Il est temps de concocter un nouveau plan.

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Vulnérable.

C'était le mot le plus approprié pour désigner la dryade à cet instant. Serrant son cristal de lumière comme un talisman alors que de grosses larmes coulaient sur ses joues ; elle donnait l'air d'être une enfant. La confusion et le désarroi enserrant son cœur, aucun mot ne parvenait à glisser entre ses lèvres. Seul le bruit de ses sanglots étouffés résonnait dans la pâle lueur du couloir où se trouvait la jeune fille. Face à elle, le saurien ivre de colère quelques instants plus tôt ne savait plus quoi penser. C'est le grincement d'une porte s'ouvrant, probablement pour inspecter d'où provenaient les pleurs perturbant le repos d'un gardien quelconque, qui le décida à tirer la faelienne à l'intérieur.

La chambre plongée dans un noir quasi parfait n'avait pour seule source de lumière que la lueur timide du cristal vert. Peu importait le nombre de fois que Marie le rejetait, c'était peut-être bien ce cristal qui l'amenait à reconsidérer la possible existence d'un attachement profond entre eux. Tirant avec douceur la dryade par l'épaule, il l'emmena jusqu'à son lit pour l'y asseoir et elle se laissa faire docilement. Le lézard la regarda longuement en se contentant de rester à ses côtés, n'ayant aucune idée du mal-être qui la rongeait. Mais la jeune fille le sentait auprès d'elle et c'était suffisant.

De longues minutes s'étirèrent avant que les larmes cessent de couler, seuls quelques reniflements attestaient que les pleurs avaient bien eu lieu.

« Tu veux un mouchoir ? demanda le saurien avec prévenance. »

Hochant la tête, la faelienne ferma les yeux quand Chris activa un cristal, bien plus gros que celui qu'il lui avait offert, nimbant la pièce entière d'une lueur blanche. Il fouilla dans une commode, ne trouvant ce qu'il cherchait que dans le second tiroir après avoir sorti quelques chaussettes dépareillées. La jeune fille ne put s'empêcher de rire doucement face à cette scène cocasse. Prenant le mouchoir en tissu avec reconnaissance, elle se moucha avec bien peu de grâce mais peu importait.

« Est-ce que tu vas m'expliquer ce qui t'as mise dans cet état ? Rassure-moi, ce n'est pas... commença-t-il d'un air gêné sans oser finir sa phrase.

- Non, ce n'est pas à cause de ce que tu m'as dit plus tôt. Mais je mentirais en disant que ça ne m'a rien fait. »

Car c'était le cas, l'entendre exposer oralement qu'elle s'était servie de lui sans aucune considération était une vérité difficile à digérer. Se rasseyant à ses côtés, l'étincelant la dévisagea avec inquiétude.

« Alors quoi ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »

La mise en garde d'Ahaztu dansait dans son esprit mais pouvait-elle se permettre de garder tous les gardiens loin de son cœur ? Chris ne serait pas une menace de son propre chef, c'était tout ce qu'elle avait besoin de croire. Marie avait besoin de croire en quelqu'un qui pouvait être proche d'elle. Dire la vérité était peut-être un piège. Si seulement... si seulement ce n'était pas le cas. Les choses seraient tellement plus simples.

« Si je parle, je vais te mettre en difficulté. Je sais des choses que tu ne veux pas savoir, déclara-t-elle sans oser le regarder.

- Je sais beaucoup plus de choses que tu ne le crois.

- Est-ce que tu es d'accord avec tout ce que tu sais ? »

Soupirant longuement, Chris n'avait pas spécialement envie de retomber dans une de leurs éternelles discussions stériles à propos de l'obéissance et du libre arbitre.

« Je n'ai pas mon mot à dire sur ce qui est décidé au-dessus de moi. Je suis un soldat. »

Profondément frustrée par cette réponse, la dryade se doutait néanmoins qu'aucune autre ne serait prononcée.

Quand les choses s'écorçent.Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu