90 - Prendre du recul

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J'aimerais savoir comment dire, trouver les mots appropriés, les mots exacts, et en être sûre. Mais voilà, je ne suis plus sûre de rien.

Je n'arrive pas à regarder au fond de moi-même, sans doute que je n'en ai pas vraiment envie au fond. Et si au final je me rendais compte que tout ça ne menait à rien, que ce n'était qu'une belle illusion, et qu'aujourd'hui je voyais ça différemment. Si c'était de ça dont j'avais peur, de la vérité.

J'ai toujours été plutôt douée pour écrire, ouais, ça raconter des histoires c'est pas ce qu'il y a de plus dur, les mots viennent sans soucis. Alors pourquoi n'est-ce pas pareil en vrai ? Pourquoi les mots semblent s'être égarés en cours de route ? Pourquoi ils me laissent alors là comme une imbécile, la bouche entrouverte, ne sachant que dire ?

C'est tellement plus simple de se taire et d'ignorer ce qu'on ressent, de faire comme si de rien n'était. Mais je n'en peux plus de prendre sur moi et de faire comme si tout allait bien, de faire comme si je n'avais rien à redire.

Mais où puis-je me permettre de déverser ce flot de sentiments ? Où puis-je être sûre de me confier sans que derrière tu m'incendies sous tes paroles en pleurs, sous tes mots qui résonnent en moi comme des reproches. Ne comprends tu pas que je culpabilise assez comme ça ?

Tu me lis, je ne sais pas si ça me dérange ou si ça m'arrange. Je ne sais plus ce que j'ai le droit de dire, chacune de mes paroles semblent être un gros mot, quelque chose qui jamais n'aurait du effleurer ma pensée. Mais j'ai besoin de parler, de dire, et non, pas à toi, tu ne comprends jamais. Je m'exprime peut-être mal, mais je n'ai pas besoin de quelqu'un à qui je dois tout expliquer dans les moindres détails, j'ai besoin de quelqu'un qui me comprenne en un seul regard, en un seul message.

J'ai souvent pensé qu'en écrivant ici tu saurais mieux comment lire en moi, comment mieux me comprendre, mais apparemment ça n'a servi à rien. C'est comme si je n'avais jamais posé ces mots ici, comme si rien n'avait existé.

Il y a certains sujets qui m'empoignent violemment, mais je n'ose pas les aborder, je ne sais pas comment faire. J'ai peur de tout exagérer, de mettre les choses trop à mon image, mon point de vu, que ce soit trop, trop.

J'ai peur de te faire mal, plus encore que je ne l'ai déjà fait. J'ai peur de tes réactions, je ne peux rien dire.

Je ne sais pas ce que tu penses, je ne sais rien du tout. Je ne sais pas comment tu ressens les choses, je ne sais pas.

Mais, notre relation, c'est trop, ou pas assez, je ne sais pas vraiment. Ce n'est pas ce que je veux, ce n'est pas ce que je recherchais, ce n'est pas ce que je voulais ou imaginais.

Il y a 3 trois ans, je ne suis pas certaine que j'étais sûre de savoir dans quoi je m'embarquais. Tu sais, je n'avais que 14 ans, ma façon de voir les choses, de les ressentir a changé. J'avais l'impression de te connaître depuis toujours, c'était fou comme sensation, et aujourd'hui j'ai l'impression de ne plus savoir qui tu es. Je sais que je m'éloigne, mais peut-être que j'en ai besoin, je ne sais pas.

Tu dis que tu ferais tout pour moi, pour ne pas me perdre, mais arrête, c'est totalement faux. Si je décidais de tout arrêter tu ne lèverais même pas le petit doigt. Puis même si je te demande un truc, même le plus simple qui soit, tu ne serais même pas capable de le faire.

Tu as l'air de penser que c'est bon, que je suis à toi et que tu n'as plus rien à faire, que je suis acquise et que t'as plus à te soucier de certaines choses. Mais je ne suis pas à toi, je ne t'appartiens pas, je ne suis pas ta chose.

Je voudrais t'oublier, que tu ne fasses plus partie de ma vie, qu'il n'y ait jamais rien eu. Parce que je voudrais arrêter de souffrir un peu plus chaque jour. C'est égoïste ? Eh bien tant pis, pour une fois je vais penser à moi, à ce que moi je veux, à ce que je ressens. 

Ma vie en émotionsWhere stories live. Discover now