- Alors, si tu commençais par nous raconter cette nuit de tempête. Paraît que c'était... agité, demanda Stéphane.
- Je sais ce que vous vous imaginez mais il ne s'est rien passé entre...
- Cause toujours, j'ai confiance en Secquegneau et Gondry et apparemment, vous aviez trouvé une façon pratique de vous tenir chaud, le coupa Éric.
- Ah oui, vraiment ? Vous vous basez sur un récit de ces deux-là ?
- Oui, répondirent-ils en cœur.
Ils se regardèrent, ils étaient obligés de finir leurs verres à peine entamés. Richard le fit avec eux. Ils enchaînèrent avec une seconde tournée que le patron, Raoul s'empressa de servir.
- Écoute, Richard, nous savons tous ce qu'il se passe entre vous deux. Alors ne me dis pas que vous avez passé la nuit l'un à côté de l'autre et que tu n'as rien tenté, reprit Michel.
- Non, bon sang, non.
Ils soufflèrent tous d'exaspération. C'était à croire qu'il le faisait exprès. Comment avait-il pu rater une occasion en or telle que celle-là ?
- J'aurais bien voulu vous y voir.
- Mais bon Dieu ! S'emporta Stéphane.
- Eh, là gaillard, le coupa Raoul, pas de cela ici.
- Pardon, patron. Mais, bon sang, il faisait froid, vous étiez dans une maison avec un cadavre et un tueur qui se baladait à l'extérieur et tu n'as rien fait. C'était servi sur un plateau d'argent.
- Ah oui et qu'en sais-tu ? Tu as déjà été dans cette situation, toi ?
- Ben, non, évidemment. C'est quand même assez spécifique.
- Alors comment sais-tu que tu aurais assuré le coup ?
- Je le sais, c'est tout.
- Bien sûr. Vous semblez oublier que nous enquêtons ensemble sur le meurtre de son père. Tout mauvais mouvement pourrait être fatal.
Ils prirent à nouveau un air désespéré. Ils avaient déjà entendu ce genre d'argument un nombre incalculable de fois.
- Tu ne vas pas revenir avec le coup du mauvais moment à chaque fois, dit Michel et il fit le mouvement annonçant qu'il recommandait une tournée à Raoul.
- Et pourquoi pas ? Après tout, je suis le seul concerné.
- Tu es incroyable. Tu nous rabâches en permanence ce que tu penses d'elle. Et maintenant que tu es près du but, tu te dégonfles ?
- Mais, puteborgne ! Je...
- Eh, là gaillard, le coupa Raoul, pas de cela ici.
- Pardon, patron. Mais, bon sang. Laissez-moi tranquille avec elle. Je n'ai pas été à la hauteur et je pense qu'elle me le reproche.
Ils prirent les verres que leur tendait Raoul. C'était du Richard bien classique, se dirent-ils. Il disait ne pas vouloir en parler mais revenait lui-même à la charge. Cette fois, ils se firent plus attentifs.
- Quoi ? Parce que ce n'était pas Delplanche ?
- Non, je pense que cela lui a fait plaisir d'apprendre que ce n'était pas lui le meurtrier. En fait, je ne pensais pas à l'enquête. Peut-être qu'elle m'en veut aussi de ne pas encore en avoir fini mais c'est surtout à cause de ce qui s'est passé à Mons que la situation s'est refroidie...
Il se tut et prit un air penseur. Éric s'énerva.
- Alors, bord...
- Eh, là gaillard, le coupa Raoul, pas de cela ici.
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Le Bûcher de la Sorcière
Historical FictionWallonie, 1615. Mystérieuse et ensorcelante, la belle Agnès Melin ne passe pas inaperçue en s'installant à Strépy. Les femmes s'en méfient, les hommes succombent. Parfois trop... Piégée par son magistrat de mari qui s'est juré de la garder sous sa c...