XXVI L'auberge

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Catherine avait arrêté l'hémorragie assez rapidement en déchirant le bas de sa robe et en l'utilisant telle une compresse. La balle n'avait qu'effleuré le bras de Richard. Le chariot s'arrêta et ses occupants en descendirent. Le blessé tenait le pansement de fortune serré contre son bras. Jean se tourna vers Frédéric :

- Nos poursuivants n'auront malheureusement pas de mal à nous suivre, la neige qui recouvre le sol permettrait à un enfant de suivre notre trace. Après quelques centaines de mètres et plusieurs tournants, rejoins une rue très fréquentée pour masquer tes déplacements et quitte la ville pendant deux ou trois jours, Frédéric. Nous devons vite partir d'ici.

- Pourquoi ne partons-nous pas avec lui ? demanda Richard.

- Parce qu'un type qui peut se payer toute cette bande peut facilement acheter des chevaux et nous n'irons pas loin sans qu'ils nous rattrapent. Seul, Frédéric a une chance de leur échapper s'il monte sur le cheval et abandonne la charrette, une fois hors des murs.

- Et nous ?

- Nous, nous avons des choses à mettre au point, ce me semble.

- Notre auberge est à l'autre bout de la ville, répondit Catherine qui semblait avoir eu sa dose d'émotions pour toute une vie.

- Il ne faut pas traîner, alors.

Ils partirent de suite. Une fois dans sa chambre, Richard essaya d'enlever la pièce de tissu devenue écarlate mais le sang coulait encore. Il entendit quelqu'un frapper délicatement à sa porte.

- Entrez, Catherine.

Elle pénétra dans la chambre, chargée de multiples choses.

- Voici le nécessaire que l'aubergiste a pu me trouver pour soigner votre blessure.

- Je ne sais pas si...

- Ne faites pas l'enfant, Richard.

Le ton ne souffrait aucune protestation. Elle installa son matériel sur l'unique chaise de la pièce. Ensuite, elle s'approcha de Richard, déboutonna sa chemise et l'aida à l'enlever. Ils s'étaient rarement tenus aussi proches l'un de l'autre et il put sentir son parfum enivrant malgré les épreuves qu'elle avait endurées aujourd'hui. Elle le repoussa vers le lit où il s'étendit. Elle s'assit à son côté.

Catherine passa ses doigts délicats sur les cicatrices que Richard arborait sur son torse, il se demanda si elle n'était venue que dans l'intention de le soigner où s'il y avait quelque chose d'autre. Il osait à peine espérer ce qu'il imaginait. L'attention de Catherine se porta sur le bras gauche et la blessure toute fraîche. Elle enleva doucement le vêtement sale et frotta les taches de sang. Elle regarda Richard dans les yeux et lui dit :

- J'espère que vous ne me détesterez pas pour ce que je vais faire.

- Qu'allez-vous...

Il s'interrompit pour crier, Catherine venait de lui verser une bonne dose de cognac sur le triceps. Elle lui offrit la bouteille, il en but une grande rasade. Trop sans doute, il toussa de manière très remuante, il avait l'habitude de cognac coupé à l'eau, il ignorait que le pur put être aussi fort. Catherine lui donna ensuite un morceau de cuir à mettre entre ses dents.

- Et maintenant, j'ai besoin que vous restiez tranquille, dit-elle en lisant la peur dans les yeux de son premier patient. Elle ne pouvait l'en blâmer, elle était presque aussi terrifiée que lui.

Elle entreprit de lui recoudre la plaie en passant à travers la peau le moins souvent possible. Malgré tout, ce fut un supplice indescriptible pour Richard.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now