Le brouillard nous cerne.

48 7 0
                                    

Assise en tailleur, le coude planté au milieu de la cuisse et la tête enfoncée dans la paume de sa main, Marie réfléchissait à même le sol de sa chambre. La kraken lui avait donné une piste, il fallait qu'elle se rende auprès des Purrekos pour leur soutirer des informations.

C'était là tout le problème.

La dryade était de nouveau séquestrée au cœur du quartier général, en mauvais termes avec Chris alors que Balgard avait fait de lui son unique voie de sortie. Secouant la tête, elle fit un recalibrage de ses possibilités. Le lézard ne lui en voulait peut-être pas. C'était elle qui lui en voulait, ce qui sous-entendait que jouer la comédie en minaudant pour sortir restait envisageable. Énervée par la perspective de se rabaisser à un tel jeu, il lui fut néanmoins impossible de penser à un meilleur plan.

Soufflant brusquement par le nez, la jeune fille décida de se rendre aux bains. Descendant dans les entrailles humides de la terre, ses vêtements volèrent dès son arrivée dans le vestiaire avant qu'elle n'attrape une serviette pour s'en recouvrir. Tendant l'oreille, deux voix féminines lui parvinrent. Saan se trouvait dans l'eau comme à son habitude hors des heures d'entraînement mais Nwo n'était pas de la partie. Son interlocutrice n'était autre que Feydra, la femme gélatineuse. Parfois, l'apprentie obsidienne se demandait pourquoi personne ne venait dans ces bains à part les deux sœurs et quelques occasionnelles, mais sa réflexion fut rapidement interrompue.

« Alors, Marie, comment se passe ta réconciliation ? questionna la sirène, un grand sourire sur le visage.

- Ton conseil était stupide, rétorqua la faelienne d'un ton acide. »

Clignant des yeux, l'albinos fixa la slime quelques instants avant de s'exclamer d'un air joyeux.

« Tu l'as embrassé ? Pourquoi est-ce que ça s'est mal passé alors ?

- Sa langue était peut-être trop fourchue, plaisanta Feydra.

- Ou alors est-ce qu'il avait mauvaise haleine ? renchérit Saan. »

Ulcérée par ces remarques stupides, la dryade se contenta d'aller s'installer pour se récurer. C'était sans compter sur la ténacité de la femme poisson qui, voyant qu'elle ne recevait pas de réponse, décida de reprendre sa potion pour marcher jusqu'à Marie. Cette dernière poussa un cri de surprise quand la lefkitis s'accrocha à ses épaules pour la retourner, un air goguenard peint sur ses traits.

« Inutile de m'ignorer. Il ne fallait pas me dire ça en premier lieu, argua-t-elle.

- Il n'y a rien à dire.

- S'il n'y avait vraiment rien à dire, tu ne serais pas en train de bouillir. Même si Nwo est plus intuitive que moi, je ne suis pas aveugle. Qu'est-ce qu'il a fait ? demanda-t-elle de nouveau. »

Soupirant longuement, la jeune fille se dit qu'une demi-vérité serait sans doute suffisante.

« Il m'a menti. Il m'a repoussée. Et ensuite, il a cru que j'allais tout oublier comme si ce n'était rien.

- Gifle-le, et après ça vous serez quitte.

- Tes solutions ne sont pas fiables.

- Mais elles ont le mérite de faire du bien. Tu es déjà en froid avec lui d'après ce que je vois, la gifle est un moyen de communication comme un autre.

- Au pays des barbares, sans doute.

- La douceur ne fait pas toujours ses preuves. »

Incapable de continuer cette conversation, Marie balaya ces remarques d'un geste de la main.

« Je pense que la faelienne a raison Saan, ça ne me parait pas des plus utiles comme réaction, répondit Feydra du vestibule où elle pliait des serviettes propres. Peut-être qu'en l'embrassant de nouveau avec fougue, ou bien...

Quand les choses s'écorçent.Where stories live. Discover now