Qui s'amoncellent un peu trop.

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Marie n'avait pas souhaité poursuivre sa discussion avec la fée. Cette dernière n'avait pas l'air très saine d'esprit. Sa façon de se reprendre aussi rapidement après avoir parlé d'un sujet qui aurait dû la toucher durablement, ou, tout du moins, la laisser pensive, perturbait la dryade. Seulement, il ne lui restait plus que deux choix et aucun des convives restants ne lui donnait envie de se lancer dans une conversation. L'homme bouc avait tout l'air d'être à Eldarya depuis bien trop longtemps pour avoir envie d'en partir. Sans compter qu'il avait une compagne, ce qui finissait d'entériner l'idée que cet endroit était devenu son foyer. Quant au jeune homme aux yeux charbon, s'il était arrivé à Eldarya au début de son adolescence, il y avait de fortes chances qu'il soit bien intégré lui aussi. Retournant aux côtés du lézard, la jeune fille sirota un verre de jus sucré.

« On dirait que la plupart sont là depuis un bon bout de temps.

- Plus longtemps que toi, oui. »

Marie ruminait. Les alliés que son cœur avait tant espérés ne se trouvaient vraisemblablement pas chez les terrestres. Il y avait fort à parier que les deux éléments manquants seraient tous aussi décevants. Sans même parler de quitter ce monde féérique, trouver du soutien dans sa quête de vérité l'aurait galvanisée. Et alors que la faelienne n'avait rien demandé, toute occupée à ses pensées, c'est l'homme bouc qui était venu la trouver, accompagné de sa femme. Réajustant son veston et son le nœud papillon rouge autour de son cou, il bomba le torse pour paraître plus imposant.

« Marie, j'espère que cette petite fête te satisfait. Sache que si jamais tu as besoin de quoique ce soit, tu peux venir me trouver et je me ferais une joie de faire mon possible pour toi. »

Son grand sourire semblait sincère mais le vieil homme savait-il seulement ce que ce genre de promesse impliquait ? Marie en doutait.

« Tu es une dryade, n'est-ce pas ? déclara une voix douce, quoiqu'un peu éraillée.

- Oui. Et vous, vous êtes ? »

Recoiffant sa chevelure végétale, la nymphe répondit avec entrain.

« Je suis une héléade.

- Une quoi ? »

Amusée par la méconnaissance de sa cousine éloignée, la doyenne prit le temps de développer.

« Si toi tu es une nymphe des arbres, pour ma part, j'en suis une des marais. S'ils ne discutent pas aussi distinctement que les arbres, les marécages sont tout de même très expressifs et je peux entrer en lien avec eux.

- Vous parlez aux marais mais à quoi exactement ? Les animaux ou bien les végétaux ?

- Disons que c'est plutôt comme une impression globale. Parfois les marais m'envoient des images, à d'autres moments ce sont leurs sentiments qui me traversent.

- Vous devez aussi passer des pactes ? »

Hochant la tête d'un air entendu, l'hôtesse de la fête confirma que cette formalité était commune à toutes les nymphes. Peu importait le milieu qu'elles devaient occuper, les nymphes devaient toujours se lier car protéger et servir était l'essence de leur espèce.

« Mais vous ne vivez pas dans un marais.

- Pas plus que tu ne vis dans une forêt. Notre espèce a évolué, très peu de nymphes sont enchainées aux endroits qu'elles doivent défendre. Notre sang n'est plus assez pur pour que nous puissions fusionner avec notre environnement, nous avons besoin de nous nourrir et de nous abriter. Nos milieux naturels l'ont très bien compris et se contentent de nous appeler à distance s'ils ressentent le besoin de notre présence.

Quand les choses s'écorçent.Waar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu