XXV La Taverne

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Ils se dirigèrent donc vers un des témoins qu'Ernest leur avait proposé. Il s'agissait d'un tenancier de taverne, il avait apporté vin et bière au mariage. La taverne en elle-même était assez grande, un large escalier au centre et au fond de la pièce conduisait à l'étage qui était formé d'un balcon menant à ce qui devait sans doute être des chambres. Les murs étaient ornés d'armes anciennes et récentes et de centaines de bibelots en tous genres. Derrière le bar, se trouvait un homme robuste muni d'une large moustache à l'air peu commode. Richard se dirigea directement vers lui.

- Bonjour

- Bonjour, que puis-je vous servir ?

- Une bière.

- Un thé pour moi, s'il vous plaît, demanda Catherine.

L'homme se mit à rire. Richard aussi.

- Je ne vois pas ce qui vous fait rire, mon lapin.

Il s'arrêta net. L'homme au comptoir qui n'avait pas que cela à faire lui expliqua très calmement :

- Je ne sais pas où vous vous croyez, ma charmante petite demoiselle, mais on ne fait pas de cela ici. Va falloir choisir autre chose.

- Un verre de vin en ce cas.

- A la bonne heure !

- Au fait, l'ami, j'aimerais savoir, vous êtes bien le patron ?

- Non, l'patron l'est à la table près du feu là-bas.

L'homme en question était attablé avec une charmante dame et ne semblait pas avoir envie d'être dérangé mais Richard et Catherine n'avaient pas de temps à perdre.

- Jean Honoré ?

- Qui le demande ?

- Nous enquêtons sur un meurtre qui aurait eu lieu à...

- Du calme, du calme, je vous arrête tout de suite. Dans cette histoire, tout ce que j'ai fait, c'était vendre une arme à Norbert, je ne pouvais pas savoir qu'il allait s'en servir pour...

- Nous ne sommes pas là pour cela.

- Ah ?

Il semblait réfléchir à d'autres magouilles dans lesquelles il aurait pu tremper qui auraient pu mener des enquêteurs chez lui. Richard se douta qu'il devait y en avoir quelques-unes. La fille à côté du tavernier partit, elle sentait bien que quelque chose de sinistre flottait dans l'air et ne voulait pas y être mêlée. Une fois qu'elle fut loin, Jean commença à s'intéresser à Catherine. Ce n'était évidemment pas du goût de Richard mais il ne pouvait pas trop protester : l'homme, en plus d'être sans doute leur seule chance de témoigner contre Letisserand, portait une arme à la ceinture et quelque chose dans son assurance montrait qu'il savait s'en servir... et qu'il l'avait sans doute déjà fait auparavant. Elle ne semblait pas non plus insensible à son charme. Richard ne voyait vraiment pas pourquoi. Il trouvait qu'il avait une véritable tête d'abruti.

Ils restèrent une bonne heure à exposer les évènements de ces derniers jours à Jean qui en échange leur donna ce qu'ils attendaient :

- Ouais, c'est sûr qu'il s'est passé un truc louche, je l'ai vue, la tête éclatée sur les pavés et j'ai remarqué qu'il y avait des signes de coup, de plus, c'était une vieille bigote de première, pas le genre à se jeter d'elle-même dans le vide. Et c'est vrai que le mari s'est hâté pour nous dire qu'il s'agissait d'une horrible tragédie, un suicide incompréhensible et tout et tout... Je serai complètement honnête et franc avec vous : l'homme avait l'air d'être fou, je ne m'y frotterais pas trop à votre place. Il est très riche en plus d'être fou. Cela peut donner bien des choses, ce curieux mélange.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now