Gabriel (Chapitre 29)

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Chapitre dédié à claire_drc  et DemoiselleRafi Merci beaucoup à toutes les deux !;)

Je relève la tête et plante des yeux aux accents métalliques sur Acalin. Je déteste que l'on souligne mes faiblesses.

-Votre aide, je déciderai plus tard si j'en ai besoin ou non. J'aimerai maintenant que vous me parliez de l'autre groupe de révoltés.

Au fond, je m'attends déjà à ce qu'il va me révéler. Acalin reprend d'une voix neutre, essuyant l'affront que je viens de lui faire en lui parlant avec mépris.

-L'autre groupe, comme vous dites, est composé de la majorité du pays. Vos parents avaient apportés avec eux un air de renouveau bienvenu... Ils avaient parlé de république...

Je me lève d'un bond de mon siège. Je jurerai qu'Azylis ne me regarde pas mais je n'ai pas envie de croiser ses yeux. Les miens se fixent sur les carreaux de la fenêtre sans les voir. Je réponds d'une voix sourde.

-Une république... Voyez vous même où cela les a mené.

-Justement, certains pensent que nous n'avons plus une famille royale à la hauteur. Avouez que vous et votre soeur avez fait fort en la matière... Certains parlent d'une famille d'assassins...

Acalin perd son calme de façade. Lui aussi s'est levé et nous fixons tous deux les carreaux de la fenêtre côte à côte. Je murmure entre mes dents.

-Vous espérez que je vais vous pardonner ça ?

-Non, mais nous n'avons pas besoin de nous apprécier pour travailler ensemble à un même but.

Je me tourne carrément vers lui, plantant mes yeux bleus dans les siens. J'ai réussi à retrouver mon sang froid et mon superbe visage impénétrable.

-Vous voudriez remettre sur le trône un homme que vous détesteriez ? Cela paraît légèrement... Compromis.

-Je ne vous déteste pas. Vous m'avez juste énervé. Mais nous ne nous connaissons pas encore.

J'esquisse un sourire un peu froid.

-Je suis obligé d'admettre que vous avez raison. Nous ne nous connaissons pas. Pour reprendre notre conversation là où nous l'avions laissée, qui est le chef du second groupe ?

Acalin se détend légèrement et répond avec franchise.

-Je ne sais pas exactement. Il n'utilise qu'un prénom. Je sais en revanche qu'il est extrêmement jeune. Enfin, votre âge.

Il réussit à m'arracher un sourire amusé. Nous n'avons jamais qu'une dizaine d'années d'écart.

-Et quel est ce prénom ?

-Christian.

Je retiens de justesse un geste de surprise. Il n'y a qu'une chance sur mille que ce soit le Christian que je connais. Mais je ne crois pas au hasard. Christian, je l'ai rencontré dans les maquis. Et il vouait une haine presque totale à la monarchie et aux princes... Se pourrait-il que ce soit lui ce fameux chef ?

Dans ce cas-là, mes affaires deviennent sacrément compliquées... Lorsque je me tourne vers Acalin, je reprends la parole un peu plus calmement. Je vais bien devoir le reconnaître un jour ou l'autre : vu le tour que prennent les choses, j'ai effectivement besoin de son aide.

-Acalin, si j'accepte de me joindre à vous... M'accorderez vous réellement cette place de chef ?

Une étincelle nouvelle s'allume dans ses yeux. Le respect.

-Je comprends votre inquiétude. Et, oui, vous avez ma parole.

-Bien, alors pourriez vous nous laisser quelques minutes en tête à tête ? Je voudrai discuter avec Azylis.

-Très bien, je comprends parfaitement.

Il s'éloigne de quelques pas et s'approche d'Edmée. J'entends d'ici la réponse de sa fille.

-Je fais ce que je veux. Et pour le moment, je n'ai pas envie de sortir de cette pièce.

Le ton d'Acalin monte de deux décibels tandis que sa voix prend des accents menaçants.

-Edmée...

Elle hausse tranquillement les épaules et esquisse un sourire ironique avant de se diriger vers la porte.

-Ça y est, je me suis décidée, je suis d'accord pour sortir.

La porte se referme sur elle et Acalin échange avec nous un regard désolé.

-Excusez la... J'ai souvent l'impression d'avoir raté un point fondamental de son éducation. Bon, je vous laisse discuter, je reviens dans une dizaine de minutes pour connaître votre décision.

Lorsque la porte claque une deuxième fois, Azylis et moi nous rasseyons dans deux fauteuils face à face. Elle prend rapidement la parole, brisant le soudain silence.

-Notre décision à propos de quoi ?

Je secoue la tête d'un air désabusé. Au fond, avons nous vraiment un choix quelconque ?

-Notre décision à propos de notre engagement. Dans la révolte.

Azylis garde quelques minutes le silence avant de lentement me demander :

-Que veux tu faire toi ?

-Je ne sais pas. Je lui ai juste dit que si je le rejoignais ce serait en tant que chef et rien d'autre.

-Ouh, ça n'a pas dû être facile à digérer... Qu'est ce que vous avez dit d'autre ?

-J'ai surtout appris qu'il y avait deux camps de révoltés. Un pour moi et l'autre pour la république. Et le chef des républicains et un certain Christian...

-Ça a l'air de te faire quelque chose... Tu penses le connaître ?

-Non, ce serait vraiment un drôle de coup du sort... Mais j'en connaissais un dans le maquis...

Azylis secoue la tête et avance la main comme pour mieux analyser la situation.

-De toute façon, ce n'est pas notre principal soucis pour le moment. Je veux connaître tes motivations. En venant dans cette époque, qu'est ce que tu voulais au juste ?

La question me traverse tandis que je fronce lentement les sourcils.

-Faire mon devoir je crois...

-Bien, alors on va procéder par étapes. Qu'est ce que c'est ton devoir pour toi ?

-Venger mes parents et sauver la monarchie...

Azylis relève la tête et fixe ses yeux dans les miens sans bouger d'un cil. Elle résume à haute voix la pensée qui s'impose également à moi au même moment.

-Alors, tu es venu combattre Edilyn. Et chercher à retrouver ta place. Dans ce cas-là, nous devons participer à cette révolution...

-Mais toi Azylis ? Qu'est ce que tu en penses ?

-Je suis d'accord avec toi et je te soutiendrai. On a besoin l'un de l'autre...

Nous échangeons un sourire franc et chaleureux. Je me lève pour la prendre dans mes bras lorsque la porte du salon s'ouvre à toute volée.

-Gabriel, Azylis !...

Je me tourne vers Edmée et croise son regard terrifié.

-Que se passe t-il ?...

La réponse nous glace d'effroi et d'incompréhension.

-L'hôpital est attaqué !...

Intemporel T3 & 4Where stories live. Discover now