VIII Le Départ

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- Partir ? Mais pourquoi ?

Elle s'affairait à préparer un sac. Il essayait de ne pas paraître désespéré mais savait bien qu'il ne l'abuserait pas.

- Très cher, il est des choses que je préfère ne pas vous dévoiler. Et, voyez-vous, il se trouve que celle-ci en fait partie.

- Quelle excuse pratique !

- N'est-ce pas ?

- Dites-moi au moins pour combien de temps.

- Je l'ignore. J'espère que les choses ne s'éterniseront pas. Et je ferai en sorte que ce ne soit pas le cas. Après ceci, notre adieu ne sera peut-être plus une fatalité.

Il était encore moins renseigné que si elle n'avait rien dit. Peut-être était-ce fait exprès pour l'embrouiller, après tout. Leur adieu était la chose qu'il redoutait plus que tout et la perspective de ne plus devoir passer par là suffisait à lui faire avaler l'amère pilule de l'éloignement qui se profilait.

- Comment allez-vous...

- Ecoutez-moi bien : moins vous en saurez, mieux vous vous porterez.

Elle était énervée, effrayée et l'entendre poser autant de questions auxquelles elle n'avait nulle réponse ne l'aidait vraiment pas.

- C'est tout ce que vous avez trouvé ?

- Votre intention est-elle de gâcher notre dernier moment ensemble avant mon départ ?

Elle gagna. Comme toujours. Il arrêta de la presser de questions et ils profitèrent une dernière fois de sa présence à Strépy avant leur séparation. Elle était habillée de manière très élégante comme à son arrivée. Il était sûr maintenant qu'elle avait appartenu à la classe noble ou au moins à la haute bourgeoisie et qu'elle avait fui quelque chose. Ou quelqu'un. Apparemment, cela l'avait rattrapé mais il n'y avait aucun moyen de la faire parler. Elle était forte. Elle était subtile. Il ne pouvait pas lutter. Il sortit de chez elle en colère contre la Terre entière. La première chose qui lui vint à l'esprit fut de passer ses nerfs sur son assistant.

- Delplanche, tu as encore ta petite carriole ?

- Oui, monsieur.

- Il faudrait que tu transportes la nouvelle jusqu'au Roeulx, demande deux chevaux à ce radin de Secquegneau.

- Pourquoi moi ?

- Pourquoi pas ?

- Bon,... c'est urgent, monsieur ?

Il s'était rendu compte que son ton ne plaisait pas trop à son chef.

- Faut lui demander, je ne suis pas son confident.

- Dans le fond, c'est quand même mieux que ce soit avec elle qu'avec la grosse Micheline si vous voyez ce que je veux dire !, dit-il en souriant mais vu la tête d'Ursmer, il comprit que la plaisanterie n'était pas à l'ordre du jour.

- Tu as fini ?

- Euh, oui monsieur excusez-moi, je croyais que...

- Va chercher ta foutue carriole !

Delplanche n'était peut-être pas brillant mais il comprit qu'il valait mieux s'arrêter là. Il alla donc chercher les chevaux chez Secquegneau. Mais, malheureusement pour lui, celui-ci avait déjà un visiteur.

- Et moi je te dis que la pisse de tes vaches galeuses a meilleur goût que cette bière ! dit Gondry.

- M'étonne pas que t'en connaisses le goût c'est toujours mieux que la soupe aux poireaux avariés de ta femme, pas vrai ?

Le Bûcher de la SorcièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant