A n'importe quel prix.

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La nuit était noire dehors.

Marie n'entendait presque aucun son alors qu'un noir absolu la submergeait.

Entre rêve et réalité, elle restait aux aguets.

Lorsque le premier bruissement se fit entendre, tout son corps se tendit. Malgré elle, elle illumina la grotte ses veines irradiant en réponse aux battements affolés de son cœur.

Il était là.

Charriant une odeur ferreuse mêlée de boue fraîche.

Ses yeux rouges emplis d'une surprise sombre, il dévoila des canines acérées.

Un rire tonitruant résonnant entre les parois de la grotte encore quelques instants après que l'homme eut cessé de s'esclaffer. Ses pupilles, plus affûtées qu'une lame après avoir été exposées à la lumière vive, ne cessaient de fixer la faelienne.

« N'approchez pas, déclara-t-elle froidement. Je suis une dryade affiliée aux mange-songes, je peux aspirer votre vie entière en un instant. »

L'homme repartit dans un fou rire incontrôlable, il se contint à grand peine avant d'articuler quelques mots qui glacèrent la jeune fille.

« Quel idiot, pouffa-t-il, quel inutile pion. Je vois dans tes yeux la peur qui est la sienne, déclara-t-il froidement, passant d'une émotion à l'autre sans aucun effort. Tu pues la faelienne autant qu'il puait la couardise. »

Une fureur sourde enflait dans le cœur de la dryade, Arcus n'avait jamais su remettre cette immonde goule à sa place. Elle le ferait pour lui, en guise d'expiation, pour avoir volé tout ce qui le constituait.

« Taisez-vous, gronda-t-elle, avant que je n'arrache le moindre souvenir de votre carcasse écœurante. Arcus vous craignait mais il a toujours été loyal, respectez-le comme il se doit.

- Tu te crois toute puissante, enfant ridicule. Si tu ne me tues pas, peut-être aurais-je le temps de te tuer avant. Veux-tu apprendre une chose terrifiante ? »

Méfiante, la faelienne commença à ressentir une forme de peur s'insinuer sournoisement en elle.

« Je me fiche de ce que vous avez à me dire, commença-t-elle avant d'être interrompue.

- Je peux abolir toute réflexion mentale et imprimer un ordre sauvage à mon corps, défiant toute capacité de réflexion. Je pourrais te dévorer vive pendant que tu m'arracherais mes souvenirs, pour autant, mon corps, animé par la faim, ne s'arrêtera pas. J'arracherai ta peau, bouchée par bouchée. Méthodiquement. »

Paralysée, Marie tourna la tête vers sa couverture, au milieu des vivres se trouvait la dague offerte par Balgard à son anniversaire. Elle avait été négligente en pensant que ses pouvoirs la rendaient invulnérable. L'odeur d'hémoglobine semblait s'être renforcée dans l'air ambiant.

« Tu as peur, susurra-t-il, comme seul un prédateur sait le faire. »

Ne songeant plus à rien, seulement à la rapidité, Marie activa ses pouvoirs avec la force d'un ouragan. Éclairant la grotte comme elle ne l'avait jamais été. Pour la première fois, elle déposséda un être vivant de ses souvenirs sans même l'avoir touché.

« Tu as peur, répéta son esprit alors que la goule oublierait ces paroles. Tu as peur. »

Et oui, elle était terrifiée.

Voyant le corps du monstre qui lui faisait face tanguer vers l'avant, adoptant une position incertaine mais clairement immobile, elle soupira de soulagement. Vrai ou pas, il n'avait pas eu le temps de mettre son plan à exécution. S'adossant contre la paroi rocheuse, elle pressa sa main contre son cœur qui tambourinait violemment. Un instant, elle avait eu peur de mourir. Peur qu'il se jette sur elle et lui arrache l'épaule, la gorge ou n'importe quel endroit qui serait passé sous sens dents effilées.

Quand les choses s'écorçent.Where stories live. Discover now