Quand les choses s'écorçent.

Et qu'il vaut mieux éviter.

Un filet de sueur coulait le long de son dos tandis que la jeune fille regardait Balgard hurler à la porte du lézard. Il allait être dans une colère inarrêtable lorsqu'elle devrait avouer son mensonge. Si le saurien n'avait pas voulu lui ouvrir, il fut bien plus coopératif lorsque le maître obsidien lui ordonna de le faire. Fermant les yeux, Marie s'ordonna de trouver une solution rapide avant que tout tourne au fiasco. Réfléchir. Elle devait réfléchir vite et bien. Posant sa main sur le bras de Balgard, elle revêtit son masque le plus sérieux.

« Laissez-moi lui parler, seule à seul.

- Hors de question que je te laisse seule avec ce... »

Les mots semblaient manquer au colosse alors que Chris lançait un regard froid à Marie.

« Alors restez derrière la porte, comme ça je pourrais vous appeler si j'en ai besoin. S'il vous plaît. »

Finissant par céder, il la laissa passer sans oublier de lancer un dernier avertissement.

« Si tu lui fais quoique ce soit, étincelant ou pas, je t'arrache la tête. »

Difficile de savoir s'il était réellement sérieux ou pas, mais mieux valait ne pas tenter le diable. Poussant Chris à l'intérieur, la dryade fut soulagée de refermer la porte.

« Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? siffla le lézard entre ses dents serrées. »

Son énervement réveilla celui de Marie qui, pleine de mauvaise foi, décida de reporter la faute sur lui.

« Tu n'avais qu'à m'ouvrir et je n'aurais pas eu besoin d'en arriver là pour entrer.

- Qu'est-ce que tu as fait exactement ? »

Les pupilles du saurien étaient si fines qu'il aurait tout aussi bien pu ne pas en avoir. Soudain, Marie ne se sentait plus aussi sûre d'elle à l'idée d'expliquer le mensonge servi à Balgard.

« Je n'ai pas vraiment menti mais disons que je n'ai pas démenti ce qu'a cru comprendre Balgard.

- Et qu'est-ce qu'il a compris exactement ? »

Rougissant soudainement, la jeune fille se rappela que Chris était plus vieux qu'elle. Lui était déjà adulte et travaillait. Son histoire allait sans doute tout faire sauf le faire rire. Il y avait peu de chance qu'il le prenne à la rigolade.

« Chris, je suis désolée. Je crois que j'ai fait une bêtise, avoua-t-elle avec gêne. Je commence à avoir un peu honte finalement.

- Tu vas me dire ce que tu as raconté à la fin ? s'énerva-t-il.

- Tu ne te fâcheras pas trop ? Parce que ce n'est pas très joli à raconter, autant que tu le saches.

- Grand Cristal Marie, qu'est-ce que tu as dit à Balgard ? »

Fermant les poings et les yeux pour se donner du courage, Marie se jeta à l'eau.

« Je... enfin j'ai dit que tu avais eu un comportement douteux. Mais je ne pensais pas à mal, c'est Balgard qui a compris de travers. Du coup, je...

- Tu quoi ?

- Je lui ai dit que tu m'avais... enfin...

- Grand Cristal, laissa-t-il échapper d'une voix blanche. »

Ouvrant la porte à la dérobée. Le lézard demanda à l'homme fauve de les rejoindre. Il n'avait suffi que de quelques phrases avant qu'un rugissement de colère résonne. Et une nouvelle fois, la dryade se retrouva enfermée dans les cachots, sans même avoir pu demander à Chris ce qu'il s'était passé pour qu'il ait un comportement si étrange. Au moins, cette fois-ci, ses vêtements étaient beaucoup plus chauds. C'était la fameuse date à laquelle elle devait rencontrer les faeliens mais elle n'était pas sûre qu'on la laisse les voir un jour à ce train-là. Enchaîner bêtise sur bêtise était devenu un art à son niveau. Si elle avait été sur Terre, faire une chose pareille ne lui aurait jamais traversé l'esprit, alors pourquoi ? Peut-être parce qu'il fallait qu'elle ressente des émotions fortes ? Ses émotions lui étaient tellement étrangères ces derniers temps. Il fallait que la jeune fille se replonge dans la réalité, mais elle ne faisait que perdre pied.