XXI La Traque

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Richard se leva très tôt ce matin-là. Il tenta bien de manger quelque chose mais son estomac se révolta à cette pensée. Il était effrayé à l'idée de s'attaquer à un personnage qui était bien trop important pour lui. Il ne voulait pas retourner en prison pour ne pas avoir commis un plus grand crime que celui de bien faire son travail. Mais cette enquête était commanditée par Catherine, ce qui le motivait bien plus que de simplement restituer des bijoux à une nantie. Il pensait même discuter avec Dolliet pour qu'il lui apporte de l'aide mais il se rendit vite compte que cela ne servirait à rien, autant parler à un mur. Il était trop têtu que pour entendre ses arguments.

Quand il sortit, il prit la décision de passer devant chez Catherine, en pensant que l'apercevoir lui redonnerait un peu de courage. En sortant, il vit Delplanche, Gondry, Secquegneau, Duriau, Coppée et Monoyer.

- Salut à tous. Où allez-vous ?

- Porter nos condoléances à Catherine, répondit Delplanche.

- Je ne sais pas si c'est vraiment le moment...

- Il faut bien qu'on y aille, répondit Gondry, cette gamine nous connaît depuis toujours, cela lui fera sans doute du bien de s'apercevoir que nous sommes là pour elle, dans un moment aussi pénible.

- D'accord mais Secquegneau et vous, épargnez-lui votre petit spectacle, elle est déjà assez déprimée ainsi, n'en rajoutez pas.

- Malgré le fait que t'aies passé toute la soirée rien qu'avec elle ? dit Secquegneau, un sourire au coin des lèvres.

Ce type n'avait pas ses yeux dans sa poche, il fallait au moins lui laisser cela. Il se doutait que cela allait jaser s'il ne coupait pas court aux ragots.

- Il ne s'est rien passé.

- Personne n'a dit cela, Richard, enfin, à part toi, bien sûr.

Les autres se contentaient de regarder, amusés, comment Richard allait s'en sortir. Ils savaient que cela pourrait être intéressant.

- Je l'ai juste consolée, c'est tout.

- Ecoute, gamin, je pense que c'est toi qui devrais un peu la lâcher. Ce n'est pas le moment d'en profiter, tu sais.

- Je n'avais pas l'intention de...

- Non, bien sûr.

- Mais je...

- Allez, salut Richard. C'était un plaisir de discuter avec toi mais nous avons d'autres choses à faire, ce matin.

Sur ce, ils le quittèrent. Comme ils se dirigeaient vers la demeure des Soupart, il allait devoir prendre une autre route.

- Bande de débiles, dit-il une fois qu'ils furent hors de portée.

Il prit la direction du Roeulx. En chemin, il repassa devant l'endroit où le Maïeur était mort, à peine quelques centaines de coudées le séparait du marronnier où l'on avait brûlé la sorcière. Une rage l'envahit. Toutes ces vies perdues par la faute d'un seul homme lui revenaient en tête. Il n'avait plus peur. Il se disait même qu'il devrait se contenir pour ne pas lui régler son compte dès qu'il le verrait.

Il arriva au Roeulx peu avant neuf heures. Tout avait l'air si paisible, si normal, si naturel. Strépy avançait au ralenti après cette tragédie mais, ici, rien ne semblait différent. Il entendit le bruit d'une charrette sur les pavés, c'était un marchand ambulant. C'était un peu naïf mais il avait de la peine à croire que Le Roeulx accueillait le marché comme si rien ne s'était produit.

Il se dit que le temps en ferait de même pour Strépy. Il se rendit compte qu'il était tellement absorbé par ses pensées qu'il en oubliait presque pourquoi il était venu.

Le Bûcher de la SorcièreHikayelerin yaşadığı yer. Şimdi keşfedin