XXII La Fouille

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Ils n'avaient pas fait dix pas hors de l'auberge qu'ils furent accostés par une femme qui semblait très légèrement vêtue en dessous de son manteau. Catherine n'eut aucun mal à deviner sa profession. Ce qui rendit ce constat très désagréable, c'était que Richard semblait très bien la connaître. Trop bien, à son goût, en tout cas. Elle attendit patiemment de voir ce que cette femme pouvait bien avoir à lui dire avant de porter de jugement à son encontre.

- Nathalie ! Comment allez-vous ?

- J'essaye de survivre. Je vois que vous avez laissé tomber ce malheureux Ernest pour une partenaire ayant... beaucoup plus de charme !

- Oh ! Catherine n'est pas ma partenaire. C'est juste une amie qui m'aide sur l'enquête que je mène pour l'instant.

Si ce commentaire ne la ravit pas du tout, Catherine tenta de le cacher du mieux qu'elle le put. Elle serra la main que Nathalie lui tendait. Même si elle aurait largement préféré lui faire manger ses cheveux. Elle parvint même à esquisser un faux sourire.

- Enchantée, dit-elle, tu parles, ajouta-t-elle en son for intérieur.

- Tout le plaisir est pour moi, dit Nathalie.

Je ne te contredirai pas là-dessus, ma vieille, pensa-t-elle. Richard prit la parole :

- Je vais justement voir ce cher Goulin, je vais avoir grand besoin de me plonger dans les archives. J'ai de la chance qu'il y ait été affecté.

- Oui, c'est un boulot assez tranquille mais cela me manque beaucoup de ne plus vous voir en action, tous les deux.

Vous voir en action, tous les deux ? Mais qu'avait-elle bien voulu dire par là, s'interrogea Catherine.

- Moi aussi, de temps à autre.

Tiens donc ?

- Bien, vous savez où me trouver si vous avez besoin de moi, Richard. À bientôt, j'espère et bonne chance pour votre enquête.

- À bientôt, Nathalie.

Catherine attendit qu'elle soit loin pour questionner Richard à son sujet. Elle tenta de paraître la plus détachée possible.

- Elle avait l'air... gentille, cette fille.

- Oui, c'est un ange.

À ce point ! Ah, les hommes...

- Vous voulez dire que, vous deux, vous...

- Oh, non pas le moins du monde !

- Il m'avait pourtant semblé que vous étiez assez proches.

- Sa contribution dans maintes affaires fut déterminante. Les prostituées peuvent avoir accès à des informations tout à fait essentielles. Mais pourquoi toutes ces questions ?

- Oh, vous savez, je suis curieuse, c'est tout.

C'était donc la raison de ce « si vous avez besoin de moi ». Ne t'inquiète pas ma fille, nous nous débrouillerons très bien, seuls.

- Il faudra que nous la voyions dans un endroit moins fréquenté pour lui parler de notre cher avocat, d'ailleurs. Enfin, sauf si cela vous dérange, bien sûr.

- Non, en quoi cela me dérangerait-il ?

Mieux valait être avec lui pendant la rencontre, on ne sait jamais. Elle restait quand même un peu sceptique face à la nature platonique de leur relation.

Il n'y avait que deux jours que Richard était parti de Mons mais tout ce qui s'était passé depuis lui donnait l'impression que cela faisait plus d'un an qu'il avait vidé ces quelques chopes avec son ami à la taverne.

Le Bûcher de la SorcièreWhere stories live. Discover now