Intemporel T3 & 4

Azylis (Chapitre 176)

1 mois plus tard.

Cent-troisième étage d'une tour du centre-ville d'Ivy. Je me remémore cette information pensivement en jetant un léger coup d'œil par la fenêtre.

-Acalin, vous êtes certain de votre décision ?

Mes doigts s'agitent sur la table à côté de moi tandis que je ne peux m'empêcher de me mordiller les lèvres. Acalin, tranquillement assis au fond d'un fauteuil confortable en face de moi, acquiesce lentement.

-Oui princesse. Cela me désole d'abandonner maintenant le combat mais...

J'esquisse un léger sourire en coin.

-Mais votre nouvelle femme ne veut accepter de se marier avec vous qu'à la condition que vous cessiez de m'aider...

Acalin se lève d'un bond et pâlit légèrement :

-Princesse je...

Déjà debout moi aussi, je pose ma main sur son épaule et m'empresse de le rassurer.

-Acalin, je ne vous ai jamais vu aussi heureux depuis longtemps... Je ne crois pas que vous deviez passer le restant de votre vie à vous tourmenter sur la mort d'Edmée. Alors, ne vous inquiétez pas et pensez plutôt à votre nouvelle famille...

Il s'incline devant moi sans répondre, tandis que le rythme de mes doigts tapant sur la table s'accélère. Je n'ai toujours pas l'habitude d'être considérée comme princesse et la douleur dans mon cœur m'envahit inlassablement lorsque l'on me le rappelle.

Acalin se redresse, hésite, puis tourne les talons. Une fois sur le seuil de la porte, il se retourne pourtant et nous échangeons un long regard.

-Princesse... J'espère que vous aussi vous retrouverez le bonheur.

Mes doigts s'immobilisent tandis que je mobilise chacun des muscles de mon visage pour rester impassible.

-Je... Je ne crois pas que cela soit un jour possible Acalin.

Il ne répond rien mais se contente d'esquisser un fin sourire avant de refermer la porte. Lorsque je suis enfin seule dans la grande salle du conseil, je me laisse tomber sur l'une des chaises. Un tremblement agite ma lèvre inférieure et je pose mon visage dans mes bras croisés sur la grande table, tentant malgré moi de retrouver mon calme. Depuis des jours, j'ai l'impression de faire un effort à chaque minute, chaque seconde qui passe pour paraître impassible. Mais non, jamais je ne retrouverai le bonheur que j'ai eu la chance de connaître...

J'étouffe un sanglot qui m'échappe et murmure entre mes dents serrées en redressant petit à petit la tête :

-Gabriel...

Face à moi, les grandes baies vitrées apportent un éclairage naturel très agréable à la pièce et un rayon de soleil qui se glisse jusqu'à moi semble vouloir me redonner le sourire.

Parfaitement immobile, seule dans le silence qui m'entoure, je ne sursaute même pas en entendant derrière moi la porte s'ouvrir violemment.

-Azylis, ça va aujourd'hui ?

-Pas plus mal qu'hier Christian...

J'inspire fortement pour lui cacher mon trouble et me retourne pour lui faire face sans pour autant me lever. Il referme la porte et je vois ses yeux s'attarder quelques secondes sur mon regard trop brillant et mes joues colorées. Difficile de lui cacher quelque chose... Mais il ne fait aucun commentaire et vient s'assoir en face de moi en tirant à lui l'une des chaises à haut dossier.

-Je viens de voir Acalin... En clair, il présente sa démission pas vrai ?

L'esprit un peu ailleurs, j'acquiesce cependant avant d'ajouter :