XLIII La Décision

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Catherine entendit le bruit des gens qui se précipitaient dans la rue pour une raison inconnue. Elle sortit en hâte pour voir de quoi il retournait. Quand elle vit la lueur et la fumée au loin, elle se douta que le plan de Richard ne s'était pas déroulé comme prévu. Pourquoi ne l'avait-elle pas accompagné ? S'il lui était arrivé malheur, elle ne s'en remettrait pas. Elle fonça vers la demeure de la sorcière avec toute l'énergie qu'il lui restait.

Honoré allait porter le coup de grâce lorsqu'une poutre se détacha, lui tomba dessus et lui fit traverser le plancher. Richard avait roulé sur le sol juste à temps pour ne pas la recevoir également. Il se releva péniblement, il devait partir immédiatement car la température était devenue intenable. Malheureusement, la cage d'escalier était la proie des flammes. Il décida donc de se glisser par le trou créé par Jean et la poutre.

En atterrissant au rez-de-chaussée, il faillit écraser Jean. Il n'était pas encore mort mais était atrocement brûlé et écrasé par la poutre. Il souffrait horriblement mais parvint quand même à parler à Richard :

- Vous croyez que c'est fini, que vous avez gagné, Bodson. Mais vous avez tort. Quand il verra que je ne reviens pas, il enverra d'autres hommes pour vous retrouver. Il comprendra bien vite que vous venez du village où son épouse a résidé. Et ils viendront pour vous et votre copine, ils vous régleront votre compte.

- Non, ne vous inquiétez pas pour moi, Honoré. J'ai plus de ressources que ce que vous imaginez. Je traquerai ce type jusque dans sa tanière et je débarrasserai le comté de cet homme, une fois pour toute. Il ne touchera pas un cheveu de Catherine.

- Comptez là-dessus. C'est vraiment son genre de fille, il va l'adorer. Vous l'avez condamnée à la minute où vous l'avez entraînée avec vous dans cette affaire. Maintenant, il n'y a plus de retour en arrière possible.

Il entendit une plainte de l'autre côté de la maison. Il laissa Jean et se rendit vers la source du râle. Il vit Gondry par terre. Le vieil homme semblait à bout de force. Il n'était pas dans un meilleur état que lui, son bras le torturait mais il essayait de ne pas y penser. Il se pencha vers le vieil homme et lui dit :

- Venez, il faut sortir tout de suite.

- Non, Richard, je préfère que cela s'arrête ici. Après tout ce que j'ai fait, je mérite cent fois la mort, c'est décidé.

Richard le pensait aussi mais il aurait préféré que tout cela se passe légalement. Et puis, malgré tout le mal qu'il avait fait, le vieux bonhomme faisait partie de son monde depuis qu'il y était venu, il ne voulait pas qu'il meure dans des conditions aussi horribles.

- Allez, levez-vous !

- Non, Richard, je ne peux pas, je ne veux pas. La seule chose que je désire maintenant, avant de mourir, c'est toi qui l'as.

- Et qu'est-ce?

- L'histoire de Secquegneau.

Richard se renfrogna mais exauça ce qui devait être la dernière volonté du vieillard :

- Vous savez ce qui est le plus grave dans tout cela? Si je vous l'avais racontée directement, deux meurtres auraient pu être évités. L'homme que vous avez aperçu avec votre femme, en janvier, n'était pas Joseph mais votre vieil ami-ennemi, Secquegneau. Ils avaient bu et Catherine les a surpris près des Embuscades en train de... de... Enfin bref, je ne pense pas que je doive vous faire un dessin. Vous avez donc commis trois horribles meurtres pour punir un homme qui n'était pas coupable du crime dont vous l'accusiez.

- Secquegneau ? L'immonde bâtard ! Comment ce scélérat a-t-il pu ?

La haine semblait redonner un peu de vie au petit homme blessé. Richard tenta d'en profiter :

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now