XXX La piste

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Richard et Jean remontaient la Moronie dans le calme. L'ancien tavernier fit remarquer qu'il y avait eu très peu de passages depuis que la neige était tombée. Richard était d'accord mais ne voyait pas très bien en quoi cela pouvait avoir un lien. Il supposa que c'était sa façon de faire la conversation. Il tenta bien de répondre mais ni l'un ni l'autre n'avait réellement envie de papoter, l'échange se termina donc assez rapidement.

Quand ils furent arrivés à ce que Richard pensait pouvoir identifier comme le lieu du crime, ils commencèrent à enlever de la neige pour tenter de retrouver les fameuses traces qu'il avait aperçues ce jour-là.

- N'aurions-nous pas mieux fait d'en avertir Catherine ? Elle semblait vouloir s'impliquer dans votre enquête, souleva Jean.

- Non, elle a eu une journée suffisamment rude, il vaut mieux lui éviter cela. De plus, ce sera peut-être une impasse. Je préfère qu'elle se repose pour l'instant.

- Nous aurions dû emporter une lanterne, la nuit sera bientôt sur nous et nous ne pourrons plus discerner aucune trace.

- J'ai ce dont vous avez besoin, messieurs.

Catherine se trouvait derrière eux. Ni l'un ni l'autre ne l'avait entendue arriver.

- Catherine ? Mais que faites-vous là ?

- Je sortais prendre l'air quand je vous ai aperçus partir dans cette direction. Il fallait que je sache ce qui se tramait. Alors ? Qu'avez-vous trouvé de neuf ?

Richard lui résuma son entrevue avec Madame Bocquée et ses premières conclusions. Elle écouta attentivement.

- Voilà pourquoi je veux vérifier que ces empreintes se dirigent bien vers la maison de la sorcière. Regardez : en voici une.

- Le travail ne serait-il pas plus simple à l'aide de pelles ou de balais ? S'enquit Catherine.

- Il nous faudra faire preuve de précautions mais effectivement nous pourrions gagner du temps. Beaucoup de temps, maintenant que j'y pense. Enfin, maintenant que vous y pensez, je veux dire.

- Je l'entendais bien ainsi.

Richard et Catherine redescendirent tous deux en chercher, laissant à Jean le soin de suivre la piste des empreintes.

- Il n'a pas l'air dans son élément, ici, le tavernier, fit remarquer Catherine.

- Non, mais il reste motivé. Je me demande s'il accepterait de dormir chez la sorcière, après tout, la maison est vide et je ne...

- Vous n'êtes pas sérieux, n'est-ce pas ?

- Euh, je...ah nous y sommes, vous êtes sûr que votre mère acceptera que nous empruntions cela sans poser de questions ?

- Je ne vais pas lui demander, elle est déjà assez secouée ainsi. Je vais passer par derrière. Attendez-moi, ici.

- Vous savez, vous pouvez rester avec elle, si vous voulez. Je comprendrais tout à fait que vous préfériez vous reposer.

- Richard, c'est à moi de décider et je préfère vous accompagner. Plus nous sommes, moins nous risquons de manquer quelque chose d'important.

- Vous avez raison, le choix vous appartient.

- Cela est tout décidé. Je reviens dans deux minutes.

Ils reprirent la route tandis que le soir s'annonçait déjà.

- Au fait, pour hier soir, je ne voulais pas...

- Non, c'est ma faute, je n'étais pas moi-même, après toutes ces émotions et cette poursuite dans la ville. J'ai agi impulsivement. J'ai cru que...enfin, n'en parlons plus.

Il ne demandait pourtant qu'une nouvelle chance de l'avoir dans ses bras et reprendre là où ils s'étaient arrêtés. Apparemment, ce ne serait pas pour tout de suite. Ils retrouvèrent Jean qui avait progressé bien plus vite qu'ils ne l'auraient pensé, tous les deux. Il avait cependant l'air satisfait de recevoir de l'assistance. Catherine reçut pour mission de tenir la lanterne alors qu'elle répétait qu'elle voulait participer. Elle se sentait exclue et, surtout, pensait qu'elle mettrait un peu plus de cœur à l'ouvrage qu'eux. Mais leur fierté les empêchait de laisser une demoiselle se salir les mains. Ils le regrettaient tous les deux intérieurement car au bout de cent mètres, ils en avaient déjà leur dose.

- Dites, je vois que vous ne suivez qu'une seule trace, en avez-vous vu une seconde au début ? demanda Catherine.

- Non, vous avez raison, c'est étrange.

- Et cette trace ne vous semble-t-elle pas peu profonde que ce soit pour l'un ou pour l'autre ? Le sol était trempé ce jour-là et d'après ce que j'ai vu et vos descriptions, ils doivent peser leur poids ces gaillards.

- Vous pensez que...

- Je ne sais pas encore. Tout ce que je sais c'est que j'ai hâte d'arriver à destination et de voir ce que nous allons y découvrir, répondit-elle. Si nous y trouvons quelque chose, ajouta-t-elle pour elle-même.

Cela les motiva commeelle l'avait espéré. D'un autre côté, elle commençait à douter. Qu'elle croitou pas qu'ils trouvent quelque chose, dans la demeure, en ce moment, elle avaitvraiment hâte d'arriver pour se mettre à l'abri du vent glacial qui la gelait àtravers ses vêtements.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now