Chapitre 14 : Deuxième épreuve mortelle

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En début d'après-midi, Kai me demanda de l'accompagner au corral. Il ne m'avait pas parlé de sa matinée. Et je compris qu'il ne le ferait pas. Quand on arriva, Yavapai nous rejoignit au galop, tandis que Tokpa marchait doucement. Kai fronça les sourcils avant de s'approcher d'elle.

— On dirait qu'elle est encore fatiguée d'hier. Elle n'a pas beaucoup d'endurance... Je pense que ce serait mieux qu'elle se repose pour être en forme pour la partie de chasse de demain.

Je venais caresser les naseaux de la jeune jument. Kai connaissait vraiment bien ses bêtes.

— Léane, tu montes ?

Kai était sur Yavapai et me tendait sa main. Étrangement une seconde d'hésitation me parcourut. Monter sur la même monture que lui me rappelait sans doute les péripéties de mon sauvetage ici (le traumatisme de la cascade ne s'effacerait jamais). Mais j'obtempérais. C'était le chef, et c'était toujours mieux d'explorer l'Arizona que frotter les gamelles des hommes du camp. Ses biceps m'aidèrent à me hisser facilement derrière lui. Mes doigts se posèrent sur son torse, me rendant rouge tomate, ce qu'heureusement Kai ne pouvait voir. C'était moins intimidant d'être aussi proche de lui quand il n'était qu'un parfait inconnu (fou). Maintenant, je trouvais ça différent. Il commença à faire avancer sa jument, avant de déclarer :

— Je suis désolé pour ce matin... J'aurais dû te prévenir.

— Ce n'est pas grave.

— Tu mens très mal. Les gars m'ont dit que tu avais demandé où j'étais. Un jour, peut-être que tu sauras. Un jour.

Ah. Ce que je retenais d'abord, c'était que j'apprendrais un jour ce qui le concernait et ma curiosité serait satisfaite. Dans un deuxième temps, je me dis qu'il fallait d'urgence que j'apprenne à mieux mentir.

Il nous amena près d'un canyon, à une bonne heure du camp à dos de cheval. Il laissa sa monture sur une bordure et me guida sur un chemin qui descendait la montagne.

— Pourquoi va-t-on ici ? Nolan a déjà repéré les bisons, non ?

— Oui, et il a aussi repéré un feu de camp fumant dans le canyon, mais ne s'était pas avancé. A mon avis, des nouveaux types ont probablement dormi ici pour la nuit. Il y fait froid. Ils sont peut-être morts, on pourra récupérer leurs vivres. S'ils en avaient.

Ah, passionnant programme ! Je regrettais de l'avoir suivi pour une mission aussi glauque. Mais aussi parce que malgré moi, je détestais l'espace restreint entre les immenses parois de roche dans lesquelles nous déambulions. Beaucoup moins claustrophobe, Kai marchait devant d'un pas dynamique, l'air de rien. Il se retourna alors :

— Hé, tu vas bien ? Tu traînes la patte.

J'essayais de sourire mais je n'étais pas très convaincante. Il décela probablement mon regard qui scrutait anxieusement les murs du canyon.

— Très bien, tout va pour le mieux !

Il m'adressa un petit sourire moqueur. Mon niveau de mensonge était réellement catastrophique.

— Même Derek tire une meilleure tronche devant les mixtures de Katie. Hé, ne t'inquiète pas, on ne risque rien ici. Mais tu aurais dû me dire que tu n'aimais pas les espaces clos. Je t'aurais laissé avec Yavapai. Elle n'aime pas ça nous plus. Ça doit être l'instinct de survie.

Sympathique de savoir que j'avais le même instinct de survie qu'un cheval effrayé de tout dans la nature à cause de sa condition de proie. Vraiment, cet homme savait trouver un mot à tout...

— Je ne savais pas pourquoi on débarquait ici avant que tu ne me traînes jusqu'en bas, lui fis-je remarquer.

— Mhh, après l'épreuve en vaudra sans doute la peine ! J'espère que l'on trouvera des vivres !

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