XXIV La Pâtisserie

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Ils retournèrent à la salle des archives dès potron-minet. Ernest n'était pas vraiment surpris de les revoir si tôt. Ils n'avaient rien eu à dire pour qu'il devine que les choses n'avaient pas tourné exactement comme prévu.

- Je vous avais bien dit qu'il avait le bras long.

- C'est exactement ce dont nous avons besoin maintenant, ironisa Richard.

- Je maintiens.

- Nous venons juste voir le prochain nom sur la liste.

- Bon, je vous rappelle une fois encore, à titre indicatif, à quel point c'est dangereux mais je sais que c'est peine perdue, de toute façon.

Richard et Catherine n'écoutaient déjà plus, ils étaient plongés dans les documents afin de dénicher un nouveau témoin potentiel. Ce fut Catherine qui le découvrit cette fois. Il s'agissait d'un pâtissier qui habitait près des remparts de la ville. Il avait été employé pour le mariage et n'apparaissait nullement dans d'autres affaires impliquant l'avocat. S'il était resté jusqu'à la fin des noces, peut-être avait-il assisté à la scène.

Ils quittèrent la salle sans adresser un mot à Ernest qui les avait abreuvés de sermons pendant les quelques heures qu'ils avaient passées dans son périmètre. Ils avaient eu leur compte et étaient pressés de sortir.

Plus ils s'approchaient, plus ils sentaient que quelque chose n'allait pas. Ils n'en furent sûrs que lorsqu'ils virent la fumée s'élever dans le ciel clair de cette fin de matinée. Une foule se massait déjà autour de l'édifice tandis que la milice urbaine essayait de contenir l'incendie afin que le quartier entier ne soit pas la proie des flammes. Apparemment, Letisserand ou l'un de ses hommes avait déjà rendu une petite visite au pâtissier. Il était maintenant clair que Letisserand faisait le ménage. Les évènements n'avaient pas dû prendre la tournure prévue et il avait trouvé une solution expéditive.

- Je vous parie que le pâtissier est mort dans l'accident, murmura Richard.

- Ernest a raison, cet homme est extrêmement dangereux. Il va falloir être beaucoup plus prudents que nous ne le sommes, Richard.

Comme ils parlaient, ils aperçurent deux grandes silhouettes sombres enveloppées dans une cape noire qui semblaient les fixer. Une fois découverts, les deux hommes partirent en courant dans une ruelle attenante.

- Je pense qu'il est trop tard pour cela. Attendez-moi à l'auberge, Catherine. J'en ai pour un instant. Veuillez m'excuser.

Il s'engouffra dans la même ruelle que les fugitifs. Il était sur le point de les rattraper quand ils décidèrent de se séparer. Richard en suivit un au hasard. Celui-ci prit la direction du château. Il ne s'agissait plus vraiment d'une forteresse mais plutôt d'une carrière pour les nouvelles constructions de la ville. Plusieurs éboulis avaient déjà été tragiques, le Maïeur de Mons avait donc décidé de fixer des échafaudages contre les murs afin que le démantèlement se fasse par le haut et soit moins risqué.

Richard gagnait du terrain mais ne put empêcher le sbire de Letisserand de monter sur l'un des échafaudages. Il hésita un instant puis l'escalada à son tour en restant à l'étage du dessous et tenta de faire tomber les planches du dessus. L'homme se mit à courir d'échafaudage en échafaudage, Richard restait en permanence au-dessous de lui, aussi s'arrêta-t-il lorsque son adversaire le fit.

- Nous avons bien rigolé mais il serait préférable d'en finir avant que nous nous tordions le cou sur ce tas de planches, dit-il sans grand espoir. Il sentait bien que cette construction n'était pas très solide. Il risqua un coup d'œil en passant sa tête par-dessus le garde-fou. Il eut à peine le temps d'éviter un gros bloc de pierre qui s'écroula au pied de la construction en bois et la brisa.

Le Bûcher de la SorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant