Gabriel (Chapitre 27)

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Je dévisage la jeune fille qui vient de nous dire bonjour. C'est une adolescente aux longs cheveux noirs, élégante avec une pointe d'impertinence au fond de ses yeux.

Elle porte un pull noir aux manches évasées et un fin pantalon intégralement blanc. Chaussées de bottines, un fin collier assortit à deux petites boucles d'oreilles en rubis, elle paraît tout droit sortie d'un magazine de mode. Azylis se décide lentement à répondre.

-Bonjour à toi aussi...

-Vous voulez être certaine que je suis bien celle que vous attendez ? Je m'appelle Edmée et c'est Acalin qui m'envoie... Ça vous suffit ?

J'esquisse un sourire un peu froid. J'ai vraiment du mal à me sentir un minimum heureux d'être enfin de retour chez moi. Trop de choses me bouleversent et me déchirent.

-Et si cela ne nous suffit pas ?

-C'est du pareil au même... Je vous laisse ici et tant pis pour votre fille qui vous attend à l'hôpital... Ça vous va ?

J'échange un bref coup d'œil avec Azylis. Au fond, aucun de nous n'a la prudence qui devrait nous être nécessaire. Dès le début, nous savions bien tous les deux que nous allions la suivre...

-Ok Edmée... Ou est ton aéronef ?

Un léger sourire presque narquois affleure sur ses lèvres et elle part d'une démarche théâtrale en lançant :

-Juste là, derrière ce petit bouquet d'arbres... Suivez-moi...!

Je pousse un léger soupir, déjà exaspéré, et me décide à suivre Azylis qui lui a déjà emboîté le pas.

Lorsque j'arrive deux mètres plus loin, effectivement après avoir contourné les trois arbres, j'aperçois un petit aéronef à trois places. Edmée est déjà assise à l'avant tandis qu'Azylis grimpe sur le premier siège arrière.

J'accélère très légèrement le pas et les rejoint avant de grimper moi aussi à bord. Je sens alors l'inquiétude me saisir en voyant soudainement Edmée enfiler un casque par dessus sa tête avant de démarrer l'engin.

Elle tourne ensuite la tête vers nous avec un petit sourire en coin.

-Dis donc les nouveaux... Vous aimez les acrobaties en plein air ?

Et elle démarre sans crier gare. Acrobaties ? Personnellement, j'appellerai plutôt ça un suicide collectif...!

Alors que je laisse échapper un hurlement de frayeur quand j'ai pour la dixième fois en quelques minutes la tête en bas et que nous plongeons en piqué vers le sol à une vitesse hallucinante, Azylis crie de joie de concert avec Edmée.

Lorsque nous nous redressons, elle me lance un regard brillant d'excitation.

-C'est encore mieux que les montagnes russes, non ?...

J'ai toujours détesté les émotions fortes. Mon dieu, mais elle a le permis de conduire celle-là ? Alors que le vent manque de me faire pleurer en venant se briser sur mon visage, je maudis l'aéronef d'être décapotable. Et la fille qui nous sert de guide...

Une pensée sinistre se fait une petite place dans mon cerveau. Heureusement que nous allons vers un hôpital, comme ça, on aura de quoi nous soigner là-bas... Car je ne vois vraiment pas comment nous pourrions atterrir en un seul morceau... A moins d'un miracle !

Intemporel T3 & 4Where stories live. Discover now