Que personne n'avait mentionné.

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Les bras serrés autour de son oreiller, Marie se rendit compte qu'elle bavait lorsque sa porte calqua contre le mur. Le sommeil lui était venu tardivement mais il semblait que le réveil se destinait à être matinal. Le réflexe de l'homme de paille s'activa sans attendre ; l'encodage surhumain qui vous pousse à vous dresser à peine éveillé face à une intrusion, sans pour autant vous donner les moyens de vous réveiller réellement. Clignant des yeux, elle s'essuya vainement le visage du dos de la main, étalant plus qu'elle n'essuyait.

« Je t'attendrais à l'arène des combattants dans une heure. Ne sois pas en retard. »

Plissant les paupières, elle mit un certain temps avant de reconnaître le chef de la garde obsidienne. Le métis musculeux aux longs cheveux blancs et aux yeux d'ambre. Basculant presque de son lit, elle chercha à tâtons la couette enroulée autour de ses pieds pour s'en libérer. Mais il était trop tard, le gardien claquait déjà la porte et elle ne put lui demander où se trouvait cette arène qu'il venait de mentionner.

Vacillant sur ses jambes encore endormies, la dryade attrapa des vêtements propres dans son armoire. Pivotant vers la porte, elle enchaîna les enjambées dans l'espoir de voir son nouveau mentor au détour d'un couloir, mais il avait disparu. Dépitée, elle se dirigea vers les bains pour se préparer rapidement. Feydra, la gérante, lui indiqua que son lieu de rendez-vous se trouvait au Bastion d'Ivoire.

« Où est-ce que c'est ?

- Tu n'y es jamais allée, s'étonna la slime. Ce sont les locaux des obsidiens. Chaque garde a ses propres infrastructures, où les autres gardiens ne peuvent se rendre.

- Mais où est-ce que ça se situe ? s'agaça la dryade.

- Ne me presse pas, houspilla la femme gélatineuse. »

L'air concentré, cette dernière tapotait des doigts contre la peau de ses bras, laissant des filaments bleutés et visqueux se former en rythme.

« Les abords de la forêt abritent le verger aux mandragores des absynthes. Mais est-ce le côté gauche ou droit pour le Bastion ?

- Tu parles de la forêt à l'extérieur de la cité ?

- Oui, il faut sortir à l'extérieur. Les salles d'entraînement internes au QG ne suffiraient pas à accueillir tous les combattants. »

Marie intégra cette information avec intérêt, elle aurait dû se douter qu'une armée entière ne pouvait pas s'entraîner dans la salle où elle avait suivi Balgard à de nombreuses reprises. Il lui restait une quarantaine de minutes avant d'être en retard, mais, impossible d'obtenir davantage de Feydra qui fut incapable de se souvenir de la localisation exacte de son point de rendez-vous. Se dirigeant vers l'extérieur, elle jaugea rapidement les passants sans trop savoir à qui s'adresser.

Un vieillard bossu, coiffé d'une paire d'antennes, ne lui donnait pas envie. Une femme, à priori nue en pleine foule, était entièrement composée de flammes et semblait inutilement dangereuse.

C'est alors que son regard tomba sur une jeune fille à la coiffure perturbante, mi-noire d'un côté, mi-rose de l'autre ; sa chevelure à la raie parfaitement tracée était nouée en deux nattes tombantes. Ce fut cependant tout autre chose qui décida la dryade à marcher à sa rencontre. Un sourire sournois étirait les lèvres de la demoiselle bicolore, il était évident que tout en elle criait qu'elle n'était qu'une sale fouineuse. Et la faelienne avait besoin de gens comme ça. Elle n'aimait pas spécialement les fouineurs, pas autant qu'elle aimait l'être, mais ils pouvaient s'avérer utiles.

S'approchant d'un air nonchalant, Marie aborda la gardienne avec son sourire le plus innocent.

« Bonjour, je suis à la recherche du Bastion d'Ivoire. Est-ce que tu pourrais m'indiquer où il se trouve ? »

Quand les choses s'écorçent.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora