Bien plus que ce qu'elle pensait.

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Marie ne savait plus où poser les yeux.

Si le quartier général n'était pas des moins impressionnants, le Bastion l'était d'avantage. Le faste des bâtiments, tels des cathédrales s'élevant en plein cieux, aurait pu sembler inapproprié mais il n'en était rien. Tout semblait simplement majestueux.

Une bibliothèque au nom ancien, le Compendium, était bâtie au cœur d'une roche marbrée au maillage d'or. De grandes tours se dressaient fièrement, des statues gigantesques d'anciens guerriers coiffant leurs sommets. Une gigantesque forge contenant moult éléments de toutes sortes. Il s'y trouvait de la lave coulant à flots dans de grands canaux capables de résister à cette chaleur impitoyable.

Mais le plus étonnant restait cette impressionnante quantité de gardiens, profondément marquée par le respect, partout où cet homme doté de quelques années de plus qu'elle passait. La dryade n'avait eu l'occasion de croiser le chef de sa garde qu'à de rares occasions, uniquement lorsqu'il se tenait auprès de ses pairs dirigeants. De fait, elle n'avait jamais mesuré à quel point cet homme discret savait naturellement imposer le respect autour de lui. Il ne parlait presque pas, lançant uniquement quelques mots pour indiquer tel ou tel fait important. Pourtant, personne ne lui posait de question. Chacun semblait savoir instinctivement quoi répondre à chaque type de regard ou de moue interrogatrice que pouvait arborer le maître des Obsidiens.

« Nous allons passer par la cour initiatique.

- Nous n'allons pas à l'arène ? l'interrogea la faelienne, un peu perdue. »

Mais il ne répondit pas, se contentant de la guider au travers de l'immense dédale qui lui était encore inconnu. Longeant un sentier de pierres plates, ils se dirigèrent vers un nouveau bâtiment à l'allure grandiose. Deux immenses portes de bois s'ouvrirent avec fracas à l'approche du métis, d'une main levée, il ordonna de faire sonner les cloches du clocher les surplombant. Un soudain brouhaha agita tout le Bastion dans l'instant qui suivit. L'immense salle fut remplie à craquer au bout d'une dizaine de minutes durant lesquelles Marie dû attendre patiemment qu'on lui explique ce qu'il se passait.

« C'est l'heure de ton adoubement, fragment d'Obsidienne, dit-il, un sourire chaleureux, mais discret, aux lèvres.

- Mon adoubement, répéta-t-elle sans comprendre. Quel adoubement ?

- Tu vas prononcer tes vœux face à l'Obsidienne. »

Sur ces mots, il s'éloigna d'elle, allant se placer au centre du peu d'espace vide qui restait dans le hall de l'édifice. Derrière lui, une gigantesque pierre rouge sang était portée par quatre statues de pierre noire à l'allure inhumaine, un centaure sur la gauche, un purrekos la tenant par le dessous, une créature ailée sur la droite et un géant la surplombant avait ses deux mains posées sur sa surface lisse. Cette scène étrange avait quelque chose d'intimidant, tout semblait démesuré.

« Aujourd'hui, tonna le chef des Obsidiens, nous accueillons un nouveau fragment parmi nous. »

Il se déplaça lentement, tout en fixant l'assemblée.

« Elle récitera ses vœux et vous serez les témoins de son engagement. Puisse Crymnios la bénir.

- Puisse Crymnios la bénir, tonna la salle comme une seule voix. »

Pétrifiée, Marie ne savait plus quoi faire lorsqu'un regard lui intima de s'approcher. Les jambes flasques, elle se dandina jusqu'au centre de la pièce à la suite du jeune homme aux cheveux blancs. Personne ne l'avait prévenue qu'elle aurait tant de choses à faire, ni même qu'elle allait être obligée de se contraindre à tout sans broncher. D'ailleurs était-elle réellement obligée d'accepter ? Mais un seul regard sur l'assemblée de centaines de personnes, sur son chef, et elle sentit son corps rétrécir proportionnellement à son envie de fuir. Énormément.

Quand les choses s'écorçent.Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt