Projette toujours des éclats acérés.

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La peur déformait les traits de Marie alors que le saurien continuait d'avancer, imperturbable, le long des marches de l'escalier menant au grand Cristal. Ses poings avaient beau frapper les jambes du lézard, ce dernier restait insensible à tout. Les cajoleries, les insultes, les suppliques. Rien ne l'avait atteint ni même intéressé. L'immensité de la salle happa la dryade qui se sentit suffoquer alors qu'elle apercevait les yeux glaçants de la femme renard braqués dans sa direction. Le silence, plus lourd que le plomb, submergea la jeune fille qui tenta une nouvelle fois de se libérer de la prise d'acier du gardien, sans succès.

« Pourquoi est-ce que je ne suis pas étonnée, annonça platement la femme vulpine en soupirant. »

Ses sandales de bois claquaient sur le sol au fur et à mesure qu'elle s'approchait.

« Comment ai-je pu nous laisser en arriver là, déclara-t-elle d'un ton ennuyé. J'aurais dû le savoir. »

Maintenant arrivée à la hauteur de la faelienne, la cheffe de garde s'agenouilla en saisissant le menton de celle qui lui faisait face. Ses yeux d'un bleu froid observaient méticuleusement le visage envahi par la peur.

« J'aurais dû réagir bien avant, murmura-t-elle en tapotant presque affectueusement le sommet du crâne de la dryade, sans me soucier des conséquences. »

Les paroles de la kitsune n'avaient aucun sens pour Marie, son attitude également avait tout d'un mystère. Chris ne revenait toujours pas à lui et la dryade suintait la terreur par tous les pores de sa peau. Il n'était pas difficile d'imaginer comment on la percevrait. Un élément perturbateur dont il était impossible d'effacer la mémoire. Objectivement, en oubliant qu'elle parlait de sa propre personne, il était évident que la garder en vie était un risque. La renarde se redressa lentement, commençant à faire quelques pas en direction du Cristal, les bras croisés contre son dos.

« Tu sais Marie, j'ai longtemps espéré que quelque chose de ce genre se produise. Mais je n'éprouve pourtant que bien peu de satisfaction. C'est étrange. »

Se retournant lentement vers le saurien et sa captive, ses mots tombèrent comme des couperets.

« Laisse-nous. »

Paniquée à l'idée d'être isolée avec l'étincelante en chef, la jeune fille tenta de fuir une ultime fois avant d'être remise à genoux de force. Le lézard ne la regardait même pas alors que sa poigne meurtrissait son corps. Des doigts fins virent se suppléer à la main écailleuse.

« Ne bouge pas, susurra la renarde. C'est inutile et contre ton intérêt. »

Elle n'avait nulle part où s'enfuir, était-ce réellement la fin ? Hurlant une dernière fois le nom du gardien dans l'espoir qu'il se retourne, elle ne vit que sa silhouette disparaître dans la pénombre des escaliers. Des larmes brûlantes envahissaient ses yeux, traçant de longs sillons sur ses joues glacées.

« Sais-tu qui je suis ? demanda la femme vulpine d'un ton amusé. »

Prenant sur elle-même pour fournir une réponse, la faelienne laissa échapper un son étouffé.

« Oui.

- Non, je pense que tu ne le sais pas. Regarde mieux. »

Relevant les yeux avec lenteur, son interlocuteur n'avait plus rien d'une femme. A vrai dire, il n'avait plus l'air humain, ni même de faery. Un corps lisse et gris, sans aucune aspérité, se tenait devant elle. Si la créature possédait bien une bouche pour s'exprimer lorsqu'il le fallait, cette dernière disparaissait lorsqu'elle ne servait plus. Pas d'yeux, pas d'oreilles, rien qui indique un quelconque point de repère. Seulement une masse grise humanoïde.

Quand les choses s'écorçent.حيث تعيش القصص. اكتشف الآن