais que cela ne me rendra pas heureuse. Mais d'un autre côté, accepter signifierait mettre fin aux rumeurs qui nous entourent, celles qui parasitent notre relation depuis trop longtemps. Refuser, en revanche, laisserait la porte ouverte aux enquêtes incessantes de John. Et je refuse de laisser cela continuer. Je veux protéger Charles de tout cela, lui offrir un peu de quiétude dans ce tourbillon médiatique. Il mérite de se concentrer pleinement sur sa carrière en F1, sans être perturbé par les ragots et les scandales.
« J'accepte. » Je dis.
Les dirigeants de McLaren affichent des sourires radieux, témoignant de leur satisfaction, tandis que Lando et Oscar expriment leur approbation en levant leur pouce avec bienveillance. Cette réaction positive de leur part vient comme un baume sur mes inquiétudes, apaisant quelque peu le tumulte émotionnel qui agite mon esprit.
« Tu acceptes quoi ? » Me demande Charles.
Mon cœur est déchiré en voyant à quel point il est préoccupé. Je me sens coupable de trahir l'homme que j'aime le plus au monde. Pourtant, je suis convaincue que c'est pour son bien. Je veux qu'il se concentre pleinement sur cette saison, qu'il donne le meilleur de lui-même sans être perturbé par les rumeurs qui circulent à mon sujet. Je sais que, malgré ses efforts pour rester impassible, ces ragots l'affectent au plus profond de lui-même.
« Hier, j'ai proposé à Sofia de la transférer chez McLaren.
- Quoi ? Sofia, ce n'est pas vrai, n'est-ce pas ?
- Je suis désolée... »
Il secoue la tête lentement, et des larmes perlent sur ses joues, trahissant sa peine. À cet instant, je sens un poids écrasant sur ma conscience. Je suis envahi par un profond remords...
« Charles, je fais ça pour te protéger... Si je continue à travailler chez Ferrari, les rumeurs vont s'amplifier et je ne veux pas que...
- Je n'ai pas besoin qu'on me protège ! J'ai besoin de toi, Sofia. De toi, de ta présence ! Je ne veux pas que tu partes, s'il te plait... »
Je suis désolée, profondément désolée, Charles. Si tu pouvais seulement comprendre... Mais je me sens prise au piège, entre deux maux. Je ne peux pas permettre que quoi que ce soit t'atteigne, mon amour. Je tiens tellement à toi, à nous, à notre bonheur. Je ne veux pas que ces rumeurs, ces insinuations perfides, viennent ternir ta brillante carrière...
« Les rumeurs finiront par s'arrêter si je change d'écurie.
- Justement, non ! Les gens vont se demander pourquoi tu quittes brutalement Ferrari ! Elles vont s'amplifier, et vous le savez autant que moi, putain ! Je ne veux pas qu'elle parte ! »
Nous sursautons lorsque son poing heurte violemment la table, son regard empreint de tristesse résonnant dans la pièce. J'aimerais tant le prendre dans mes bras, lui murmurer des mots réconfortants, mais mes lèvres restent scellées par l'angoisse. Incapable de prononcer le moindre mot, je suis pétrifiée par la réaction de Charles. La douleur m'étreint alors que je prends cette décision qui le blesse, mais je ne peux permettre que ces insinuations ravagent sa carrière.
Son regard se croise avec le mien, et mon cœur se fissure en voyant les larmes dévaler ses joues. Un murmure de « désolée » s'échappe à peine de mes lèvres. Mais il secoue la tête, comme refusant de l'accepter. Puis, il se lève d'un geste brusque, quittant la pièce en claquant la porte, son cri de douleur résonnant dans mon âme.
Carlos esquisse un sourire triste avant de s'excuser auprès des dirigeants et de suivre Charles à l'extérieur. Les sanglots de mon amour résonnent dans le silence pesant. Mon cœur se serre douloureusement. Je ne supporte pas de le voir si vulnérable, si désemparé. Cette souffrance est entièrement de ma faute.
Mais je le fais pour nous protéger, pour que les rumeurs cessent, pour que cet ignoble John Dawson cesse ses attaques. Nous avons besoin de paix, de tranquillité, loin de ses intrigues malsaines.
« On va procéder à la signature du contrat. » Affirme Fred.
Je hoche péniblement la tête, mon esprit en proie à un tourbillon d'émotions alors que Fred et Andrea discutent des termes de mon contrat. La perspective d'un nouveau contrat chez McLaren, avec moins d'argent et moins de responsabilités, me laisse perplexe. Ce n'est pas la voie que j'avais envisagée, mais je suis prête à faire ce sacrifice pour Charles, pour notre avenir ensemble.
Les mots du contrat se brouillent devant mes yeux alors que je le parcours avec attention, déterminée à ne pas me laisser tromper. Mes mains tremblent légèrement lorsque je saisis le stylo, prête à apposer ma signature. C'est un moment crucial, une décision lourde de conséquences, mais je sais que je dois l'assumer pour protéger ce qui compte le plus pour moi.
Coucou à tous et à toutes !
Voici le nouveau chapitre qui j'espère vous a plu ! Qu'en avez-vous pensé ? Que voulez-vous voir dans les prochains chapitres ?
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À très vite pour un prochain chapitre !