Où la lumière brille.

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Seul le Purrekos connaissait l'emplacement exact de la forêt, aussi, ils décidèrent d'un commun accord de rebrousser chemin une journée pour brouiller les pistes avant de continuer dans la bonne direction. La nuit serait leur alliée pour encore de nombreuses heures. Dès que cette dernière toucherait à sa fin, le duo se dissimulerait jusqu'à la nuit suivante. La vision nocturne du félin était excellente, ce qui faisait de lui un guide hors pair. Ils se déplaçaient furtivement sans jamais être surpris par un creux ou une bosse. La jeune fille se demanda même un instant si le chat usait d'une quelconque magie, mais leurs pas les emmenèrent toujours plus loin et cette pensée se dilua dans les ombres nocturnes.

Marie ne ressentait aucun remord à l'idée d'abandonner les gardiens au beau milieu de nulle part. Au contraire, fatiguée de leurs non-dits et de leur mépris de son avis ; s'éloigner semblait être la meilleure solution pour tous. Lorsqu'elle aurait sauvé cette forêt, sa quête se poursuivrait jusqu'à retourner dans son monde. Écorce ou pas, son père voudrait bien d'elle. Il le fallait, qu'une place lui soit encore réservée dans ce monde qui était le sien. Mais lorsque la jeune fille imagina le visage de sa meilleure amie si elle pouvait voir son apparence actuelle, une voix lui murmura que rien n'irait pour le mieux. Et sa belle-mère, appellerait-elle la police pour la faire enfermer ? Jamais cette femme ne l'avait acceptée en tant qu'humaine alors pourquoi tolérer un monstre.

Ce qu'il fallait que la dryade demande à son arbre, c'était le moyen de reprendre apparence humaine.

La première marche pour atteindre son objectif.

« Ton visage est effrayant, mon chaton. »

Sans doute devait-il l'être mais cette préoccupation ne semblait pas prioritaire dans sa liste de problèmes à résoudre. Le félin bailla oisivement avant de réajuster la couverture ensevelie de feuilles mortes au-dessus de leurs têtes.

« J'avoue être vraiment agréablement surpris par notre séparation avec cette unité de gardiens. Mais, puis-je demander ce qui a motivé ce choix ? La mort de l'arbre sans doute, ou bien est-ce plus que ça peut-être ? »

Même si le marchand semblait décontracté, jouant avec ses griffes d'un air nonchalant, la dryade pouvait sentir son regard la scruter intensément en quête d'informations. D'une certaine manière, ils étaient similaires. Aucun des deux n'aimait les vérités dissimulées. Sans doute car ces dernières pouvaient masquer un danger inattendu.

« Je ne veux pas qu'on tue mon arbre. Je ne peux plus leur faire confiance, à aucun d'entre eux.

- Mais encore ? »

Le félin savait instinctivement que ce n'était pas tout.

« Je vais faire quelque chose que la garde d'Eel désapprouvera. Je veux retourner dans mon monde quoi qu'ils en disent tous et peu importe la difficulté. »

Les pattes du matou gris se stoppèrent dans leur jeu. Le regard qu'il lui lança était navré.

« Tu sais mieux que quiconque que je ne suis pas de leur côté, mon chaton. Pourtant, je ne peux que penser que c'est la seule chose sur laquelle personne ne te ment. Tu ne pourras pas rentrer chez toi, même avec tous les efforts du monde, pas sans devenir une calamité, et tu seras tuée bien avant ça.

- Alors, je mourrais.

- Tu dis ça par ce que ton humeur est instable. Ce n'est pas parcequ'Eel est un endroit où il ne fait pas bon vivre pour toi que le reste du monde sera aussi inhospitalier.

- Tu ne comprends pas, s'entêta-t-elle. Je ne m'attacherais à rien de susceptible de me retenir ici. Alors quel genre de vie est-ce que je vais vivre ? »

Quand les choses s'écorçent.Where stories live. Discover now