Dont le feuillage cache bien plus qu'on pourrait le penser.

54 12 0
                                    

Recroquevillée sur elle-même, Marie n'osait plus bouger. Elle essayait de ne penser à rien, se martelant simplement que tout allait bien aller, encore et encore. Le cristal lumineux était douloureux dans sa main à force qu'elle le serre de façon compulsive. Ses lèvres pincées restaient obstinément collées l'une à l'autre. La lumière dorée qui nimbait sa cachette devenait insupportable, elle l'illuminait toute entière alors que la faelienne ne souhaitait plus que disparaître pour rester en sécurité.

« Sœur dryade. »

La voix de l'arbre était lointaine. Son timbre semblait presque surnaturel.

« Si tu le souhaites, personne ne te trouvera ici. »

Entrouvrant un œil, la jeune fille acquiesça mollement de la tête alors que les mots s'échappaient tels des murmures.

« Je ne veux pas qu'on me trouve. »

L'arbre ne répondit rien mais les feuilles s'agitèrent pour se resserrer les unes contre les autres ; jusqu'à ce que la lumière disparaisse totalement. Seule la pierre verte permettait à la dryade de voir aux alentours. Envahie par la fatigue liée à ses émotions, elle s'allongea sur les feuilles au sol pour fermer les yeux. La sensation contre sa joue était fraîche et rassurante.

Un arbre majestueux se tenait devant-elle, son tronc d'un blanc spectral et translucide. Il était impossible de ne pas le reconnaître. Des veinules, au vert plus pâle que jamais, serpentaient au travers de lui. Elles étaient semblables à celles qui étaient apparues sur ses épaules sans crier gare. Un détail chagrinait la jeune fille mais impossible de mettre le doigt dessus. Il ne s'agissait pas des couleurs ternes, c'était autre chose. Puis enfin, le lien se fit dans son esprit. Ses longues branches étaient nues, plus aucune boule duveteuse ne s'y trouvait, voilà ce qui manquait. Il semblait sur le point de lui dire quelque chose, mais elle n'entendait rien.

Rouvrant les yeux dans la pénombre la plus totale, elle chercha sa pierre à tâtons. Sitôt que sa peau entra en contact avec le minéral, ce dernier flamboya sans attendre. Nauséeuse, Marie inspira profondément pour dissiper son trouble.

« Es-tu reposée, sœur dryade ? »

Surprise que l'arbre lui adresse de nouveau la parole, car il s'agissait bien d'une seule voix et non pas d'un ensemble, elle répondit par l'affirmative.

« Pourquoi tant de crainte à l'idée de rencontrer ta forêt, sœur dryade ?

- Sans doute parce que je ne sais pas à quoi m'attendre. Je ne sais même pas si j'ai envie d'y aller. »

La faelienne aurait presque pu jurer sentir le tronc de l'arbre émettre un bruit proche du soupir mais sa tête lui semblait lourde et il lui était difficile de réfléchir.

« Nous sommes très anciens mais nous n'avons pas la chance d'avoir une sœur à nos côtés. S'il te parait si difficile de te lier à ta forêt originelle, nous voulons bien devenir celle-ci. »

Crispée, la jeune fille commença à comprendre sur quel chemin escarpé l'arbre était en train de l'emmener. Mais à vrai dire, elle ne savait pas si c'était une bonne ou une mauvaise chose. Cette forêt-ci semblait paisible et calme, malgré quelques bandes de malfrats. L'esprit des arbres paraissait serein. Cependant, pouvait-elle réellement choisir d'abandonner une forêt qui l'appelait désespérément au profit d'une autre ? La forêt dorée ne semblait pas avoir besoin de protection, n'était-ce pas là par vanité que l'arbre souhaitait la garder ?

« Je ne pense pas pouvoir rester. Vous n'avez pas besoin de mon aide.

- Tu devrais prendre encore un peu de repos avant de me donner ta réponse, sœur dryade. »

Quand les choses s'écorçent.Where stories live. Discover now