Ma vie en émotions

48 - Des pensées, dans le couloir.

Assise dans le couloir, presque dans le noir. Mon cours d'S.V.T. sur les genoux. Oui, j'ai un contrôle aujourd'hui... Je n'ai pas grand chose à dire de plus. Il ne me parle pas.

Il n'y a pas si longtemps il m'appelait le matin, pendant mes heures d'études. C'était un réel bonheur d'entendre sa voix.

Maintenant il ne peut plus, ses parents sont rentrés. Et je comprends, moi non plus je n'aime pas quand j'ai l'impression qu'on peut m'entendre parler, comme si on écoutait la conversation. Mais... ça va me manquer. D'ailleurs ça me manque.

J'aimerais lui parler ce soir. Mais je suis sûre que je vais être trop fatiguée, encore une fois. Le week-end dernier on n'a pas parlé et on ne s'est pas vu en cam. Si j'avais fait un tout petit effort pour rester éveillée.

Pendant la journée je me dis que, oui je ne peux. Que je serais là ce soir. Mais, le soir venu je tiens à peine debout, je n'ai qu'une envie : dormir.

Le lendemain je me réveille avec des messages et des appels manqués. Je n'étais pas là. Ce soir, je ne serais pas là. Enfin, je ne sais pas.

Tous les matins c'est pareil. Quand j'arrive dans le bus et que je lui envoie un message pour lui dire bonjour. La même et éternelle phrase, tous les jours : "Bonjour mon chéri."

Je n'ai pas d'idée de surnoms. Je ne sais pas quoi dire d'autre. Il ne se passe rien. Et alors je range mon téléphone, et attend, regardant le paysage, somnolent un peu. Quel ennui !

Je ne sais pas quand il va me répondre. N'importe quand.

Depuis que j'ai repris les cours, j'ai l'impression de ne plus lui parler. Quand je rentre, j'ai des devoirs, et quand je n'ai rien à faire je ne sais pas quoi lui dire. Et quand je suis au lycée, quand j'ai étude il n'est pas forcément là. C'est toujours pareil. On a plus rien à se dire apparemment.

L'étape suivante maintenant serait... se voir. Mais ça... Je crois que ce ne sera pas avant longtemps. Je suis en train de m'enfermer dans une routine et je ne vois pas comment changer ça.

Je ne sais pas ce qu'il pense. S'il pense les mêmes choses que moi. Je ne sais pas, je ne sais plus. C'est trop compliqué.

Je me répète. Mais en même temps qui dit "routine" dit "répétitions".

En fait c'est tout simplement horrible.

La distance.

Mais comment ? Pourquoi ?

J'en ai juste marre.

Lui aussi trouve ça dur. Mais il dit qu'il imagine et que ça atténue un peu. Mais imaginer ne suffit pas. Parce qu'on a beau imaginer, on n'a pas la possibilité de toucher ou de voir vraiment. Imaginer. C'est se voiler la face en essayant d'oublier cette réalité.