Chapitre 24 : Atmosphère tendue

4.3K 523 83
                                    

— Tu n'as qu'à lui dire, c'est toi son meilleur ami !

— Pourquoi toujours moi ? Vous avez toujours été inséparables depuis que vous vous êtes rencontrés, donc tu peux lui dire !

— Nolan !

— Quoi ? Il est d'une humeur de chien, je ne veux pas aller lui parler. Tu pourras lui dire quand tu lui apporteras ses repas.

Je serrais des poings, furieuse, face à Nolan. Puis un sourire traversa son visage et il éclata de rire, avant que je ne l'imite. On n'arrivait même pas à être sérieux pendant que nous nous disputions. On en était ridicules.

— Bon, on va devoir y aller tous les deux, finit-il par annoncer pour mettre tout le monde d'accord.

— Oui, je crois que c'est la meilleure des solutions.

Nous commençâmes donc tous les deux à entrer dans le bâtiment de béton qui nous servait de dortoirs. Je regardais Nolan, qui pinçait ses lèvres. Il n'avait aucune envie d'annoncer à un Kai grincheux notre problème. 

En effet, cela faisait environ une semaine et demie que Kai était blessé. Derek lui avait interdit toute activité, y compris donc de monter à cheval. Mais on avait très vite appris à nos dépens, que si Kai ne pouvait pas monter à cheval ou avoir une certaine liberté, il était d'une humeur de chien. Enfin, même pire. Derek répétait que c'était parce qu'il n'avait pas l'habitude, il avait toujours été libre et faisait tout ce qu'il voulait. Se retrouver avec des entraves était une première pour lui, qu'il peinait à digérer. 

Essentiellement, il nous demandait une centaine de fois par jour quand est-ce qu'il pourrait enfin sortir, en nous affirmant qu'il était dans une forme olympique. Souvent, au bout de la dixième demande en quelques minutes, Derek ronchonnait. Et si ce dernier était de mauvaise humeur, toute personne qui croisait son chemin passait par la suite une journée pourrie. Voilà donc à quoi rimait la vie au camp depuis quelques temps.

C'est vrai que Kai ne se portait pas trop mal, mais Derek avait strictement prescrit deux semaines de repos complet. Derek était à cheval sur les règles, et en cas de désobéissance, il savait remettre quelqu'un à sa place. Ça marchait, puisque personne n'osait aller à l'encontre de ses ordres. Les seules fois où Kai avait pu se lever étaient pour partir avec Nolan se laver à la cascade Havasu, mais il nous avait au préalable cassé les pieds pendant deux jours, puis Derek avait accepté qu'il garde un peu d'hygiène.

Kai se plaignait que le temps était long, tout seul, mais tous les membres du camp venaient lui rendre visite pour le divertir un peu dans sa guérison. Karin était même très investie dans cette tâche et lui rendait visite plusieurs fois par jour. Ô joie ! 

Katie faisait même pour notre blessé plein de petits plats supplémentaires qu'elle lui apportait tout au long de la journée. Ça, en revanche, réjouissait moyennement Kai. Mais cela partait d'une bonne intention de notre chef des cuisines.

Nolan et moi entrâmes donc dans la chambre de Kai, après l'avoir déverrouillée. Oui, parce que notre blessé avait essayé de partir de celle-ci dans ses premiers jours de repos. On l'avait retrouvé dans le corral, assis et se tenant le bas de l'abdomen et serrant les dents de douleur, tout en nous affirmant qu'il allait très bien, que c'était juste un petit coup de fatigue. J'étais peut-être une piètre menteuse, mais il m'avait détrônée ce jour-là. Derek avait dû le porter dans sa chambre afin qu'il se repose, même si Kai nous râlait dessus, entêté comme il était car il avait décidé d'aller voir sa jument. Derek avait fini par mettre un vieux verrou sur le côté extérieur de la porte pour que cela n'arrive plus. Kai nous avait fait la tête presque trois jours pour cela. Et il en était toujours rancunier. Mais c'était pour son bien. Ce que je retenais surtout, c'était que c'était touchant de voir Derek aussi investi dans la guérison de Kai. Il s'occupait de lui comme si c'était un de ses enfants. Je comprenais qu'il le considérait tel quel.

ArizonaWhere stories live. Discover now