X La Fuite

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Elle courait, enveloppée par sa cape noire, vers sa demeure qu'elle devrait quitter au plus vite, elle le savait. Elle n'avait aucune idée du sort qu'avait subi ce sale type mais ne voulait pas être sur place s'il devait se remettre de son malaise. Elle avait vu de quoi il était capable auparavant. Et s'il était mort, l'aubergiste pourrait témoigner contre elle. Dans tous les cas, elle devait partir rapidement.

Il était très tard mais Soupart avait décidé de se promener car il ne trouvait pas le sommeil. C'est ainsi qu'il aperçut la silhouette qu'il connaissait si bien se faufiler vers sa maison. Il entra trente secondes après elle.

- Fermez la porte, vite, lui dit-elle.

- D'accord mais que se passe-t-il ? Vous avez l'air bouleversée.

Elle était essoufflée, elle avait de la boue sur ses vêtements et paniquait complètement. Ursmer n'aurait jamais pensé qu'il l'aurait vu un jour comme cela.

- Je n'ai pas le temps de vous expliquer mais je dois partir. Et vite !

Il ne chercha pas plus le motif de son départ mais sut que le moment fatidique était arrivé. Il lui répondit mélancoliquement :

- C'est donc l'heure de notre adieu, lui demanda-t-il en la regardant tristement dans les yeux. N'est-ce pas ?

- Je suis tellement désolée, si vous saviez.

Ils virent la détresse dans le regard de l'autre. Elle l'embrassa comme jamais elle ne l'avait embrassé car elle savait que ce serait le dernier baiser qu'ils échangeraient sans doute, avant qu'elle ne quitte la vie qu'elle avait mis tant de temps à trouver.

- Où partez-vous ?

- Je ne le sais pas encore... Et si vous veniez ? Quand on ne sait pas où on va, n'importe quelle route y mène. Nous pourrions commencer une nouvelle vie, juste vous et moi. Loin de mon passé, loin de votre femme, loin de tout ce qui nous sépare. J'ai déjà tout recommencé à partir de rien, je suis disposée à le refaire avec vous.

Il la regarda avec un air sombre. Elle sut ce qu'il allait dire avant qu'il n'ouvre la bouche.

- Je ne peux pas, pas maintenant. Je dois au moins marier ma fille. Je ne peux pas la laisser comme cela. Mais je pourrai vous rejoindre après.

- Et comment ferez-vous si moi-même je ne sais pas où je vais ?

Elle marquait un point. Mais il en fallait plus pour décourager Ursmer. Il réfléchit et mit un petit plan au point :

- Envoyez-moi une lettre dans six mois, ce sera suffisant pour botter le train de Richard suffisamment fort pour qu'il demande ma fille en mariage et que j'organise la cérémonie. Signez-la du nom de Rose, une de mes cousines que ma femme a toujours détestée. Je ferai croire que je vais lui rendre visite. Elle n'insistera pas pour m'accompagner, j'en mettrais ma main au feu. Tout le monde pensera que j'ai simplement eu un pépin pendant le voyage. Je tenterai d'en mettre l'un ou l'autre dans le coup pour avoir des nouvelles de ma fille.

- Six mois cela me paraît suffisant mais aussi horriblement long quand j'y pense. Je ne sais pas si je le supporterai.

Elle avait toujours été maîtresse d'elle-même, de ses émotions mais là, le masque tombait. Elle était vraiment terrifiée et vulnérable. Malgré cela, il ne put lui répondre autre chose que :

- Il n'y a pas d'autre choix. Je regrette, ce sera très dur mais je ne peux pas les abandonner définitivement ainsi.

- Très bien, je n'ai plus le temps de discuter. J'ai assez d'argent pour survivre jusque-là, je prends quelques vêtements et de la nourriture. Je pars tout de suite. Je ne peux attendre plus longtemps. Dans ma lettre, je vous donnerai des indications pour récupérer quelques choses ayant une valeur assez importante mais dont je ne peux m'embarrasser pour l'instant.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now