Chapitre 18 : Retrouvailles accidentelles

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L'homme trembla un instant, puis il se rua vers moi. Ses bras se refermèrent rapidement autour de mon corps.

— Putain, Léane, je n'en reviens pas, tu es là... Vivante...

— Jake... Tu as survécu... Je...

Je n'en revenais pas. J'étais complètement sous le choc. L'homme que j'avais recherché des jours durant était encore vivant, malgré ce que refusait de croire Kai. C'était trop beau. Mais même si j'étais heureuse de le revoir, comme un rêve qui se réalisait enfin, un étrange goût amer se forgea dans ma bouche. Peut-être était-ce dû à ma blessure, où je sentais que dans l'étreinte de Jake, sa cuisse touchait la mienne et ravivait la douleur des chairs à vif.

— Aïe, tu appuies sur ma blessure.

— Putain, désolé, je ne t'avais pas reconnue... Je croyais que c'était un autre type qui volait dans nos pièges...

Jake me lâcha, mais n'enleva pas le contact de sa main sur mon avant-bras.

— Vos pièges ?

— Ouais, les types de mon camp en mettent souvent dans le coin...

— Oh, les gars de mon camp aussi.

En même temps, j'avais dû me fier aux explications géographiques de Nolan, et ce dernier était tellement désorganisé quand il expliquait un chemin que je n'excluais pas l'hypothèse que je me sois trompée et sois allée chercher dans ceux de Jake. Et encore, par chance, j'étais tombée sur lui. Que m'aurait fait un inconnu ? Pas un simple lancer de couteau avant de me prendre dans ses bras.

— Mon dieu, je ne t'ai pas raté... Je suis désolé, sincèrement... Je ne t'avais pas reconnue de dos. Je croyais même que... Non, cela n'a pas d'importance. Laisse-moi soigner ta jambe.

Jake appliqua un peu d'eau à partir de sa gourde sur ma cuisse, enlevant le sang ruisselant sur moi, mais ne changeant rien à l'hémorragie. Il déchira avec son couteau un bout de son T-shirt et me fit avec un bandage, le serrant suffisamment pour essayer de freiner la perte de sang. Un étrange frisson parcourut ma cuisse nue quand ses doigts me frôlaient. C'était étrange. Il y avait encore un peu plus d'un mois, si on avait été au Canada, tout aurait été différent. Et aujourd'hui, si son contact sur moi me faisait frémir, il y avait une étrange rancœur qui était née depuis, qui n'avait pas oublié le premier jour en Arizona.

— Assieds-toi un peu, ne reste pas sur l'appui de ta jambe blessée.

J'écoutais son conseil, alors qu'il s'installait à côté de moi. Un sourire radieux illuminait son visage. J'espérais avoir le même.

— Si tu savais comme je m'en veux de t'avoir laissée partir le premier jour... J'ai été tellement lâche, fit Jake d'une voix pleine de regrets.

— C'est passé maintenant. On oublie, dis-je simplement en baissant les yeux.

— J'étais tellement dévasté à l'idée d'être loin de mes sœurs, de ne plus être là pour assurer leur survie... Je ne dis pas que j'ai accepté cette idée. Elle me tue toujours autant. Mais je me résigne. Il n'y a rien que j'aurais pu faire de plus quand j'ai été catapulté ici.

— Je sais... Je pense à Will, souvent.

— Ouais. T'inquiète pas, on connait tous les deux Will. Il a treize ans mais on dirait qu'il en a seize. Il est mature et débrouillard. Il s'en sortira.

— J'espère.

Ma gorge se serrait, mais je ne voulais pas craquer. Pas devant Jake, où sa situation était pire. Il évitait d'évoquer le cas de ses sœurs, comme il s'en doutait comme moi : leurs chances de survie étaient extrêmement faibles...

ArizonaWhere stories live. Discover now