XVI L'Acolyte

4 1 0
                                    

Au printemps 1616, la nouvelle se répandit à travers la contrée : Mons était délivrée de la quarantaine, l'épidémie de peste avait enfin cessé. C'était une très bonne nouvelle pour l'enquête que Richard avait dû laisser de côté. En effet, personne n'était venu réclamer la sacoche, il ne connaissait toujours pas le nom du mari d'Agnès et n'avait pas été reçu à Havré. La couturière du Roeulx était morte, il n'avait plus aucune piste si ce n'est les archives de Mons. Richard se rendit chez le Maïeur pour l'informer qu'il repartait en ville mais ne trouva que Julie.

- Je suis désolée, Richard, Ursmer est parti se balader... comme à son habitude.

Il tâcha de ne pas tiquer. Comme tout le monde, il savait qu'il noyait son chagrin en arpentant les sentiers qu'il avait empruntés avec Agnès. Ce rituel quotidien avait commencé plusieurs mois plus tôt, quand Soupart tenta de sortir de la léthargie dans laquelle l'exécution de la sorcière l'avait plongé.

- Oh, je vois. Je voulais simplement l'informer que je me rendais à Mons afin de consulter les archives et mettre un point final à cette affaire.

- J'espère que cela lui apportera un quelconque soulagement, dit-elle sans une once de conviction.

- Madame, je...

- Non, Richard, tu n'y es pour rien, je sais pourquoi tu fais cela.

- Je...

- Fais ce que tu dois faire, Richard.

- Bien.

- Mais, peut-être venais-tu également dire au revoir à Catherine ?

Durant l'année qui s'était écoulée, ils s'étaient énormément rapprochés. Ursmer s'était interposé à maintes reprises. Il espérait trouver un parti qui mettrait sa fille à l'abri du besoin. Malgré la beauté de Catherine, l'affaire n'était pas évidente étant donné la disgrâce dans laquelle il avait plongé leur nom. C'est ce qui rendait confiance à Richard.

- Non, ne vous inquiétez pas, je ne serai parti que peu de temps. Elle ne remarquera même pas mon absence.

- Comme tu voudras.

Il prit congé de Julie et prit la route. Il s'en voulait un peu mais il savait que cela l'aurait grandement retardé de parler à Catherine. Il voulait être aux archives avant la fin de l'après-midi et pour cela il devait presser le pas.

La ville portait encore les stigmates de l'horreur qu'elle avait vécue, pourtant par certains aspects, elle respirait aussi l'espoir. Il arriva au bâtiment des archives mais s'en vit refuser l'accès. Il n'était pas habilité à y entrer. Il était plus motivé que jamais, il savait que la clé du problème se trouvait à portée de main. Ernest n'était pas là pour lui autoriser l'accès. Il eut soudain peur pour son ancien comparse. Avait-il été une victime de la peste ? On lui répondit que non, ce qui le soulagea.

Il tenta de mener une petite enquête dans les quartiers un peu plus chics de la ville. Il finit par découvrir un vieillard qui avait connu les Melin. Il le renseigna un peu sur l'historique de la famille. Il s'agissait d'une famille très riche originaire du duché de Brabant qui avait investi dans l'acquisition d'immenses propriétés terriennes. Quand la guerre avait éclaté, leurs domaines servirent de champs de bataille. Leur valeur s'effondra, ils furent ruinés. Le vieil homme ne se souvenait plus de l'identité de l'époux de la plus jeune des Melin et ne put apporter d'autres éclaircissements à Richard.

Mais cela constituait déjà un grand pas, il comprit pourquoi l'avocat avait épousé Agnès, il renflouait les caisses de la famille et récupérait tous les terrains dont la valeur allait augmenter maintenant que la guerre était terminée. Richard se demandait si Agnès avait été vendue comme les terrains ou si cet accord avait été prévu pour qu'elle puisse profiter des terres que ses ancêtres avaient accumulées au fil du temps. Mais ce n'était pas une question de grande importance pour l'avancée de l'affaire. Il prit la décision de se rendre à Wavre où devaient se trouver d'autres membres de la famille. Mais pas sans avoir rendu une visite à Ernest.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now